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    Charles VI - 1368-1422

    Il y a grande pitié...

     

    La guerre de Cent Ans a mal commencé pour la France mais Charles V, grâce à son habileté, a rétabli la situation. Quand il meurt, le 16 septembre 1380, ses frères profitent de la minorité du nouveau roi Charles VI pour confisquer le pouvoir à leur profit. Mais, en 1389, après son mariage avec Isabeau de Bavière, Charles VI renvoie ses oncles et gouverne par lui-même; il s’entoure d'anciens conseillers de son père, que le peuple surnomme les Marmousets. L’administration s’améliore mais les dé­penses publiques s’accroissent; le frère du roi, le duc d’Orléans, est un jouisseur effréné; sur ce point, il s’entend bien avec la reine Isabeau, qu’on accuse vite de relations coupables avec son beau- frère. La vie dissipée qu’on mène au palais compromet l’équilibre du jeune roi. Le 4 août 1392, chevauchant avec sa suite, ce dernier est pris d’un accès de démence et tue quatre hommes avant d’être maîtrisé. Dès lors, passant tour à tour de la folie à la lucidité, il est hors d’état d’exercer le pouvoir; dans ses moments d’égarement, il brise tout ce qui l’entoure ou, au contraire, tombe dans une prostration profonde, ne reconnaissant personne, oubliant même qu’il est roi. Devenu régent de fait, Orléans donne libre cours à ses débordements; son cousin Jean sans Peur, le nouveau duc de Bourgogne, se dresse contre lui et finit par le faire assassiner. Ce crime déchaîne la guerre civile; à Paris et en province s’affrontent les Armagnacs, partisans d’Orléans, et les Bourguignons, qui soutiennent Jean sans Peur. Le roi d’Angleterre, Henri V, rallume alors la guerre; débarqué en Norman­die, il écrase les Français à Azincourt, le octobre 1415, et emmène en captivité le jeune duc d’Orléans. Jean sans Peur veut en profiter pour conquérir Paris, mais il échoue. Exaspé­ré, il se rallie à Henri d’Angleterre et lui promet le trône de France. Un instant maître du pays, il est assassiné le 10 septembre 1419. Pour le venger, son fils Philippe le Bon signe, avec la complicité d’Isabeau, le honteux traité de Troyes: le roi d’Angle­terre épousera Catherine, fille de Char­les VI, qui lui apportera la France en dot. Le dauphin Charles, déclaré bâtard, est déshérité; il se réfugie à Bourges avec ses derniers partisans. Le pauvre roi fou n’a pas conscience de ces événements tragiques. Lorsqu’il meurt, le 21 octobre 1422, Henri d’An­gleterre lui succède officiellement. Il n’y a plus de France...


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  • Diane de Poitiers - 1499-1566

    «La Dame d’Anet» ou «la Grande Chasseresse» 

     

    Dans ce XVIe siècle si riche en premiers rôles féminins, Diane de Poitiers occupe une place de choix. Née en 1499, fille aînée de Jean de Poi­tiers, seigneur de Saint-Vallier, elle est mariée le 20 mars 1515 à Louis de Bré- zé, comte de Mauleuvrier, grand séné­chal de Normandie. Elle devient dame d’honneur de la reine Claude. Son père est compromis dans la conjuration du connétable de Bourbon (1523), mais elle obtient sa grâce. Devenue veuve en 1531, elle fait ériger à son mari le super­be mausolée que l’on voit encore dans la cathédrale de Rouen. Elle devient la favorite du dauphin Henri. En 1533, ce dernier a épousé Catherine de Médicis dont il a un fils en 1544, une fille en 1545. Il monte sur le trône en 1547. Il a vingt ans de moins que celle qui restera sans conteste, jusqu’à sa mort en 1559, l’objet de sa passion. Situation délicate à la cour que celle de Diane de Poitiers: avant 1547, elle doit côtoyer la maîtresse en titre de François Ier, la duchesse d’Etampes, séduisante, vive, passionnée; son amant devenu roi, elle se heurte à Catherine. Diane cède devant la première et, à la mort de Fran­çois Ier, la fait exiler; mais elle s’impose face à la seconde qui semble accepter ce rôle effacé. En échange, Diane lui rend les meilleurs services auprès du roi qu’«elle exhorte souvent, note l’ambas­sadeur vénitien, à dormir auprès de la reine». Diane apparaît comme le symbole de la beauté féminine. Elle traite son corps à l’eau froide et lui garde une éternelle jeu­nesse. Sportive, sans cesse en éveil, elle est toujours présente aux côtés du roi, au Conseil, a la chasse. Son influence est réelle, mais elle n’intervient que modestement dans les affaires du gou­vernement. Hostile aux protestants, elle se voit reprocher la rupture de la trêve de Vaucelles et ses liens avec Montmo­rency ou les Guise. Son prénom est pour les artistes un véri­table talisman. Henri II dépense pour elle des sommes considérables; elle pro­tège les arts, souvent dans son propre intérêt, car elle se montre dure et avide; elle reçoit Chenonceaux qu’elle échange plus tard avec Catherine et, en 1548, fait construire Anet, ce bijou luxueux. Quand meurt Henri II, tout change pour Diane. Elle comprend rapidement, quit­te la cour, se retire au château d’Anet. Elle y vit loin des courtisans, abandon­nant la politique à la veuve triomphante, vêtue de noir, Catherine de Médicis. Elle meurt en 1566, laissant deux filles.


