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    La puissance de la piété

     

    À la pointe orientale de l'île de la Cité, les anciens Parisiens adorèrent Cer­nunnos, dieu cornu, protecteur et fécond. Autels, temples, sanctuaires se succédèrent là jusqu'au xiies. où deux églises très voisines, placées sous l'invocation de saint Denis et de saint Etienne, menaçaient de tomber en ruine.

     

    La construction de la cathédrale Notre-Dame fut décidée par l'évêque Maurice de Sully en 1163; elle pro­gressa très rapidement puisque le maître-autel fut consacré en 1182, et que, trois ans plus tard, le chœur pouvait abriter d'importantes cérémo­nies et des sépultures. À la fin du siècle, les nefs sont achevées ; murs et arcs-boutants s'appuient sur des fon­dations massives. La grande façade occidentale, large de 40 m, est com­mencée au début du xiiies. ; en 1214, elle s'élève jusqu'à la galerie réunis­sant les deux tours, qui seront ache­vées à la fin du siècle : leur hauteur est de 68 m. Encadré au nord de celui de la Vierge, au sud de celui de sainte Anne, le portail central, légèrement plus élevé, est dit du Jugement. Sur leur champ, quatre lourdes tribunes abritent les anciens patrons du lieu, saint Denis au nord, saint Etienne au midi ; au centre deux femmes symbo­lisent l'Ancien et le Nouveau Testa­ment. Au-dessus viennent 28 statues sous arceaux formant la galerie dite des Rois; jetées à bas en 1793, elles furent remplacées au xixes. À l'étage supérieur, au centre, la Vierge à l'enfant, avec deux anges, devant la rosace centrale, Adam et Eve devant les belles fenêtres géminées éclairant les tours ; de ce niveau partent sur les quatre côtés les extraordinaires paires de baies ogivales qui contribuent à les alléger notablement. Le transept fut ouvert dans la seconde moitié du xiiies. : au sud, le maître Jean de Chelles conçut et réalisa la façade latérale, chef-d'œuvre du gothique rayonnant avec sa vaste rosé à la structure si fragile. À sa mort, Pierre de Montreuil acheva ce côté puis édifia, au nord, la porte Rouge. Au début du siècle suivant, le chevet reçut ses arcs-boutants de 15 m de volée. Vingt-neuf chapelles vinrent se loger entre ceux des nefs extérieures. La verticalité de la nef centrale est accentuée par les doubles colonnettes qui montent d'un seul jet, traversant les bandeaux des tribunes, jusqu'à l'amorce des voûtes, dont les clefs vont à 35 m au-dessus du sol. Avec 110 m de longueur intérieure, 48 m de largeur dans son transept, 113 ouvertures, quelque 1200 statues, d'innombrables reliefs, et des trésors d'orfèvrerie, Notre-Dame de Paris est une œuvre de véritable piété ; elle fut également la manifestation civile de la puissance et de la gloire de la plus grande ville du monde en son temps.

     


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    Une perspective impériale

     

    Au centre de la place Charles-de- Gaulle (ex-place de l'Étoile) et cou­ronnant la «plus belle avenue du monde», celle des Champs-Elysées, l'Arc de triomphe est sans doute l'un des plus prestigieux monuments de la capitale. Édifié selon le souhait de l'empereur Napoléon à la gloire des armées impériales, l'Arc de triomphe, commencé en 1806 sur des plans de Chalgrin, ne sera achevé qu'en 1836, sous Louis-Philippe. Depuis, il est devenu un véritable symbole natio­nal: à sa mort, Victor Hugo y fut exposé une nuit entière, et c'est sous son arche que, le 11 novembre 1920, on inhuma un soldat inconnu en hommage à tous les morts de la Grande Guerre ; c'est là enfin que, le 26 août 1944, Paris libéré acclama le général de Gaulle.

