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Commencée en 1740, la guerre de la Succession d’Autriche prend un tour alarmant: la France a contre elle, outre l’Autriche, l’Angleterre et les Pays-Bas. Une armée anglo-hollandaise de 30000 hommes menace les Français en train d’assiéger Tournai. Ceux-ci ont à leur tête le maréchal de Saxe, un chef prestigieux. Louis XV, averti qu’un affrontement décisif est imminent, rejoint ses troupes, accompagné du dauphin. Le 11 mai, à 5 heures du matin, les Anglo-Hollandais avancent sur les Français centrés à Fontenoy, un bourg du Hainaut. Lord Hay, capitaine des gardes, aurait invité les officiers français «à faire tirer leurs gens»; le comte d’Auteroche, lieutenant de grenadiers, lui aurait répondu: «Non, messieurs les Anglais, à vous l’honneur!» De toute manière, la manœuvre de Cumberland, le général anglais, tourne à son avantage. Son infanterie, en masse compacte, se rue sur les pelotons adverses qui plient rapidement sous le choc. Les gardes-françaises, les suisses, les régiments de Hainaut et de Normandie se débandent; la bataille semble perdue et la retraite inévitable. A ce moment, un officier français, à l’identité mal connue, fait amener des pièces de canons et fait tirer au plus près dans l’épaisse colonne anglaise. La rapidité de l’exécution assure l’efficacité du résultat. Les boulets font brèche; les carabiniers et la maison du roi s’y engouffrent; la cavalerie et les fuyards, ralliés par les chefs, attaquent de flanc le carré britannique; l’assaut est général, le succès assuré. Les Anglo-Hollandais laissent 9000 hommes sur le terrain et les Français 6000. Peu après, Tournai se rend, suivi de Gand, Bruges, Aude- narde et Ostende. L’importance historique de cette victoire est capitale, car elle transforme la situation stratégique pour la France en lui ouvrant la route des Flandres. Le 8 septembre 1745, un Te Deum réunit, à Notre-Dame, la famille royale et la cour. Si Maurice de Saxe recueille les lauriers de Fontenoy, Louis XV est le vrai vainqueur de cette bataille; son prestige s’affermit auprès du peuple qui, l’année suivante, l’appellera «le Bien-Aimé».
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«Pour Dieu et pour le roi!» tel était le cri de ralliement des Vendéens en lutte contre la Convention. La guerre avait commencé en mars 1793, lorsqu’on apprit dans la province la levée forcée de 300000 hommes. Déjà très mécontents de la Constitution civile du clergé, indignés de l’exécution du roi, les Vendéens refusaient d’aller verser leur sang pour la République. Le mouvement, parti de Saint-Florent-le-Vieil (12 mars 1793), s’étendit rapidement, débordant le département. On chercha des chefs: ce furent soit des hobereaux (Charette, d’Elbée, Lescure, La Rochejaquelein), soit de simples roturiers (Stofflet, Cathe- lineau). Les prêtres exaltaient le courage des combattants. Le pays, coupé de haies, propice aux embuscades, constituait un terrain d'action idéal pour les soldats en sabots. La guerre fut atroce de part et d’autre. Dès le début, à Machecoul, les Vendéens fusillèrent ou torturèrent leurs prisonniers. En revanche, les Bleus brûlaient les villages, massacrant femmes et enfants. Les insurgés connurent d’abord des succès. Après la prise de Cholet, ils conquirent tout le pays des Mauges; Sapinaud et Charette entrèrent à Clisson et à Fontenay; Lescure et La Rochejaquelein s’emparèrent de Thouars, puis de Sau- mur (9 juin). L’«armée catholique et royale» occupa Angers mais échoua devant Nantes, où Cathelineau trouva la mort. Il fut remplacé par d’Elbée. Cependant, la Convention s’était ressaisie et envoyait des troupes fraîches sous les ordres de Kléber, Marceau, Canclaux. Les Vendéens remportèrent encore des succès à Torfou (19 septembre) mais furent battus à Cholet (17 octobre). Conduits par La Rochejaquelein, ils traversèrent alors la Loire, tramant à leur remorque des centaines de civils, et gagnèrent Granville oû ils comptaient sur l’aide des Anglais. Mais aucun bateau britannique ne pointant à l’horizon, ils durent rebrousser chemin. Epuisés, démoralisés, ils se firent tailler en pièces d’abord au Mans, puis à Savenay (23 décembre). Dès lors, la terreur régna sur le pays. A Nantes, Carrier noyait ses victimes dans la Loire, tandis que les «colonnes infernales» de Turreau ravageaient le Bocage. D’Elbée fut fusillé à Noirmoutier et La Rochejaquelein trouva la mort à Nouaillé. Après Thermidor, Hoche tenta de pacifier le pays et un accord fut conclu à La Jaunaye (17 février 1795). Mais, malgré l’échec des émigrés de Quiberon (juin 1795), certains combattants fanatiques refusaient de déposer les armes. Stofflet, puis Charette furent pris et fusillés. Cadoudal les remplaça à la tête des troupes royalistes, mais sans succès. Aussitôt après Brumaire, Bonaparte travailla à son tour à la pacification de l’Ouest: la publication du Concordat favorisa le retour au calme.
