• La cour de Louis XIV: les gardes - 1682-1715

    Au service du Soleil

    Rien ne semble plus aisé que de pénétrer dans le château de Versailles puisqu’il suffit d’avoir épée au côté pour qu’on vous laisse passer. En réalité, rien de mieux protégé que le roi. Voici d’abord les gardes du corps. Ils sont choisis par le roi lui-même. Ce sont des cavaliers, bien qu’ils soient souvent appelés à servir à pied! Les gardes du corps sont à la disposition du roi toute la journée, mais ils servent par quartier c’est-à-dire par trimestre — et béné­ficient ainsi de larges congés. Leur uni­forme est bleu, orné d’un galon d’argent et d’une bandoulière. Ils se divisent en plusieurs compagnies. La première, la plus ancienne, est la compagnie écossai­se fondée par le roi Charles VII. Parmi les gentilshommes de la garde écossaise sont choisis les gardes de la marche. Au nombre de vingt-quatre, ils ont pour obligation de se tenir constamment aux côtés du roi. Aussi leur service, très astreignant, ne dure-t-il qu’un mois par an. Ils servent deux par deux, sauf à l’occasion de certaines cérémonies pour lesquelles six d’entre eux sont requis. Ils sont vêtus d’un justaucorps, d’un hoqueton (sorte de veste), et portent sur l’épaule la pertuisane de bois doré. Depuis le renouvellement, en 1683, de l’alliance perpétuelle entre le roi très chrétien et la Confédération des cantons suisses, les cent-suisses constituent le corps le plus considérable des gardes à pied. Ils sont divisés en escouades et commandés par dix-huit officiers. Pour­point à manches tailladées, chapeau de velours noir orné d’une plume blanche, leur uniforme rappelle toutes les splen­deurs de la Renaissance. Les cent-suis­ses escortent toujours le roi. Quand Louis XIV quitte le château, ils mar­chent à la portière de son carrosse. Us encadrent le trône. La plupart sont ori­ginaires du canton de Vaud et des Gri­sons. Les gardes-françaises jouent, dans l’in­fanterie, le rôle exercé par les gardes du corps dans la cavalerie. Ils sont répartis en six bataillons de trente-trois compa­gnies. Leur uniforme est bleu avec pare­ments rouges et hausse-col doré. Ils veil­lent, eux aussi, à la sécurité permanente du souverain. Quand le roi sort, ils s’ali­gnent en demi-cercle dans l’avant-cour du château jusqu’à la grille et les tam­bours battent «aux champs». Les gardes de la porte, au nombre de cinquante, sont chargés de surveiller chacune des portes qui leur sont con­fiées. Ils ne quittent jamais leur faction quand ils sont en service. Ils sont armés d’une carabine avec une bandoulière ornée de deux clefs en broderie. Enfin, les gardes de l’hôtel, sous le commande­ment du prévôt, assurent, pour leur part, la police intérieure du château. La cour est bien protégée.


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  • Louis XIII - 1601-1643

    Un roi trop mal connu

    Fils aîné d’Henri IV et de Marie de Mé- dicis, Louis XIII, né à Fontainebleau le 27 septembre 1601, n’a que 9 ans lors­qu’il monte sur le trône après l’assassi­nat de son père. La régence assurée par la reine mère et par Concini s’avère dé­sastreuse, marquée par des révoltes des grands et des protestants. Le jeune roi souffre de cette situation et de l’humilia­tion d’être écarté du pouvoir. Avec son favori, de Luynes, il procède à un véri­table coup d’Etat, mais la disparition de Concini ne réussit pas à apaiser les trou­bles et c’est seulement en 1624 que Louis XIII, avec l’entrée au Conseil du cardinal de Richelieu, parvient enfin à gouverner réellement. Longtemps décrié par les historiens qui ont voulu voir en lui une sorte de fan­toche soumis à la volonté de son Pre­mier ministre, Louis XIII apparaît comme un homme intelligent, de belle prestance, courageux, volontaire, mais d’une extrême sensibilité. Son éducation a été essentiellement orientée vers les exercices physiques et le métier des armes. Aussi le roi se montre-t-il excel­lent cavalier, adorant la chasse, les che­vauchées, et n’hésitant pas à payer de sa personne. Il est non seulement musicien, mais compositeur, et dessine avec goût. Très croyant, même mystique, il aime Dieu, la Vierge, les saints, et se réfugie fréquemment dans la prière. Louis XIII est cependant un anxieux, sujet à des accès de tristesse. Il redoute le péché avec excès et se méfie de la chair, au point d’éprouver une véritable répulsion physique qui explique l’échec de son mariage avec Anne d’Autriche. Il a cependant besoin d’affection et aura des amitiés féminines ou masculines très exclusives, que ce soit pour Mlle de La Fayette, Mlle de Hautefort, le duc de Luynes ou Cinq-Mars. Cet excès de sensibilité peut être considéré comme le résultat d’une éducation trop sévère, marquée par une tendance à la dramati­sation, et aussi d’une santé délabrée, aggravée par une effroyable thérapeu­tique à base de purges et de saignées. «J’ai eu le malheur des grands, devait dire tristement le roi, celui d’être livré à la conduite des médecins.» En définitive, Louis XIII fut loin d’être un souverain effacé et eut une haute conscience de son métier de roi. Sachant apprécier la valeur de Richelieu, il eut le courage — parfois méritoire — de le maintenir au pouvoir envers et contre tous. Au cours de ses longues chevau­chées à travers la France, il avait acquis une bonne connaissance des besoins de son royaume. Il présidait son Conseil, était tenu au courant des affaires et n’hésitait pas à imposer ses décisions. Le cardinal devait reconnaître l’extrême difficulté qu’il avait éprouvée à conqué­rir «les quatre pieds carrés du cabinet du roi».


