• François Ier, prince de la Renaissance - 1494-1547

    L ’alliance de la force et de l'urbanité

     

    Fils de Charles d'Angoulême et de Loui­se de Savoie, François Ier naît à Cognac le 12 septembre 1494. Comme sa sœur Marguerite, il reçoit une excellente for­mation humaniste. Gendre de Louis XII, il lui succède sur le trône en 1515. La société d’alors est en pleine muta­tion, et François Ier, personnage sédui­sant, aimant la vie sous toutes ses for­mes, en sera l’une des figures dominan­tes. A la fois homme d’Etat, chef de guerre et mécène, il symbolise parfaite­ment le prince de la Renaissance. Sous son règne, le prestige du pouvoir royal s’affirme, premier signe du caractère moderne du XVIe siècle.Homme de guerre, François Ier rempor­te sur les Suisses, en 1515, la célèbre victoire de Marignan; peu après, il signe à Bologne un concordat qui lui permet de contrôler l’Eglise de France. La Réforme naissante commence à pénétrer les consciences; l’opinion publique soutient donc son roi luttant contre Charles Quint; elle s’émerveille devant des épisodes épiques, comme l’entrevue du Camp du Drap d’or avec Henri VIII, la mort de Bayard face au connétable de Bourbon, l’entrée des Turcs à Toulon.Mais l’audace des réformateurs ne tarde pas à éveiller la méfiance de François Ier; P«affaire des placards» consomme sa rupture avec eux; il laisse la Sorbon- ne sévir contre certains tenants des idées nouvelles ou contre ceux qui, comme Rabelais, chansonnent trop ouverte­ment les institutions ecclésiastiques; il affirme surtout la loyauté de la couron­ne de France envers la foi catholique. Roi mécène, François Ier comprend l’importance des lettres et des arts pour la gloire de son règne, comme en té­moignent la fondation du Collège des lec­teurs royaux, futur Collège de France, l’amitié du prince avec Léonard de Vin­ci, la construction des châteaux de Chambord, de Chenonceaux, d’Azay- le-Rideau, l’essor de l’école de Fontaine­bleau, la reconstruction du Louvre. Les humanistes et les fervents amis de l’Antiquité trouveront en lui le plus intel­ligent et le plus raffiné des protecteurs. François Ier laisse l’image d’un «Roi- Chevalier», auquel la France doit son ouverture vers un brillant renouveau culturel.


    votre commentaire
  •  

    Charlemagne - 742-814

    Le père de l'Europe

    De tous les souverains du Moyen Age, nul ne mérite mieux que Charles Ier le surnom de «Grand». Il naît le 2 avril 742. Seul roi des Francs, après la mort de son frère, il commence à agrandir son domaine. Ayant défait Didier, roi des Lombards, il lui ravit la fameuse couronne de fer; s’érigeant protecteur de l’Eglise, il con­firme au pape la donation accordée autrefois par Pépin le Bref; puis il s’attaque aux Saxons. Aidés par la nature du pays forestier et marécageux, ceux-ci résistent plus de trente ans, conduits par leur chef Widukind; la guerre est menée cruellement de part et d’autre. Mais Charles agit aussi en civilisateur, évangélisant ces barba­res, construisant des églises et des forte­resses qui donneront naissance à des vil­les importantes. En 785, Widukind se rend et reçoit le baptême; de cette con­quête capitale sortira l’Allemagne. Pour protéger son nouvel Empire, Char­les crée les «marches», territoires mili­taires frontaliers faisant face aux barba­res; on peut citer la Marche de Brande­bourg, berceau de la Prusse, et l’Ost- mark, la future Autriche; en Espagne, Charles prend la Catalogne aux Sarra­sins. C’est au retour de cette expédition que son arrière-garde est massacrée à Roncevaux; cet épisode sera célébré plus tard dans la Chanson de Roland. En 800, Charles domine tout l’Occident; le pape lui demande protection et, en retour, lui confère la couronne impé­riale, la nuit de Noël 800. Il n'est pas certain que Charles ait désiré cet honneur qui le mettait en compéti­tion avec l’empereur byzantin dont il recherchait l’alliance. D’ailleurs, ce der­nier n’acceptera qu’en 812 de l’appeler «frère». Pour Charles, l’Empire n’est qu’un idéal moral qui lui permet d’unifier l’Occident sous son pouvoir temporel; le peuple obéit donc à deux autorités, celle du pape et celle de l’empereur, qui, au sur­plus, s’introduit désormais dans les affaires ecclésiastiques; de l’entente de deux princes dépendra l’équilibre de la société médiévale. Grâce à l’organisation, à la fois souple et centralisée, de son administration, Charles rétablit l’ordre dans ses Etats et fait renaître un semblant de civilisation. Il protège les arts, répand l’instruction, créant notamment les premières écoles gratuites. Peu instruit, mais d’esprit curieux, il paie d’exemple et apprend à écrire. S’inspirant de l’architecture by­zantine, il édifie églises et monuments. Malheureusement, l’œuvre ne survivra pas à son fondateur; le partage de l’Empire, survenu après la mort de Charle­magne, aura une influence décisive sur l’histoire de l’Europe.