     

    De taille colossale (50 mètres de haut et 45 de large), l'Arc de triomphe est pourtant un modèle d'architecture équilibrée et harmonieuse. Et cela est dû en grande partie aux superbes sculptures de pierre qui ornent ses quatre côtés. La plus célèbre — et aussi la plus réussie — est sans conteste la Marseillaise due au sculp­teur Rude, que l'on peut admirer à droite de, la face est (du côté des Champs-Elysées). Lui fait pendant, à gauche, le Triomphe de 1810 exécuté par Cortot. Sur la face ouest, on trouve deux autres groupes dus à Etex : ils représentent la « Résistance » et l'autre la «Paix». Couronnant le haut de l'édifice, une frise et des boucliers sur lesquels sont gravés les noms des principales batailles de la République et de l'Empire. Enfin, sous l'arche, se trouve la dalle dédiée Soldat inconnu, au-dessus de laquelle brûle la flamme du souvenir.

     

    Les Champs-Elysée

     

    Ils constituent la voie triomphale qui relie la place de la Concorde à l'Arc de triomphe. C'est véritablement sous le Second Empire qu'elle est devenue à la mode. Actuellement, l'avenue se divise en deux parties : l'une, bâtie, qui va de l'Arc jusqu'au Rond-Point, n'est qu'une vaste artère commer­çante bordée de banques, de luxueu­ses boutiques et de cafés. L'autre partie, qui part du Rond-Point et aboutit aux chevaux de Marly, place de la Concorde, est une très agréable promenade ombragée. Sur la place du Rond-Point, on remarquera de super­bes fontaines, puis, en descendant l'avenue, on découvrira sur la droite le Grand Palais. De l'autre côté de l'avenue, sur la gauche, on peut voir le ravissant théâtre Marigny, à l'om­bre duquel se tient le jeudi et le dimanche une bourse aux timbres. Et, juste en face, dissimulé derrière une belle grille (appelée grille du « Coq »), on peut apercevoir les jardins et le palais de l'Elysée...

     

     


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    Le parc zoologique du bois de Vincennes

    Cent soixante espèces animales

     

    Mieux connu sous le nom de zoo de Vincennes, ce parc animalier, inspiré du zoo de Hambourg, fut conçu par l'architecte Letrosne. On l'ouvrit au public à la suite de l'Exposition coloniale de 1931, en juin 1934. À l'heure actuelle, il reçoit en moyenne un million de visiteurs par an (entrée, avenue Daumesnil). Conçu à la fois comme un jardin éducatif et comme un jardin d'agrément, il permet, sur une superficie de 15 ha, de présenter les animaux en liberté apparente, dans un décor rappelant leur milieu natu­rel: grilles et barreaux sont le plus souvent absents, seul un profond fossé séparant les animaux du public. Près de 130 personnes assurent l'entretien et la gestion de ce parc animalier d'un intérêt exceptionnel. À l'entrée du parc, le Grand Rocher, haut de 72 m, prête ses pentes abruptes à des mou­flons de Corse. Ailleurs, les rochers dissimulent les installations nécessai­res à la survie de animaux sauvages durant l'hiver ; les plus fragiles d'en­tre eux sont visibles dans des galeries chauffées ouvertes au public (animaux de ménagerie, hippopotames, lému­riens, perroquets, éléphants). Le parc comprend plus de 1000 animaux, dont 460 mammifères et 460 oiseaux. Les plus rares de ses pensionnaires sont les lémuriens de Madagascar (aye-aye et propithèque à couronne), le grand panda, l'okapi, les flamants des Andes, l'otarie à fourrure. Parmi  tous ces animaux fascinants, on remarquera une belle collection d'ours, dont un ours blanc arctique, un gigantesque éléphant mâle d'Asie, avec ses longues défenses, toute une famille de girafes fort élégantes. Beau­coup d'animaux se reproduisent dans le zoo, et l'on peut voir ainsi de nombreux nouveau-nés. Au parcours agrémenté de panneaux explicatifs, s'ajoutent de petites expositions où sont décrits, à l'aide de photos, les comportements, les modes de vie et de reproduction dans la nature de certains animaux (salle d'incubation et d'élevage, galerie des lémuriens, galerie du Sahara, exposition «les animaux et le froid »), montage audio­visuel, «De la puce à l'éléphant».

     

    Leur menu quotidien------

     

    Panda (2 fois par jour) : lait, œufs, carottes râpées, bananes, pommes, sel, sucre, plus un gros fagot de bambous.