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    La cour impériale - 1804-1814

    Une cour militarisée

    Devenu Premier consul, Bonaparte ne songe pas tout d’abord à organiser une cour. Il vit simplement, entouré de ses compagnons d’armes, de ses aides de camp ou de ses secrétaires. Aux Tuile­ries, où il s’est installé le 19 février 1800, existent les différents services nécessai­res au bon fonctionnement du palais. Déjà Joséphine préside des fêtes somp­tueuses. Les uniformes chamarrés don­nent un éclat tout neuf à une figuration mélangée. Tout change avec la proclamation de l’Empire. Napoléon estime qu’il est indispensable de posséder une cour et des courtisans. La vieille noblesse reve­nue d’émigration boude les Tuileries: «C’est ainsi? déclare l’Empereur. Eh bien, nous allons à notre tour créer une noblesse!» Et, en quelques années, tout un personnel d’apparat est constitué. Comme il lui est difficile de reprendre les titres des grands offices de la monar­chie héréditaire, Napoléon choisit pour modèles la cour d’Autriche... et celle de Charlemagne! Plusieurs sénatus- consultes organisent cette cour: les mâ­les de la famille impériale sont créés dès 1804 «princes français». Puis viennent les grands dignitaires: l’archichancelier d’Empire Cambacérès, l’archichance- lier d’Etat Lebrun. A côté des maré­chaux d’Empire qui sont seize au maxi­mum, les grands officiers civils d’un rang inférieur. Enfin, de toutes pièces, Napoléon crée une noblesse d’Empire. Celle-ci comptera finalement trois prin­ces, quatre cents comtes et un millier de barons. La maison de l’impératrice n’est pas moins fournie: dames d’honneur, dames pour accompagner, etc. Mais, pour appartenir à la cour, il faut — tout comme au temps de Louis XIV ou de Louis XV — avoir été «présenté». Pour toutes les cérémonies, la figuration est maintenant assurée. Encore faut-il faire revivre les manières des cours. Un certain nombre de membres de la noblesse du XVIIIe siècle acceptent de servir le nouveau maître et d’enseigner discrètement les usages, tels le grand maître des cérémonies, le comte de Ségur, ou le marquis de Caulaincourt. Les réceptions impériales sont fastueu­ses et éblouissent les étrangers, mais elles sont mortellement ennuyeuses. L’Empereur a imposé une discipline aussi stricte qu’à l’armée et, quand il fait le tour des salons, on a l’impression qu’il passe une revue de détail. Le déroule­ment de la fête est minutieusement réglé: on ne doit pas quitter la place qui Vous a été assignée, on ne doit pas danser avant une heure déterminée, on n’ose même pas tousser en présence de l’Empereur. Celui-ci adresse quelques mots çà et là. Bientôt il se retire. On se détend alors. On danse un peu, mais tous les assis­tants ne tardent pas à s’en aller. Il y a une cour: il n’y a pas de courti­sans, mais des figurants.


