• Nouveaux Icare 

    Joseph, 1740-1810 - Etienne, 1745-1799

    La philosophie des lumières, basée sur la raison, la curiosité universelle, la foi dans la libération de l’homme et son avancement, est fortement inspirée par la science. Le XVIIIe siècle, particulière¬ment en sa deuxième moitié, est riche en savants, mathématiciens, astronomes, géographes, chimistes, naturalistes; leurs découvertes et leurs expériences sont suivies avec enthousiasme par le public. On sort des spéculations intellec¬tuelles pour entrer dans le domaine des applications techniques. De 1776 datent les premiers essais de navigation mariti¬me à vapeur et, sept ans plus tard, de navigation aérienne par Joseph et Etien¬ne Montgolfier.
    C’est le 4 juin 1783, jour de la réunion des Etats du Vivarais à Annonay, que les deux frères, maîtres papetiers en cette ville, présentent une curieuse machine: une sphère faite de toile dou¬blée de papier, d’environ 12 m de diamè¬tre, d’un poids de 245 kg, et contenant 800 m3 d’air chauffé par un feu de paille et de laine placé en dessous, dans un panier en fil de fer. C’est le premier aé¬rostat; il s’élève à 500 mètres et par¬court quelque 2 kilomètres.
    Le procès-verbal de l’expérience, com¬muniqué à l’Académie des sciences et diffusé par les gazettes, a un retentisse¬ment considérable. Une souscription, ouverte pour réunir les fonds nécessai¬res à une nouvelle tentative, est couverte de signatures illustres. Louis XVI s’inté¬resse personnellement à l’invention des Montgolfier. Ceux-ci font construire par le marchand de papiers peints, Réveil¬lon, un globe qui, gonflé à l’air chaud, est lancé à Versailles devant la cour, le roi, la reine et le dauphin, le 19 septem¬bre 1783. Dès lors, les vols se succè¬dent. La plupart des ballons sont gonflés à l’hydrogène. Le 21 novembre 1783, les premiers voyageurs prennent place dans une nacelle, Pilâtre de Rozier, intendant des cabinets d’histoire naturel¬le et de physique de Monsieur, frère du roi, et le marquis d’Arlandes. Partis de la Muette, ils atterrissent à la Butte-aux- Cailles. Le 13 janvier 1784, Joseph Montgolfier participe à une ascension de Pilâtre avec six autres personnes. Par la suite, ni son frère ni lui ne poursuivent le perfectionnement de leur aérostat. La montgolfière ne sert plus qu’aux fêtes et au divertissement des foules. Le 10 dé¬cembre de cette fameuse année 1783, l’Académie des sciences reçoit les Mont¬golfier, et Louis XVI anoblit par lettre patente leur famille. Joseph, l’aîné, pour-suit des travaux de recherche; il est l’inventeur, en 1792, du «bélier hydrau¬lique» et devient l’un des directeurs du Conservatoire des arts et métiers, créé par la Convention en 1794.


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  • Premières théories sur l'hérédité

    Jean-Baptiste Lamarck naît le 1er août 1744 à Bazentin dans le nord de la France. Il embrasse d’abord la carrière des armes, mais il s’en détourne ensuite pour se consacrer à l’étude de la médeci­ne et de la botanique. Au XVIIIe siècle, c’est Buffon qui fait autorité en matière de sciences naturelles; il remarque vite les dons scientifiques de Lamarck et le prend sous sa protection. En effet, ce dernier vient d’imaginer une nouvelle et ingénieuse classification des plantes; il écrit une étude sur la Flore française qui est imprimée grâce à Buffon. Celui-ci n’hésite pas à confier à Lamarck l’édu­cation de son fils en matière de botani­que, preuve supplémentaire de sa con­fiance. Entre 1781 et 1782, Lamarck fait plu­sieurs voyages d’études en Hollande, en Allemagne et en Hongrie. D’après ses observations personnelles, il rédige un Dictionnaire de botanique. Grâce à Buf­fon encore, il obtient le poste modeste mais sûr de garde des herbiers du cabi­net du roi. Lamarck doit attendre la Révolution pour devenir professeur d’histoire des animaux à sang blanc au Muséum d’his­toire naturelle qu’on vient de réorgani­ser. Poursuivant ses recherches, notam­ment sur la faune et les fossiles, il rem­place l’appellation «animaux à sang blanc» par celle d’«animaux sans vertè­bres». Examinant les coquilles et les polypiers fossiles, il est amené, par com­paraison, à concevoir l’hypothèse révo­lutionnaire du «transformisme» des espèces, c’est-à-dire de la mutation de celles-ci au cours des âges. Dans sa vieillesse, Lamarck a la tristes­se de perdre la vue. Lui, si fidèle obser­vateur de la nature, ne peut plus travail­ler. Ce malheur n’est d’ailleurs pas venu seul: au cours de sa longue vie, Lamarck a connu trois fois le veuvage et a dû élever huit enfants dans les pires conditions matérielles. En effet, son gé­nie est resté très longtemps méconnu et, pendant un siècle, c’est Darwin qui héri­tera de sa gloire. Après sa mort, en 1829, ses filles sont privées de ressour­ces: elles doivent vendre son fameux herbier, ses meubles et même ses livres.