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    Leonora Galigaï - Vers 1576-1617

    L ’âme damnée

    Leonora Dori se prétendait la fille d’un gentilhomme florentin. En fait, son pére, Jacques de Bastein, était charpentier. Sa mère, Catherine Dori ou Dosi, nourrice de Marie de Médicis, aurait été alliée à la très ancienne famille italienne des Galigaï. C’est en tout cas sous ce nom que Leo­nora arrive au Louvre, en 1600, accom­pagnant sa sœur de lait devenue reine de France. Elle a grandi à ses côtés dans le palais du grand-duc de Toscane; elle a toujours eu sur son esprit un grand ascendant. En 1610, après la mort d’Henri IV, Marie devient régente pen­dant la minorité de son fils Louis XIII; dès lors, il n’y a plus de frein à la domi­nation et à l’ambition de Leonora: pen­dant dix-sept ans, c’est le règne des Concini. En 1601, à Paris, la Galigaï a épousé un compatriote, Concino Concini, un aven­turier ayant de vagues droits à se faire appeler comte délia Penna. Par sa fem­me, à qui la régente ne sait rien refuser, il parvient aux plus grands honneurs et aux plus hautes charges: ayant débuté comme maître d’hôtel de la reine, nom­mé ensuite écuyer du roi, il devient pre­mier gentilhomme de la Chambre, con­seiller d’Etat, gouverneur de Picardie, titulaire du marquisat d’Ancre, offert par la souveraine, maréchal de France, enfin Premier ministre. Les Concini détiennent tout le pouvoir, disposent de tout dans le royaume; sur leurs conseils, Marie de Médicis congé­die Sully; elle se rapproche des Espa­gnols auxquels sont vendus les Concini; à deux reprises, elle achète très cher l’obéissance de Condé et des protestants; enfin, le Trésor étant pillé par les deux favoris, elle doit réunir les états géné­raux en 1614, sans résultat. Les effets néfastes de la politique du maréchal d’Ancre, son incompétence, sa cupidité, sa vanité arrogante, son ambi­tion insatiable le rendent violemment impopulaire et le font détester à la cour. Louis XIII, devenu majeur à 16 ans, poussé par son ami, le duc de Luynes, veut se débarrasser de l’intrigant Italien et reprendre le pouvoir: le 24 avril 1617, à la porte du Louvre, Concini est assas­siné par Vitry, le capitaine des gardes du roi. Peu de jours après, sa femme est arrêtée et jugée sans que la reine mère ose s’y opposer. Accusée d’avoir gou­verné celle-ci à son profit, d’avoir dirigé à son gré sa conduite, ses affections et ses haines, Leonara répond simplement: «Mon art est l’ascendant d’une âme forte sur un esprit faible.» Les juges donnent un nom à cet art: la magie. Leonora, en bonne Florentine, est superstitieuse; elle craint les démons et l’ensorcellement; elle consulte volontiers astrologues et cabalistes. Se livra-t-elle à des pratiques de sorcellerie? On ne peut le prouver. De toute manière, c’est comme ensorceleuse, pour «crime de lèse-majesté divine et humaine», que la Galigaï, maréchale d’Ancre, est décapi­tée et brûlée en place de Grève, le 8 juil­let 1617.


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  • François, duc d’Anjou - 1554-1584

    «Le prétendant d’Elisabeth»

