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    Le royaume latin de Jérusalem - 1099-1291

    Un défi à l’islam

    La première croisade a pour conséquen­ce la création en Orient de quatre Etats latins: le comté d’Edesse, qui succombe dès 1144, la principauté d’Antioche, le comté de Tripoli et enfin, le plus étendu, le royaume de Jérusalem.

    A la prise de la ville en 1099, le chef des croisés, Godefroi de Bouillon, n’ose prendre le titre de roi et se contente de celui d’avoué du Saint-Sépulcre. Mais, à sa mort, un an plus tard, son frère Bau­douin de Boulogne, venu d’Edesse, se fait sacrer «roi de Jérusalem» à la Noël 1100, dans l’église de Bethléem. Il con­sacre son règne à asseoir son pouvoir, à organiser son Etat et à l’étendre en con­quérant le littoral d’Arsouf à Beyrouth. Son cousin et successeur, Baudouin II (1118-1131), poursuit cette œuvre et mène des campagnes en direction d’Alep et de Damas. Son gendre, Foul­ques d’Anjou (1 131-1 143), poursuit une politique conservatrice marquée par un rapprochement avec Byzance et le souci de maintenir la division dans le camp musulman; Baudouin III l’imite. Amau- ry (1163-1174), frère de ce dernier, cherche à assurer la sécurité du royau­me par la conquête de l’Egypte; mais il échoue en 1168. L’unité du monde musulman s’en trouve renforcée, ce dont va profiter Saladin. En même temps, à l’intérieur, l’aristocratie se fait plus turbulente, car la contestation féo­dale n’a pas, comme on l’a cru long­temps, été importée d’Occident. Les pre­miers rois ont su s’imposer à leurs vas­saux; ce n’est que progressivement que ceux ci se sont organisés et ont commen­cé à discuter le pouvoir du souverain. Amaury a comme successeur Baudouin qui, atteint de la lèpre, meurt en 1185, après un règne courageux de dix ans. Un conflit successoral oppose alors les barons au moment où Saladin lance une grande offensive victorieuse à Hattin, le 7 juillet 1187. La Syrie franque s’effondre aussitôt; quatre mois plus tard, il ne subsiste plus du royaume que le port de Tyr. La troisième croisade permet de repren­dre Saint-Jean-d’Acre, centre d’un nou­veau royaume limité à la côte palesti­nienne, de Tyr à Jaffa. La compétition continue pour la couronne royale et aux rivalités locales se mêlent les conflits qui opposent les Etats d’Occident. Le trône échoit à Frédéric II, empereur germa­nique et roi de Sicile; ce dernier obtient sans combat, en 1229, la restitution de Jérusalem, de Bethléem et de Nazareth. Mais son autorité est contestée; peu à peu le royaume devient, de fait, une fé­dération de baronnies et de colonies marchandes italiennes. D’ailleurs, Jéru­salem est définitivement perdue en 1244 et l’anarchie grandissante favorise les entreprises des mamelouks d’Egypte; ceux-ci, malgré une résistance héroïque mais trop tardive, s’emparent, en mai 1291, des dernières places chrétiennes. Depuis 1269, la couronne a passé aux rois de Chypre qui la conserveront tant qu’ils garderont l’île, c’est-à-dire jusqu’à la fin du XVe siècle.

     

     


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    Le 10 Août 1792

    La faillite de l'Ancien Régime

    Louis XVI savait pertinemment qu’une attaque contre les Tuileries était immi­nente. Jamais insurrection ne fut prépa­rée plus ouvertement que celle du 10 août 1792. Tout la laissait prévoir: la ré­sistance de Louis XVI aux décrets de la Législative, l’échec de la manifestation du 20 juin, l’arrivée à Paris des fédérés bretons et marseillais, le refus de PAssemblée de proclamer la déchéance du roi, enfin le funeste manifeste de Brunswick menaçant Paris de destruc­tion s’il était fait le moindre outrage à la famille royale. Le château était gardé par environ 600 suisses, 900 gendarmes, quelques centaines de gentilshommes, ainsi que par 2000 membres de la garde nationale (dont la fidélité était douteu­se). L’assaut fut préparé par les sections parisiennes, en particulier par celle des Quinze-Vingts, dont le chef était Santerre. Le 9 août, vers minuit, le tocsin se mit à sonner. A l’Hôtel de Ville, une Commu­ne insurrectionnelle prit la place de la Commune légale, jugée trop molle, et convoqua le chef de la garde nationale, Mandat, un modéré: l’officier lut arrêté et assassiné. Ainsi, la défense se trouva paralysée. Déjà les sections s’étaient mises en mouvement avec les fédérés. A l’aube, les Tuileries étaient cernées. Le roi, réveillé vers 6 heures, descendit dans la cour du Carrousel pour haran­guer la garde nationale, mais ne trouva aucun mot pour galvaniser les hommes. Déjà des canonniers pactisaient avec les assaillants. Avant les premiers coups de feu, le procureur-syndic Roederer per­suada le roi d’aller se réfugier avec les siens au milieu des députés, dans la salle du Manège. Pendant ce temps, les combats com­mençaient aux Tuileries. Menés par Santerre et Westermann, les émeutiers avaient envahi la cour du château, mais ils furent repoussés par les suisses. Revenus avec des renforts, ils prirent de flanc les défenseurs et la bataille fit rage. Le bruit de la fusillade arrivait jusqu’à l’Assemblée. Sur les instances des dépu­tés, le roi, désireux d’épargner le sang de ses sujets, signa un billet donnant aux suisses l’ordre de cesser le feu. Ceux-ci obéirent: ils furent pourchassés et, pour la plupart, massacrés, tandis que le châ­teau était mis à sac. On compta un mil­lier de morts, dont environ un tiers chez les assaillants. Devant le succès des insurgés et sous la pression des piques, l’Assemblée dut se résoudre à pronon­cer la suspension du roi. Un Conseil exécutif provisoire fut créé avec, à sa tê­te, Danton, en attendant l’élection d’une Convention nationale au suffrage uni­versel. La Commune victorieuse envoya Louis XVI et les siens à la tour du Tem­ple. C’était la fin de la monarchie