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  • La science au service de l’homme
     
    L'homme auquel doivent tant la biologie et la médecine modernes est né d’une modeste famille de Dole, dans le Jura, en 1822. A 26 ans, il soutient une thèse remarquée qui démontre les rapports de la composition moléculaire avec la ré­fraction de la lumière, et qui établit les bases de la stéréochimie. Nommé à Lille en 1854, il étudie le phé­nomène de la fermentation et en établit l’origine à l’aide d’expériences aussi ingénieuses que rigoureuses; il détruit ainsi le mythe de la génération sponta­née, hypothèse couramment admise. Mais Pasteur veut mettre ses découver­tes au service du bien public. En 1862, étudiant la fermentation acétique, il éta­blit qu’elle est due à un champignon microscopique, le Mycoderma acetv, du même coup, il

    invente le procédé per­mettant de conserver les corps fermentescibles: la pasteurisation.
    Il est alors nommé administrateur de l’Ecole normale supérieure; c’est dans le grenier-laboratoire de cette école, à l'aide d’un matériel dérisoire, qu’il fera ses trouvailles décisives. Il aborde la pathologie animale en étudiant la pébri- ne, maladie du ver à soie ravageant alors la sériciculture française; à l’aide d'un procédé original, le «grainage cel­lulaire», il démontre que la pébrine est héréditaire et contagieuse, et donne le moyen de la vaincre. Une autre maladie du ver à soie, la flacherie, lui permet de démontrer l’importance du terrain dans la prolifération des parasites. Les années 1870 à 1886 sont les plus fé­condes de sa carrière; il découvre l’origi­ne microbienne de la maladie charbon­neuse du mouton; passant à la patholo­gie humaine, il isole le staphylocoque, agent du furoncle et de l’ostéomyélite, et le streptocoque, agent de l’infection puerpérale. Reçu à l’Académie de médecine (sans être médecin!), il doit lutter contre l’in­compréhension de ses collègues. Abor­dant de plain-pied la pathologie humai­ne, il met au point, grâce à son étude du choléra des poules, la vaccination pré­ventive. Il se heurte à d'innombrables difficultés pour mettre au point le vaccin contre la rage; y étant parvenu, il ose l’appliquer à l'homme pour sauver un jeune garçon mordu par un chien enragé. L’enfant est sauvé. Cette réussite consacre sa gloire; en 1888, il est placé à la tête de l’institut Pasteur. Ce grand savant, aussi modeste que brillant, est un des enfants les plus illus­tres de la France; ses découvertes ont tant apporté au monde qu’on peut par­ler d'une ère «avant» et «après» Pas­teur


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    René Laennec - 1781-1826

