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Par nomeren le 30 Juillet 2013 à 17:39
«Noire et gigantesque cheminée d'usine»
Le 6 juin 1884, Maurice Kœchlin, l’un des principaux adjoints de Gustave Eiffel, réalise le premier dessin de ce qui sera la tour Eiffel. Le 12 juin 1886, le projet, modifié par Eiffel lui-même, est adopté par le Conseil des ministres sur recommandation de Lockroy. Le contrat est signé le 8 janvier 1887; le monument est achevé en mars 1889.
Mais la genèse et la construction du célèbre symbole ont connu de nombreuses péripéties. Dans l’esprit du gouvernement de la IIIe République, l’Exposition universelle de Paris doit redorer le blason de la France après la guerre de 1870-1871 et la perte de l’Alsace- Lorraine. Pour ce faire, on compte sur une série d’attractions, dont la célèbre galerie des Machines.
A cette époque, le Champ-de-Mars n’est qu’une vaste promenade. Parmi les milliers de projets, souvent farfelus, l’un des plus intéressants est celui de Bourdais, 1 architecte du Trocadéro: la «Tour du Soleil», haute de 300 m environ. Son plan obtient quelque temps la faveur d’Edouard Lockroy, ministre de l’industrie et du Commerce. Pourtant, une maçonnerie de cette hauteur semble poser des problèmes insurmontables, de sorte que le ministre décide d’organiser un concours.
Sur quelque 700 projets, c’est celui de Gustave Eiffel qui l’emporte. Mais les protestataires sont nombreux: les riverains d’abord, mais surtout les intellectuels et les artistes; en février 1887, cinquante d’entre eux signent une pétition dénonçant cette «tour vertigineusement ridicule, dominant Paris ainsi qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasant de sa masse barbare Notre- Dame... le Louvre... l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés...» Parmi les signataires, on relève les noms d’Alexandre Dumas fils, Leconte de Lisle et Charles Gounod.
Pourtant, les travaux, qui ont commencé le 26 janvier 1887, se poursuivent allègrement. On creuse des fondations de 14 m et quatre blocs de maçonnerie de 26 m2 soutiennent la superstructure. L’ossature métallique est réalisée en atelier et le montage est effectué à partir du 1er juillet. Les 15000 pièces métalliques numérotées sont assemblées à l’aide de 2,5 millions de rivets.
Le 1er avril 1888, la première plateforme, à 57 m, est achevée. Le 14 août, c’est au tour de la deuxième, à 115 m, et le 24 février 1889, de la troisième, à 274 m.
L’œuvre porte le nom de Gustave Eiffel, mais doit beaucoup à ses collaborateurs Emile Nouguier et Maurice Kœchlin. Eiffel, le «magicien du fer», s’était déjà rendu célèbre par plusieurs ponts, en France et à l’étranger. C’est de son atelier que sortiront certaines écluses de Panama et l’ossature de la statue de la Liberté.
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Par nomeren le 30 Juillet 2013 à 17:36
En raison de la Première Guerre mondiale, Paris doit attendre 1925 pour organiser une nouvelle Exposition universelle après celle de 1900; on l’appelle celle des «Arts décoratifs», vu l’importance qu’on y donne à l’architecture d’intérieur. Elle reflète le profond renouvellement du goût en la matière: désormais, les jeunes ménages accordent au «cadre de vie» une importance méconnue pendant la Belle Epoque; on s’entiche de formes géométriques, de meubles clairs, de bois coloniaux rares, de panneaux de laque, de lampadaires en verre opalescent... Dans les intérieurs dominent les contrastes de couleurs: tentures orange, coussins verts et violets... C’est la rupture avec le rococo 1900 et le modem style.
L’architecture a aussi sa place dans cette Exposition; on y affirme avec hardiesse les ressources et l’avenir du béton armé. De nouveaux architectes se révèlent au grand public: Perret, Tony Gar- nier, Mallet-Stevens et, surtout, Le Corbusier, qui présente aux Parisiens abasourdis son plan de réaménagement radical de la capitale; seuls, quelques monuments glorieux seraient épargnés; la verdure et les voies de circulation occuperaient 95% de la surface du sol; des gratte-ciel en forme de croix et à façades de verre, les 5% restants: «Parisiens, déclare-t-il, vous serez dans les arbres... D’immenses espaces verdoyants seront autour de vous... A travers la résille charmante des feuillages, vous apercevrez dans le ciel, à de très grandes distances les unes des autres, des masses de cristal gigantesques, plus hautes que n’importe quel édifice du monde...»