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    Les journées de juin 1848 - 23-26 juin 1848

    Du sang sur la République

    C’est une véritable insurrection sociale, et non plus politique, qui a éclaté le 21 juin 1848. Une insurrection du proléta­riat contre la bourgeoisie. Ce jour-là, la Commission exécutive se décide à sup­primer les Ateliers nationaux dont l’inu­tilité et l’état d’esprit n’étaient plus sup­portables. Les ouvriers de 18 à 25 ans ont le choix entre la suppression des secours publics et l’enrôlement dans l’armée. Pour les autres, c’est le licencie­ment ou le travail en province. Le lende­main, Pujol, l’orateur favori des Ate­liers, se dirige vers le Luxembourg à la tête de 1500 ouvriers. Reçu par Marie, ministre des Travaux publics, il est rabroué à l’issue d’une discussion véhé­mente. Pujol harangue alors les manifes­tants, place Saint-Sulpice. Des bandes parcourent les faubourgs en hurlant: «Du travail! Du pain!». Dans la nuit du 22 au 23, les rassemblements se multi­plient, on commence à dresser des barricades. Le lendemain matin, la Commis­sion exécutive charge Cavaignac, ministre de la Guerre, de rétablir l’ordre. Pendant ce temps, Pujol déploie son fanatisme mystique dans les quartiers de l'est, qui se couvrent de barricades. Cavaignac dispose de près de 50000 hommes, plus la garde nationale des quartiers bourgeois de l’ouest. Les géné­raux Lamoricière au nord, Bedeau, puis Duvivier au centre, Damesme au sud, entrent en action. Les insurgés (20000, 30000, davantage) sont armés et pren­nent les troupes sous un feu meurtrier. Le 24, l'Assemblée décrète l’état de siège et délègue «tous les pouvoirs exécu­tifs» à Cavaignac qui, tout en essayant de parlementer, attaque. Damesme est tué. La journée du 25 est la plus atroce mais elle voit le fléchissement des insur­gés. Les combats sont féroces. Duvivier, puis son successeur, Négrier, sont mor­tellement blessés. Bréa, qui remplace Damesme, veut parlementer, mais il est sauvagement assassiné. Mgr Affre, archevêque de Paris, est tué en tentant de s’interposer. Le 26, Cavaignac poursuit son action. L’énergie des insurgés faiblit. Bastion suprême, le faubourg Saint-Antoine est canonné et les défenseurs désertent les barricades. Ultime obstacle, la Villette est emportée le 26 au soir. L’insurrec­tion est matée. On compte plus de 6000 morts, dont près de 1500 chez les mili­taires et un nombre inconnu chez les gardes nationaux, qui ont été décimés. Sur 25 000 arrestations, 15 000 sont maintenues et 11 000 suivies de juge­ment. 6000 insurgés seront acquittés et 4348 condamnés à la déportation. La peur des «rouges», l’aspiration générale à l’ordre et à la sécurité qui résulteront de ces journées sanglantes favoriseront l’ascension de Louis-Napoléon Bona­parte


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    L’assassinat d’Henri IV - 14 mai 1610