    L’inventeur de l’auscultation

    René Laennec naît en 1781 à Quimper. Il est le fils d’un avocat au parlement de Bretagne. A l’âge de 7 ans, on le confie à son oncle, recteur de l’université de Nantes, auprès duquel il entreprend des études de médecine après avoir reçu une solide formation littéraire. A 20 ans, il gagne Paris où il entre dans le service du médecin Corvisart. Laennec obtient son doctorat en médecine en 1804 et les grands prix de médecine et de chirurgie récompensent ses efforts. En ces premières années du XIXe siècle, la capitale française est, grâce aux tra­vaux de Corvisart, Dupuytren, Bichat, et Bayle, le grand centre de recherche de l’anatomie pathologique. Laennec apporte à cette science une contribution décisive. Mais son grand titre de gloire est la mise au point de l’auscultation. A cet effet, il invente le stéthoscope. La conception de cet instrument lui aurait été inspirée, rapporte-t-on, par l’obser­vation d’un enfant qui grattait l’extrémi­té d’une tige de bois à l’aide d’une épin­gle et écoutait le son transmis à l’autre extrémité. Son stéthoscope est un simple cylindre de bois percé d’un canal. Cet instrument lui permet de percevoir la diversité des bruits émis par les pou­mons et le cœur. Mais ce véritable lan­gage de l’organisme demeure dépourvu de sens. Pendant plusieurs années, Laennec ausculte les malades et établit des rapports avec ce qu’il constate après leur décès. Il peut dès lors détecter par auscultation diverses affections du cœur et des poumons. En 1815, il communique à ses étudiants les premières conclusions de cette nou­velle technique de diagnostic. Quatre ans plus tard, il expose sa méthode dans son ouvrage, De l’auscultation médiate, qui deviendra un grand classique de la médecine et permettra à celle-ci d’accomplir d’immenses progrès, en lui ouvrant un nouveau champ d’investiga­tions. Laennec est maintenant célèbre. Il reste cependant désintéressé et d’une rare modestie. Il est totalement dévoué à sa profession. Depuis 1816, il est médecin- chef de l’hôpital Necker. En 1822, il succède à Hallé à la chaire de médecine du Collège de France. L’année suivante, il remplace Corvisart à la chaire de cli­nique médicale de la Charité. Mais en 1826, tandis que paraît la seconde édi­tion de son ouvrage, la phtisie qui le ronge accomplit des progrès fou­droyants. Il se retire dans sa propriété bretonne de Kerlouanec, où il s’éteint le 18 août. Laennec, adversaire des théories de Broussais, a été un pionnier de Panatomo-clinique. Il a particulière­ment étudié la cirrhose atrophique du foie, d’origine alcoolique (cirrhose de Laennec). A Paris, un grand hôpital porte son nom.


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    Georges Cuvier - 1769-1832

    Le père de la paléontologie

    Né à Montbéliard, Georges Cuvier, issu d’une famille protestante, est un enfant précoce et doué; il s’intéresse tout jeune aux sciences naturelles et, à 13 ans, il a lu l’œuvre entière de Buffon; à 14 ans, il connaît bien les mathématiques. Grâce à ses succès scolaires, il obtient une bourse pour l’Académie de Stuttgart où il s’initie à la philosophie et parfait ses connaissances en mathématiques et en histoire naturelle. En 1788, il part pour la Normandie comme précepteur dans la famille du comte d’Héricy; il y occu­pe ses loisirs en étudiant les mollusques et les fossiles. Il soumet ses notes au curé Tessier qui les communique à Geoffroy Saint-Hilaire, à Paris. Le sa­vant, conquis par le précepteur, lui offre une place de professeur suppléant d’anatomie comparée au Jardin des Plantes. La carrière de Cuvier est rapide. Il est membre de l’institut en 1796, professeur d’histoire naturelle à l’Ecole centrale du Panthéon; en 1799, il enseigne au Collè­ge de France et reprend la chaire de Mertrud au Jardin des Plantes. Il entre à l’Académie française en 1804. Parallèlement à sa carrière d’enseignant et de chercheur, Cuvier occupe de hau­tes fonctions sous Napoléon Ier qui le nomme successivement inspecteur géné­ral de l’Université, conseiller d’Etat et conseiller de l’Université. Sous la Res­tauration, Louis XVIII confirme le savant dans ses fonctions et le fait chan­celier de l’Université. En 1831, sous Louis-Philippe, Cuvier devient pair de France. Sa notoriété provient surtout de ses découvertes et de ses ouvrages. On lui doit notamment L’Anatomie comparée (1800-1805), Recherches sur les osse­ments fossiles (1812-1824), Le Règne animal distribué d’après son organisa­tion (1816-1829). Cuvier s’oppose à ses anciens maîtres, Lamarck et Geoffroy Saint-Hilaire, notamment en ce qui con­cerne la classification des espèces. Il remarque que celles-ci sont beaucoup plus différenciées et leur classification plus complexe qu’on ne l’a dit. Il décou­vre, en effet, que les animaux se diffé­rencient par le système nerveux aussi bien que par la nutrition et le système vasculaire. Cuvier est le véritable fondateur de la paléontologie et de l’anatomie compa­rée.


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