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  • La répudiation de Joséphine - 1809-1810

    Un amour sacrifié

     

    Le mariage de Napoléon et de Joséphi­ne, qui date du 9 mars 1796, est demeu­ré stérile. Napoléon, empereur depuis 1804, voudrait avoir un fils pour assurer sa dynastie. Il aime toujours Joséphine et hésite à se séparer d’elle. Dès 1807, Fouché, ministre de la Police, essaie de convaincre l’Empereur de répudier sa femme. Il demande même à celle-ci de rompre avec Napoléon pour lui per­mettre de se remarier. Emue, Joséphine se plaint de cette démarche à son époux qui se montre irrité à l’égard du minis­tre. Napoléon apprend que Marie Walews- ka, une noble polonaise avec laquelle il a été lié, vient de mettre au monde un fils dont il se sait le père: il n’est donc pas responsable de la stérilité de son maria­ge. Le 30 novembre 1809, aux Tuileries, il informe Joséphine de sa décision de divorcer. Bouleversée par cette nouvelle, Joséphine s’évanouit; l’Empereur est ému, mais reste inflexible par raison d’Etat. Le 16 décembre 1809, le divorce est pro­noncé par un sénatus-consulte; il reste à annuler le mariage religieux célébré par le cardinal Fesch le 1er décembre 1804, la veille du couronnement de l’Empereur à Notre-Dame. Seul le pape Pie VII a le pouvoir de dissoudre ce mariage, mais il est prisonnier des Français à Savone. Napoléon charge donc l’officialité de Paris d’étudier le dossier. Il apparaît alors que deux chefs de nullité peuvent être retenus: le premier est l’absence de témoins lors de la cérémonie secrète du mariage; le second est le non- consentement de l’Empereur, irrité d’avoir dû céder au pape. En consé­quence, le mariage des époux princiers est déclaré nul le 14 janvier 1810. Le pape s’abstient de protester officielle­ment; Marie-Louise d’Autriche épouse Napoléon quelques mois plus tard et lui donne un fils, le célèbre roi de Rome. Les cardinaux français, en signe de pro­testation, refusent d’assister à cette seconde cérémonie.


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  • Le château d’Azay-le-Rideau - 1518

    Un bijou dans un écrin de verdure

    Dans un site charmant et romantique, bordé par l'Indre aux eaux constellées de nymphéas et baignées de verdure, élégant logis bâti en partie sur pilotis, le château d’Azay-le-Rideau traduit l’évo­lution d’une architecture qui passe réso­lument de la forteresse médiévale à la résidence d’agrément. Son histoire est analogue à celle de Che- nonceaux: un financier, Gilles Berthelot, acquiert la seigneurie d’Azay et y fait construire une demeure dont son épouse influence fortement la décoration et l’agencement. Si la tradition gothique subsiste, l’esprit est différent: les tours de défense, le chemin de ronde et les mâ­chicoulis deviennent objets de décora­tion. Ce château, d’ailleurs inachevé, est de conception simple: deux corps de logis disposés en équerre; à chaque angle, une tourelle en encorbellement, aux étages garnis de fenêtres encadrées de pilas­tres; au-dessus des combles, des lucar­nes surmontées de coquilles et de fron­tons sculptés. Une pièce maîtresse: le grand escalier; ses rampes sont droites et parallèles, voûtées de caissons régu­liers garnis de médaillons où apparais­sent des personnages à l’antique; à chaque demi-étage, un palier calibré par une double baie qui brise la symétrie de la façade. Celle-ci est décorée à l’italien­ne: pilastres, colonnettes, niches, frises et arabesques se superposent; au pre­mier et au dernier étage ressortent, en vis-à-vis, la salamandre de François Ier et l'hermine de Claude de France, cette dernière assortie de la devise: «Un seul désir». Comme Chenonceaux, Azay-le-Rideau. construit en pierres blanches, briques et ardoises, se distingue par son harmo­nieuse régularité et son accord parfait avec le milieu naturel; le goût délicat et le sens de la mesure qui président à l’ensemble sont proprement féminins. Tout en exprimant l’originalité de la Renaissance française, Azay-le-Rideau fait revivre une société ouverte à la beauté et au luxe, où des femmes, nobles ou non, vraies patriciennes de la culture, jouent un rôle distingué; c’est l’époque où s’épanouit la poésie lyrique d’un Ronsard ou d’un du Bellay. Le charme tranquille de cette demeure ne doit pas faire oublier les péripéties de son histoire. Gilles Berthelot, compro­mis dans un scandale financier, doit s’enfuir pour échapper au gibet; il mour­ra en exil et François Ier, ayant confis­qué Azay, le donne à son capitaine des gardes. Puis de nombreux propriétaires se succèdent. En 1870, pendant la guer­re franco-allemande, le prince Frédéric- Charles de Prusse y loge. Un jour, un lustre étant tombé sur sa table, le noble conquérant croit à un attentat et le châ­teau échappe de justesse à la destruc­tion. Finalement, en 1905, l’Etat rachète Azay pour 200000 francs.


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