    votre commentaire
  • Charles le Téméraire - 1433-1477

    Le don Quichotte français

    Sanguin, cheveux noirs et yeux bleus, assez grand, large d’épaules, impulsif, impatient et coléreux, courageux au combat mais aussi pieux et travailleur appliqué, Charles le Téméraire avait reçu une éducation soignée. Parlant aussi bien flamand que français, il était grand amateur de musique et de tous les beaux-arts. Né à Dijon le 10 novembre 1433, ce descendant de Philippe le Hardi (le frère de Charles V) avait suc­cédé en 1467 à son père, Philippe le Bon, comme duc de Bourgogne. Il était en même temps comte de Flandre, d’Artois et de Franche-Comté, de Hol­lande et de Zélande, duc de Brabant, de Hainaut, de Luxembourg, de Limbourg et de Gueldre, seigneur de Frise, maître de toute la Picardie au nord de la Som­me. On l’appelait parfois «le grand duc d’Occident». Son rêve était d’annexer soit la Champagne, terre française, soit la Lorraine ou l’Alsace, alors provinces germaniques, soit même ces trois ré­gions pour faire de ses Etats un seul ensemble territorial, du Zuyderzee aux abords du Rhône et de la Loire, entre France et Allemagne. En 1469, il réussit d’ailleurs à se faire céder la Haute- Alsace par l’empereur. Charles le Téméraire fut le grand adver­saire de Louis XI dont il était le plus puissant vassal. En 1467, il punit les Liégeois qui s’étaient révoltés contre leur évêque, son parent et allié, avec l’aide du roi de France. Comme celui-ci les avait poussés à une nouvelle révolte, Charles le contraignit, par le traité de Péronne (1468), à prendre part à la ré­pression du soulèvement. Il envahit la France au sud de la Somme en 1472, mais fut arrêté à Beauvais, dont la résis­tance a immortalisé une des femmes qui participèrent aux combats, Jeanne Hachette. Ses visées expansionnistes lui valurent de la part des cantons suisses et du duc de Lorraine une hostilité aiguisée et alimentée par Louis XI. Il réussit à prendre momentanément Nancy en 1475, mais fut battu par les Suisses en 1476 à Grandson (2 mars) puis à Morat (22 juin); il fut tué sous les murs de Nancy le 5 janvier 1477 alors qu’il ten­tait de reprendre la capitale lorraine. Son corps dépouillé ne fut retrouvé que deux jours plus tard, le visage mangé par les loups. Aussitôt, Louis XI occupa la Picardie (y compris le Boulonnais), la Bourgogne et même l’Artois et la Franche-Comté. (Ces deux provinces ne purent être con­servées par Charles VIII.) Les autres Etats du Téméraire furent apportés à la maison d’Autriche par sa fille unique, Marie de Bourgogne, épouse de Maxi- milien de Habsbourg et future grand- mère de Charles Quint. Ainsi, le danger bourguignon, legs de la guerre de Cent Ans, fut l’une des préfaces à notre lutte contre la maison d’Autriche.


    votre commentaire
  • Madame de Pompadour - 1721-1764

    L’égérie du Bien-Aimé

     