    Cinquième fils d’Henri II et de Catheri­ne de Médicis, François, «le petit mori- caud» comme l’appelle sa mère, quitte en 1574, à la mort de Charles IX, le titre de duc d’Alençon pour prendre celui de duc d’Anjou, jusque-là porté par son frère devenu Henri III. François devient en même temps prétendant au trône et, comme tel, participe à toutes les intrigues, soit pour se procurer un «emploi» à l’extérieur, soit pour satisfai­re son ambition à l’intérieur du royau­me, en profitant des troubles des guerres de religion. A l’intérieur, il s’allie, de façon intermit­tente et opportuniste, avec les politiques ou les protestants. En 1573, nommé lieutenant général du royaume, il tente de s’enfuir du Louvre avec Henri de Navarre; l’affaire échoue, mais ses com­plices, La Mole et Coconas, sont exécu­tés. En septembre 1575, l’évasion est réussie. Le 17 septembre, le duc publie un manifeste où il déclare «ne plus pou­voir supporter le spectacle des malheurs du royaume» et «recevoir sous sa pro­tection les Français des deux religions». Il participe à la cinquième guerre de reli­gion et négocie avec sa mère la paix de Beaulieu, ou paix de Monsieur, signée le 6 mai 1576, véritable capitula­tion de l’autorité royale. Il prend ensuite les armes contre ses anciens alliés huguenots. L’essentiel demeure ses intrigues exté­rieures. D’abord comme prétendant d’Elisabeth d’Angleterre, qu’il a visitée en septembre 1579; la reine est inquiète des progrès de l’Espagne: Philippe II est reconnu, en avril 1580, roi du Portugal. Le 8 juin 1581, le contrat de mariage entre Elisabeth et François d’Anjou est signé à la grande joie de Catherine de Médicis, mais le projet échouera. Plus spectaculaires encore sont les visées du duc d’Anjou sur les Pays-Bas espa­gnols révoltés contre Philippe II. A dif­férentes reprises, le duc se rend dans ces provinces; en mai 1581, il y est reconnu prince souverain par l’Union d’Utrecht. En février 1582, il y est reçu comme duc de Brabant puis comme comte de Flan­dre. Mais une tentative malheureuse contre Anvers (la furie d’Anvers), en janvier 1583, lui aliène les esprits. En 1584, en face de l’avancée de Farnèse, général espagnol, les états généraux et Guillaume d’Orange font une nouvelle fois appel à lui. Mais le duc d’Anjou se meurt de phtisie le 10 juin 1584: Il          lègue à son frère la ville de Cambrai. Sa mort met fin au projet de mariage anglais et aux velléités de conquête des Valois. La question des Pays-Bas n’est pas réglée: s’ouvre celle de la succession monarchique. Henri III reconnaît Henri de Navarre, protestant, comme unique héritier.


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    Gabrielle d’Estrées - 1573-1599

    La «presque reine...»

    D’un père, Antoine de Bourbon, et d’une mère, Jeanne d’Albret, qui s’ado­raient, Henri IV a recueilli le goût et le culte de l’amour. Son mariage avec Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis, a été un échec que sa liaison de sept années avec la «Belle Corisande», veuve de Philibert de Gramont, n’a pu lui faire oublier. En 1589, au château de Cœuvres, «le Vert Galant» rencontre Gabrielle, fille d’Antoine d’Estrées, grand maître de l’artillerie. Issu d’une des plus illustres maisons de Picardie, le marquis d’Estrées a cinq filles et deux garçons qu’il appelle «ses péchés mortels». Gabrielle est blonde et potelée; une légè­re coquetterie met en valeur son teint de lait et ses yeux bleus. Henri IV aime «cette Vénus picarde aux rondeurs fla­mandes», qui lui résiste pendant plus d’une année et demie; elle aime en effet Bellegarde, le grand écuyer; mais elle finit par succomber, à l’époque du siège de Rouen, aux assiduités pressantes du Béarnais: les deux places tombent en même temps. Que représente la jeune fille pour le roi? Une correspondance directe et enflam­mée en témoigne: Henri l’appelle son «bel ange», sa «vérité», son «tout». Il lui confie: «Mon Menou, je ne vous ver­rai pas de dix jours, c’est pour en mou­rir.» Cet amour est-il réciproque? Sans doute. Mais, pour Gabrielle, le plus important est de se faire épouser; là rési­de le rôle politique qu’elle joue au sein même du processus de reconstruction entrepris par Henri IV et Sully. Le roi la comble de grâces, la marie d’abord à d’Amerval de Liencourt; puis ce maria­ge est dissous pour permettre à Gabriel­le d’épouser le roi; pour elle, ce dernier érige le comté de Beaufort en duché- pairie. De son côté, Gabrielle s’attache le dévouement de certains grands; elle favorise la conversion du roi, facilite son accord avec le duc de Mayenne, puis avec le duc de Mercoeur; ce dernier donne sa fille, une des plus riches héri­tières du royaume, à César, l’aîné des enfants de Gabrielle et d’Henri IV. Sans avoir le titre de reine, Gabrielle en a tous les honneurs; la procédure en divorce du roi va bon train, mais Mar­guerite de Valois, furieuse de cette mé­salliance et soutenue par le pape, résiste; d’autre part, une partie de l’opinion murmure contre Gabrielle, «la duchesse d’Ordures». Pourtant, le roi considère que celle-ci a toutes les qualités pour le rendre heureux: elle est affable, polie, douce et bienfaisante; elle est toujours présente à ses côtés. Mais le mariage florentin menace l’avenir de Gabrielle: invitée à Paris chez le riche financier Zamet, elle y meurt en 1599.


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