    Le poids du destin

    En 1598, Henri IV met un terme aux guerres civiles et fait la paix avec l’Espa­gne. Sa grande œuvre de redressement national peut commencer. Son peuple se réjouit du retour de la prospérité; il apprécie surtout la fin des conflits intérieurs et extérieurs qui l’ont accablé pendant trente ans. En effet, la diplomatie du roi est sou­cieuse d’équilibre; le duc de Savoie, qui complote avec l’Espagne, est neutralisé en 1601 par le traité de Lyon; visant l’abaissement des Habsbourg, le roi favorise les provinces unies et les prin­ces protestants d’Allemagne. En Fran­ce, sa politique inquiète certains catholi­ques intransigeants, demeurés méfiants envers lui; quant au peuple, il est mé­content des taxes qu’entraîne un début d’accroissement des armées. Au début de 1610, les Impériaux occu­pent le duché de Clèves et Juliers, dont la maison d’Autriche revendique la suc­cession. Henri IV réagit en mobilisant sur ses frontières des Pyrénées, de la Savoie et du Luxembourg. Va-t-il rompre avec sa politique de paix, rouvrir contre les Habsbourg un conflit généralisé? D’après Sully, il songerait à une réorganisation générale de l’Europe, prélude à l’unification du continent; mais il faut surtout voir là un rêve du ministre. On sait d’autre part que l’entourage de la reine Marie de Médicis, en particulier le duc d’Epernon, ancien fidèle d’Henri 111, entretient d’étroits liens avec l’Espagne; certains le soupçonnent de comploter la mort du roi. Que dire enfin des sentiments que  peut nourrir Marie de Médicis à l’égard d’un époux si volage? Toujours est-il qu’un étrange et obscur personnage, nommé François Ravaillac, prétend soudain rencontrer le roi pour lui donner des conseils politiques. Il est, bien entendu, éconduit. Le 14 mai 1610, Henri IV quitte le Louvre en carrosse; il se rend auprès de son ministre Sully; le duc d’Epernon est à ses côtés; la voie est fort encombrée; dans l’étroite rue de la Ferronnerie, un char de foin oblige le convoi à s’arrêter. Comme par hasard, le fameux Ravaillac se trouve là; il grimpe sur la roue du carrosse et frappe le roi de deux coups de couteau. «Je suis blessé», murmure celui-ci; puis il meurt aussitôt. Ce crime soulève une profonde émotion dans tout le royaume; en effet, le roi y est fort populaire et disparaît à un moment particulièrement grave: on est en pleine crise internationale et le dau­phin Louis n’a que 9 ans; l’œuvre d’Henri IV, à peine achevée, n’est pas encore assez solide. Et le royaume va retomber, pendant de longues années, dans les troubles civils.


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    Le mariage d’Henri IV et de Marie de Médicis - 5 octobre 1600

    Un mariage de raison

    Malgré son mariage politique avec Mar­guerite de Valois, ses nombreuses maî­tresses, ses fidélités calculées avec la «Belle Corisande» ou la pulpeuse Gabrielle d’Estrées, «le Vert Galant» n’a pas encore, à l’orée du XVIIe siècle, assuré l’avenir de la dynastie et, partant, celui de la reconstruction du royaume. Gabrielle d’Estrées disparue, le roi songe à convoler conformément à l’inté­rêt de PEtat. En 1599, on déclare nul son mariage avec Marguerite de Valois, et ceci pour trois raisons: union prohi­bée d’une princesse catholique avec un hérétique; degré de parenté trop pro­che; contrainte imposée à Marguerite. Le roi peut donc épouser en toute légiti­mité la prétendante Marie de Médicis, nièce du grand-duc de Toscane Ferdi­nand Ier, son allié de toujours. Des trac­tations financières menées par Sully aboutissent, en février 1600, à une con­vention qui fixe la dot de Marie: 600000 écus d’or, dont 350000 payables comp­tant, le reste étant pris sur les créances du grand-duc sur la couronne de Fran­ce; Rosny peut alors annoncer à Henri IV: «Nous venons de vous marier.» Conformément aux usages du temps, de grandes cérémonies marquent les temps forts de ces noces: le 5 octobre, à Flo­rence, le cardinal Aldobrandini, neveu du pape, bénit cette union par procura­tion, où le grand-duc Ferdinand repré­sente le roi; suivent des fêtes splendides où apparaît la maîtrise des Italiens en matière de jeux d’eau, de pyrotechnie et d’art dramatique. Puis la reine se rend par mer de Livourne à Marseille; elle est accompagnée de 15 navires: 5 galères pontificales, 5 galères toscanes et 5 venant de Malte; de Marseille, le voyage se poursuit, assez mouvementé, jusqu’à Lyon qui, très ouverte sur l’Italie, accueille Marie avec solennité; enfin, le roi rencontre son épouse au cours d’une réception nocturne qu’il a voulue roma­nesque. Avec ses 27 ans, Marie n’est plus dans sa prime jeunesse; son époux a 47 ans. Il      a une maîtresse, Henriette d’Entragues, que la reine sera contrainte de recevoir à la cour. De son côté, Marie a pour «dame d’atour» une dangereuse intrigante, Leonora Dori, future épouse de Concini. Qu’importe! La nouvelle reine va doter la dynastie d’un héritier, qui sera Louis XIII. Rubens évoquera toute cette épopée dans son magnifique poème baroque du Luxembourg.


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