    Jeanne-Antoinette Poisson est la fille d’un agent des frères Pâris, grands financiers du Régime, et, par sa mère, la petite-fille d’un boucher. Ses parents n’épargnent pas leurs écus pour lui faire donner une éducation raffinée. En 1741, un oncle, Le Normant de Tournehem, lui fait épouser son neveu, Charles- Guillaume Le Normant d’Etioles. Une intrigue menée par les familiers de Louis XV sert l’ambition de la petite Poisson: au lendemain de Fontenoy, en juillet 1745, elle est introduite à Versail­les en qualité de «maîtresse déclarée». L’acquisition du domaine de Pompadour la fait marquise et un jugement en sépa­ration de biens la libère d’un époux devenu embarrassant. Le règne de la marquise durera vingt ans et ne se ter­minera qu’à sa mort. Les secrets de son pouvoir, dans les cinq ou six premières années, sont la séduction de sa beauté et de sa grâce; par la suite, sa fidélité et son intelligence. Elle chante et joue la comédie délicieusement; or, Louis XV est grand amateur de théâtre. Elle a le goût sûr et fait appel aux meilleurs artis­tes pour la construction et la décoration de ses châteaux. Véritable mécène, elle protège les encyclopédistes: Marmontel, Crébillon, Helvétius, Voltaire, dont elle facilite l’entrée à l’Académie. Elle fonde la manufacture de Sèvres et soutient de ses deniers, à Paris, la construction de l’Ecole militaire sous la direction de son architecte favori, Gabriel. En 1752, elle a droit au tabouret des dames de quali­té; en 1756, elle est nommée dame d’atour du palais de la reine. C’est vers 1751 que l’influence de la marquise s’étend à la politique: elle fait et défait les ministres, fait renvoyer Machault et d’Argenson, soutient à bon droit Choi- seul, mais aussi des incapables comme l’abbé de Bernis et Soubise, le vaincu de Rossbach. Elle pousse à l’interdiction de l’ordre des Jésuites et, en 1757, entraîne Louis XV dans la guerre de Sept Ans. Jeanne-Antoinette s’est toujours ingé­niée, avec un grand savoir-faire, à dis­traire un roi morose, vite lassé. Active, spirituelle, gaie, elle sait organiser les plaisirs de son amant. Plus tard, demeu­rée une amie sûre, une confidente et une conseillère irremplaçable, elle ferme les yeux sur les rendez-vous galants de Louis XV dans sa petite maison du Parc-aux-Cerfs. Les encourage-t-elle? les organise-t-elle? On l’a dit sans preu­ves; elle a certes intérêt à les contrôler: les fillettes de passage sont moins dan­gereuses pour elle qu’une rivale unique. La période Pompadour est la plus importante du règne de Louis XV. La marquise crée un style auquel son nom reste attaché. Toutefois, elle est impopu­laire: la noblesse accepte mal l’introduc­tion d’une bourgeoise à Versailles; le peuple lui reproche ses dépenses consi­dérables; les esprits clairvoyants dénon­cent ses intrigues politiques et sa volonté de domination.


    votre commentaire
  • Marie-Antoinette - 1755-1793

    Une reine tragique

    Née en 1755, Marie-Antoinette est la fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche. Le ministre de Louis XV, Choiseul, est partisan d’une bonne entente entre la France et l’empire des Habsbourg; il négocie le mariage de la jeune princesse avec le dauphin Louis, âgé de 15 ans et petit-fils de Louis XV. Le mariage a lieu le 16 mai 1770; les deux époux sont presque des enfants et cèdent souvent à la mauvaise influence des courtisans de Versailles: Marie- Antoinette se signale par son goût pour les bals, les fêtes, les jeux et les plaisirs en honneur à la cour frivole et corrom­pue de Louis XV. Quand le dauphin monte sur le trône en 1774 et devient le roi Louis XVI, il est embarrassé par la légèreté et l’étourderie de sa femme; la famille de celle-ci, en particulier Marie-Thérèse, puis l’empe­reur Joseph II lui écrivent pour lui reprocher ses dépenses excessives que les Français condamnent également. En 1778, la reine donne le jour à une fille, la future duchesse d’Angoulême, connue sous le nom de «Madame Royale»; en 1781 naît un fils, le dauphin, qui meurt en 1789; il est suivi, en 1785, d’un autre fils, qui mourra en prison sous le nom de Louis XVII; cette même année, la reine est compromise dans un scandale financier, la célèbre «affaire du Collier», qui fait grand fracas et pro­voque l’hostilité populaire. Marie-Antoinette exerce sur Louis XVI, homme bon, mais faible, une influence grandissante; elle le pousse à l’intransi­geance face aux réformes réclamées par les ministres. Le 6 octobre 1789, le peuple de Paris vient à Versailles cher­cher la famille royale et la ramène de force dans la capitale. La reine demande secrètement à l’Autriche et à la Prusse d’intervenir; puis, en juin 1791, tente de fuir à l’étranger avec Louis XVI et ses enfants; mais c’est l’échec de Varennes et, en août 1792, la chute des Tuileries et l’emprisonnement à la tour du Temple. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est exé­cuté; on arrache à sa veuve son fils et sa fille et on l’emprisonne à la Conciergerie du Palais de Justice. Jugée par le Tribu­nal révolutionnaire et condamnée à mort, Marie-Antoinette est guillotinée le 16 octobre 1793 après avoir montré, dans ses derniers moments, un grand courage et une grande dignité.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique