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Charles le Téméraire - 1433-1477
Sanguin, cheveux noirs et yeux bleus, assez grand, large d’épaules, impulsif, impatient et coléreux, courageux au combat mais aussi pieux et travailleur appliqué, Charles le Téméraire avait reçu une éducation soignée. Parlant aussi bien flamand que français, il était grand amateur de musique et de tous les beaux-arts. Né à Dijon le 10 novembre 1433, ce descendant de Philippe le Hardi (le frère de Charles V) avait succédé en 1467 à son père, Philippe le Bon, comme duc de Bourgogne. Il était en même temps comte de Flandre, d’Artois et de Franche-Comté, de Hollande et de Zélande, duc de Brabant, de Hainaut, de Luxembourg, de Limbourg et de Gueldre, seigneur de Frise, maître de toute la Picardie au nord de la Somme. On l’appelait parfois «le grand duc d’Occident». Son rêve était d’annexer soit la Champagne, terre française, soit la Lorraine ou l’Alsace, alors provinces germaniques, soit même ces trois régions pour faire de ses Etats un seul ensemble territorial, du Zuyderzee aux abords du Rhône et de la Loire, entre France et Allemagne. En 1469, il réussit d’ailleurs à se faire céder la Haute- Alsace par l’empereur. Charles le Téméraire fut le grand adversaire de Louis XI dont il était le plus puissant vassal. En 1467, il punit les Liégeois qui s’étaient révoltés contre leur évêque, son parent et allié, avec l’aide du roi de France. Comme celui-ci les avait poussés à une nouvelle révolte, Charles le contraignit, par le traité de Péronne (1468), à prendre part à la répression du soulèvement. Il envahit la France au sud de la Somme en 1472, mais fut arrêté à Beauvais, dont la résistance a immortalisé une des femmes qui participèrent aux combats, Jeanne Hachette. Ses visées expansionnistes lui valurent de la part des cantons suisses et du duc de Lorraine une hostilité aiguisée et alimentée par Louis XI. Il réussit à prendre momentanément Nancy en 1475, mais fut battu par les Suisses en 1476 à Grandson (2 mars) puis à Morat (22 juin); il fut tué sous les murs de Nancy le 5 janvier 1477 alors qu’il tentait de reprendre la capitale lorraine. Son corps dépouillé ne fut retrouvé que deux jours plus tard, le visage mangé par les loups. Aussitôt, Louis XI occupa la Picardie (y compris le Boulonnais), la Bourgogne et même l’Artois et la Franche-Comté. (Ces deux provinces ne purent être conservées par Charles VIII.) Les autres Etats du Téméraire furent apportés à la maison d’Autriche par sa fille unique, Marie de Bourgogne, épouse de Maxi- milien de Habsbourg et future grand- mère de Charles Quint. Ainsi, le danger bourguignon, legs de la guerre de Cent Ans, fut l’une des préfaces à notre lutte contre la maison d’Autriche.
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