    Eléphant: 5 kg de farine d'orge, 5kg de granulés bovins, 50 kg de foin et de luzerne verte, 5 kg de carottes.

    Aye-aye: noix de coco verte, canne à sucre, avocats, mangues, oranges, vers de farine, bouillie lactée.

    Ours à longues lèvres: viande crue, poisson cru, lait, riz, bananes, pain et miel, pommes et poires, salade, carottes.


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    Le musée d'Orsay

    De Manet à Toulouse-Lautrec

     

    Commanditée par la Compagnie ferroviaire Paris-Orléans, la gare d'Orsay fut édifiée, de 1898 à 1900, sur les plans de Victor Laloux. Un soin particulier avait été accordé à la décoration intérieure, et un hôtel de grand luxe avait été aménagé, mais, malgré ses 16 voies souterraines, la gare d'Orsay s'avéra rapidement ina­daptée aux progrès de la mécanisation et dès 1939, elle n'accueillait plus que les trains de banlieue. Le bâtiment servit ultérieurement à diverses fins, avant d'être menacé de destruction. Le gouvernement de Georges Pompi­dou décida de sauver ce témoin d'une architecture encore peu appréciée à l'époque, et, en 1977, celui de Valéry Giscard d'Estaing choisit de le trans­former en un vaste musée, qui cou­vrira finalement la période si riche en transformations artistiques qui va de 1848 à 1914. Dans l'extraordinaire hall de 32 m de haut, 40 m de large et 138 m de long, rendu à son aspect d'origine et aménagé pour la présenta­tion des œuvres par l'architecte ita­lienne Gae Aulenti, ont donc été regroupés non seulement les fabuleu­ses collections de peintures impres­sionnistes qui se trouvaient aupara­vant au musée du Jeu de Paume, mais aussi les sculptures, les objets décora­tifs, les meubles et les photographies qui permettent d'évoquer plus large­ment une des périodes les plus fertiles de l'histoire de France, que ce soit sur

     

    le plan social, politique, technique, architectural ou scientifique. Pour répondre à cet ambitieux projet, la visite du musée (inauguré en 1986) a été répartie en trois moments qui correspondent aux trois niveaux du bâtiment. Au rez-de-chaussée, les œuvres illustrant la période qui s'é­tend de 1848 à 1870 environ sont présentées dans l'allée centrale et les salles qui la jouxtent, avec l'idée de faire comprendre, par la confronta­tion des styles, des genres et des techniques, la variété et l'évolution d'une époque. Au quatrième niveau, où l'on doit se rendre ensuite, ont été disposées, en raison de la lumière zénitale qui éclaire ces salles, les toiles qui marquent, dès 1870, l'épanouisse­ment de la peinture impressionniste (Pissarro, Monet, Manet, Cézanne, Renoir), et d'autres post-impression­nistes (Seurat, Degas, Gauguin, Tou­louse-Lautrec, etc.). En redescendant sur les terrasses du niveau médian, on poursuivra la visite par les sculptures de Rodin, de Maillol et de Bourdelle, tandis que les salles qui se succèdent le long de la Seine montrent des œuvres des écoles symboliste, natura­liste et les tendances de l'Art Nou­yeau.

     

    À tout moment et à tous les étages, le musée présente en outre des exposi­tions temporaires qui traitent un aspect particulier de cette période artistique si foisonnante et complexe.

     


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    Les femmes dans la guerre

    Les 600000 veuves sont devenues le symbole du sacrifice des françaises dans le premier conflit mondial, ces femmes y ont également pris une part active et payé leur tribut à la victoire finale.