L’Exposition est installée dans des pavillons lumineux et bariolés, dressés le long de la Seine ou sur des péniches restées célèbres, comme «Amour, délice et orgue», décorées de tentures imprimées par le peintre Raoul Dufy et le couturier Paul Poiret; de curieuses boutiques, au style dernier cri, animent le pont Alexandre-III; sur la tour Eiffel, des lettres gigantesques, formées par 280000 lampes de toutes couleurs, inscrivent le nom CITROËN. On peut voir là divers symboles: continuité avec les expositions d’avant-guerre, toute-puissance de la «fée Electricité», importance nouvelle de la publicité, dynamisme de l’industrie automobile. «Arts décos» reçoit 16 millions de visiteurs; mais ses innovations ne plaisent pas à tout le monde: elles choquent les bourgeois conformistes, déconcertés par ce «capharnaüm aux couleurs criardes», ce «tohu-bohu de styles disparates». «Arts décos» annonce aussi le déclin des expositions universelles: seules la suivront celle de 1931, au bois de Vincennes, et celle de 1937, peu avant la guerre.
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Par nomeren le 30 Juillet 2013 à 17:34
«Nous avons d’immenses territoires incultes à défricher, des routes à ouvrir, des ports à creuser, des rivières à rendre navigables, des canaux à terminer, notre réseau de chemin de fer à compléter [...], en face de Marseille, un vaste royaume à assimiler à la France nos grands ports de l’ouest à rapprocher du continent américain par la rapidité de ces communications qui nous manquent encore [...]. Voilà comment je comprendrais l'Empire, si l’Empire doit se rétablir.» Ce passage du célèbre «discours de Bordeaux» (7 octobre 1852) du futur Napoléon III est moins connu que le fameux: «L’Empire, c’est la paix»; il fut mieux réalisé.
L’essor industriel que connut la France sous le second Empire n’a été possible, assurément, que par le progrès des techniques qui avait déjà marqué l’époque de Louis-Philippe. Mais les conceptions de l’empereur, le réel intérêt qu’il portait aux classes laborieuses, le désir aussi de compenser chez les classes aisées l’absence de vie politique par une vie économique active, y ont, de plus, énormément contribué. Pendant son règne, la France entière a été un chantier, et pas seulement Paris.
On connaît l’extension des voies ferrées, passées de 3900 km en 1852 à 18000 km en 1870. avec 3 millions de voyageurs par an, et la constitution de puissants réseaux par la fusion des petites compagnies peu rentables. Cet effort ferroviaire fut couronné par la réalisation du tunnel du col de Fréjus ( 1857- 1871), première des grandes percées alpines, longue de plus de 13 km. On connaît moins l’expansion du réseau routier: 47000 km de routes départementales et de chemins vicinaux furent réalisés ou améliorés. Le développement routier et surtout ferroviaire rendait les voies d’eau moins nécessaires; on améliora toutefois les accès de Rouen et de Bordeaux et on poursuivit les travaux entrepris par Louis-Philippe dans Je bassin de la Seine. On procéda au drainage de la Sologne, de la Dombes et de la Brenne; on acheva la fixation des dunes des Landes et on réalisa leur boisement. On entreprit la modernisation des ports qu’il fallait adapter aux nouveaux navires à vapeur. Marseille, destinée par notre implantation en Algérie et surtout par le percement du canal de Suez, commencé en 1851, à devenir le port de l’Orient, ouvre les bassins de la Joliette. Le Havre, Dunkerque, Saint-Nazaire furent également pourvus de bassins plus profonds et de puissants appareils de levage. Tous ces travaux n’auraient pas été possibles en si peu de temps sans la mobilisation du crédit due à un système bancaire rénové et à l’afflux de l’épargne, reflet de la confiance accordée au régime. L’Exposition de 1855 avait été un succès. Celle de 1867 fut une apothéose.
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Par nomeren le 30 Juillet 2013 à 17:33
La poésie, qu’on trouve aux sources de toute civilisation, entre dans la littérature française au XIIe siècle. Deux idiomes existent alors dans le pays: la langue d’«oc» dans le Midi, la langue d’«oïl» dans le Nord.
C’est dans le Sud, proche de la Méditerranée, berceau de notre civilisation, qu’apparaissent les premiers poètes: les troubadours (trouveurs). Ils s’inspirent des hauts faits des croisés, puis des grands sentiments humains où l’amour tient la première place.
Comme aujourd’hui la chanson, le trobar (poème) était chanté ou accompagné de musique; le troubadour est un homme lettré, indépendant ou attaché au service d’un seigneur qui l’appelle son «ménestrel».