     

    "Ouvrières, paysanne ou infirmières, les femmes sont au cœur du conflit", insiste l'historienne Michelle Zancarini-Fournel dans l'ouvrage collectif "Combat de femmes 1914-1918 - Les françaises, pilier de l'effort de guerre" (Ed. Autrement). A la veille de la grande guerre, la France était encore largement rurale et 3.2 millions d'ouvrières agricoles et de femmes d'exploitants reprirent, du jour au lendemain, le travail de leur mari mobilisé. Emilie Carles, une jeune élève institutrice et future écrivaine, dut interrompre ses études pour revenir aider à la ferme familiale. "Nous avions une charrue toute simple, un araire avec un manche fait pour les hommes. Pour moi il était bien trop haut. Quand je faisais les sillons, chaque fois que j'accrochais une pierre, je recevais le manche dans la poitrine ou le visage. Pour moi, labourer était un véritable calvaire" écrivit elle plus tard. Les conditions de travail étaient également très difficiles et parfois dangereuses dans les usines d'armement où les femmes, communément appelées les "munitionnettes", furent recrutées massivement pour remplacer les hommes. Elles y représentèrent le quart du personnel, jusqu'au tiers en région parisienne. "Si les femmes qui travaillent dans les usines s'arrêtaient vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre" déclara un jour le maréchal Joffre. Leurs qualités de sérieux, de minutie et leur aptitude au travail répétitif ne furent pas toujours appréciées par les ouvriers. Les femmes étaient accusées d'augmenter les rendements, rendant donc leurs homologues masculins disponibles pour être envoyés au front.

    Veuves blanches

    Sur les 8 millions de soldats mobilisés, la France dénombra 1.4 million de morts et 4.3 millions de blessés, dont des centaines de milliers d'infirmes à vie. Ces pertes terribles affectèrent longtemps la société française, condamnant au célibat un grand nombre de jeunes femmes - les veuves blanches - suite au décès de près de 30% des hommes français âgés de 18 à 27 ans.

    Les rapports entre les soldats, dont une majorité était des réservistes rappelés, et leurs familles posèrent initialement problème au haut commandement qui craignait des vagues de désertion si les militaires rentraient chez eux. Peu de permissions furent donc accordées avant 1915. Les épouses qui tentaient de rencontrer leur mari à l'arrière du front étaient pourchassées. Sur le champ de bataille, 74 infirmières sur les 850 des antennes chirurgicales mobiles, dites "autochirs" perdirent la vie. Environ 120 000 femmes servirent, souvent à titre bénévole, dans ou avec le service de santé militaire. Mais excepté pour les infirmières, le commandement était réticent au port de l'uniforme par les femmes, comme à leur confier des tâches strictement militaires. Néanmoins, des femmes patriotes jouèrent, parfois d'elles-mêmes, un rôle important dans la collecte de renseignement.

    Héroïnes

    Louise de Bettignies, 28 ans, dirigea un vaste réseau de renseignement dans Lille occupée, jusqu'à son arrestation et sa condamnation pour espionnage en 1915; Elle fut sauvée par une intervention du Pape mais décéda de maladie dans une prison allemande en 1918. Emilienne Moreau devint une héroïne nationale à seulement dix-sept ans. Fille de mineur à Loos les Lens (devenu Loos en Gohelle) dans le Nord, elle étudiait pour devenir institutrice quand sa région fut occupée par les Allemands en 1914. Lorsque les troupes britanniques reprirent la ville en septembre 1915, Melle Moreau se dirigea vers elles malgré les tirs et les guida pour leur permettre de prendre les Allemands à revers. Elle transforma sa maison en poste de secours, abattit deux soldats allemands au revolver et lança une grenade dans un abri où d'autres s'étaient réfugiés. Elle fut la première femme citée à l'ordre de l'armée et fut également reçue par le président de la république. Les britanniques lui décernèrent la Military Medal et réalisèrent un film à sa gloire : The Joan of Arc of Loos.

    Les femmes dans la guerre

    Pendant la seconde guerre mondiale, Emilienne Moreau se distingua à nouveau. Son rôle dans la résistance lui valut alors d'être une des six femmes à avoir été faites "Compagnon de la Libération", une distinction attribuée à seulement 1038 personnes pendant toute la guerre. Devenue institutrice, elle avait été placée en résidence surveillée par les allemands quand ils réoccupèrent la région en 1940. Mais elle passa dans la clandestinité et eut un rôle extrêmement actif dans le réseau de renseignement "Brutus". Pourchassée par la gestapo, elle fut exfiltrée par avion vers la Grande Bretagne en 1944.

    Les femmes dans la guerre

     


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