En effet, les mœurs s’étant adoucies depuis le XIe siècle, les grands féodaux ne s’adonnent plus seulement à la guerre; ils attirent volontiers des artistes à leur cour et, souvent, composent eux- mêmes des vers. Ainsi naît la poésie «courtoise» qui chante une forme d’amour raffiné et spiritualisé, dans la tradition de l’idéalisme platonicien; on révère la «dame», dont l’amant n’ose espérer plus qu’un sourire et pour laquelle il est prêt à souffrir mille tourments. Le style est varié, l’expression quelquefois hermétique, comme dans le trobarclus, ou orné jusqu’à l’affectation, comme dans le trobarrie. Malheureusement, aucun texte ne nous a été conservé; mais on connaît beaucoup d’auteurs, comme Guillaume IX, duc d’Aquitaine, le plus ancien d’entre eux, Cercamon, le compagnon de Guillaume X, Jaufré Rudel, prince de Blaye. Au XIIe siècle, la croisade contre les Albigeois entraîne le déclin de la poésie méridionale; mais, dans le Nord, les troubadours ont des imitateurs qu’en langue d’oïl on appelle trouvères. Plusieurs de leurs manuscrits nous sont parvenus. Les plus connus de ces artistes sont Chrétien de Troyes, qui vécut au XIIe siècle, et Thibaud IV, comte de Champagne, qui chantait, dit-on, les mérites de Blanche de Castille. Chez eux, la sensibilité est plus réaliste et moins maniérée que chez leurs homologues du Midi. Les plus tardifs ne sont pas les moins célèbres: Christine de Pisan, qui vécut sous Charles VI, est la première femme de lettres française; Charles d’Orléans, le petit-fils de Charles V, est aussi charmant poète qu’il est noble prince.
Les troubadours ont essaimé en Italie et en Espagne; quant aux trouvères, ils ont influencé l’Europe du Nord, notamment l’école allemande des minnesànger. Les uns et les autres furent des modèles autant que des pionniers: l’amour courtois inspire la littérature française jusqu’au «précieux» du XVIIe siècle; quant aux «romantiques», si séduits par le Moyen Age, ils leur doivent une grande part de leur inspiration.
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Par nomeren le 30 Juillet 2013 à 17:30
Le théâtre à l’échelle de la ville
La représentation d’un mystère constitue l’un des temps forts de la vie urbaine à la fin du Moyen Age. Le théâtre religieux est fort ancien. Dès le XIe siècle, le clergé interprète dans l’église même ou à ses abords, afin d’instruire les fidèles, des drames liturgiques qui illustrent des épisodes de la vie du Christ; un peu plus tard, des laïques jouent des «miracles», œuvres brèves et édifiantes qui célèbrent la gloire d’un saint. Composés d’abord en latin, ces textes le sont en français dès la fin du XIIe siècle. Drames liturgiques et miracles sont à l’origine des mystères qui les éclipsent à partir du XIVe siècle.
Un mystère est une représentation d’un sujet très vaste — principalement la passion du Christ — qui juxtapose des épisodes très variés, mais ce n’est pas un simple divertissement, car, au-delà du thème traité, le mystère contient toujours une intention pédagogique, édifiante et moralisatrice. Ce souci amène d’ailleurs l’introduction de personnages allégoriques, comme la Justice ou la Miséricorde, qui donnent un sens encore plus clair à l’action.
Ce sont des œuvres énormes: la Passion de Jean Michel comporte 65 000 vers, dure plusieurs jours et exige la participation de plusieurs centaines d’acteurs. Le mystère le plus célèbre est la Passion d’Arnoul Gréban, clerc et musicien parisien, qui rédige les 35 000 vers de son œuvre avant 1452.
La représentation des mystères est assurée par des confréries de la Passion ou du Saint-Sacrement; celle de Paris en reçoit le monopole dans la ville en 1402. Les confréries regroupent des laïques et des ecclésiastiques, mais elles n’ont pas une vocation exclusivement «théâtrale». Les acteurs ne sont donc pas des professionnels et tous les rôles, même féminins, sont tenus par des hommes. Après plusieurs mois de préparatifs, le mystère est joué à l’occasion d’une grande fête religieuse, Pâques de préférence à cause du thème de la Passion. Toute la population des environs converge alors vers la ville dont le rôle culturel est ainsi affirmé.
Compte tenu du public et du plein air, le texte doit être simple et clair, l’analyse psychologique rudimentaire. En revanche, on insiste avec un goût discutable, de manière de plus en plus réaliste, sur les souffrances du Christ ou des martyrs pendant que des effets de gestes, de décors, voire de trucages, tiennent une place croissante, car ils répondent au goût du temps pour les cérémonies grandioses et étranges. En outre, à la fin du XVe siècle, pour soutenir l’intérêt du public, on intègre des scènes comiques ou réalistes, de plus en plus nombreuses, qui font perdre au mystère son caractère religieux: l’Eglise devient alors hostile à un genre qui lui échappe et en obtient l’interdiction en 1548.
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