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Elle devait éclipser la signature des Ordonnances...
En 1827, une querelle oppose le gouvernement français et le dey d’Alger à propos d’une ancienne fourniture de blé aux armées du Directoire. Traité avec dédain, le dey, exaspéré, frappe de son chasse-mouches le consul Deval qu’il soupçonne de concussion (30 avril). La France exige des excuses: le dey refuse; la flotte française entreprend alors le blocus d’Alger. Celui-ci se révèle inefficace et coûteux; certains suggèrent un débarquement pour liquider l’affaire; mais le roi Charles X et son gouvernement préfèrent maintenir le blocus dans l’espoir de négocier. Mais, le 3 août 1829, le plénipotentiaire La Bretonnière essuie le feu des canons barbaresques en sortant du port d’Alger. Polignac, qui dirige le nouveau ministère, voudrait obtenir l’appui militaire du pacha d’Egypte Méhémet-Ali qui, comme Husayn, dépend théoriquement du sultan de Constantinople. A ce moment en effet, l’Empire ottoman fait mine de s’effondrer sous les coups des Russes; Méhémet-Ali pourrait fonder à sa place un grand empire arabe, ami de la France, qui limiterait l’influence anglaise en Méditerranée; c’est à quoi rêve Polignac. Mais ses négociations avec le pacha échouent; il se tourne alors vers le sultan qui n’oflre qu’une médiation. Cependant, la situation intérieure se dégrade en France. Le roi et son ministre comptent sur un succès militaire à Alger pour fortifier le régime et faire taire l’opposition. On décide donc une expédition qu’on présente comme une croisade pour l’honneur de la France et l’élimination de la piraterie barbaresque. L’opposition mène campagne contre cette entreprise; l’Angleterre tente vainement de l’empêcher. L’amiral Duperré reçoit le commandement des 675 navires de la flotte et le général Bourmont, impopulaire pour sa trahison à Waterloo, celui des 37 000 hommes de troupe. Le 14 juin, les Français débarquent à Sidi-Ferruch; les combats sont acharnés. Le 19 juin, Bourmont s’empare du camp de Staoué- li; le 4 juillet, il détruit Fort l’Empereur; Alger se rend le même jour. La Kasbah est pillée; Husayn, dépouillé de son fabuleux trésor, est exilé. Mais ces succès ne masquent pas, comme l’escomptait le gouvernement, la signature des Ordonnances: le 27 juillet, Paris s’insurge...
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L’exode des Pieds-Noirs est un des épisodes les plus controversés de l’histoire franco-algérienne. «Nous avons été (traités) tour à tour de pionniers courageux... de fascistes, d’assassins, de colonialistes...», écrit F. Dessaigne, une rapatriée. Alors que pour Ch. Ageron, «les Européens d’Algérie furent toujours unanimes dans leur hostilité à toute forme de politique libérale envers les musulmans». Du début de la guerre d’Algérie (1er novembre 1954) à fin 1961, on a déjà enregistré des départs d’Européens, mais en nombre négligeable (180000 environ). Ils s’expliquent par les attaques nocturnes du FLN, les fermes incendiées, les routes coupées, les ponts dynamités... Mais c’est à partir du 13 mai 1958 que la situation commence réellement à se dégrader pour les Pieds- Noirs, en raison du malentendu avec la métropole. Les événements se précipitent: proclamation du droit à l’autodétermination (16 septembre 1959) par le général de Gaulle; semaine des barricades (janvier I960), organisée par le FNF d’Ortiz et de Susini; pourparlers avortés de Melun (juillet 1960). Le référendum du 8 janvier 1961 sonne le glas de l’Algérie française: 69% de «oui», essentiellement musulmans, en Algérie; 75%, en métropole. Les Pieds-Noirs, se jugeant trahis, soutiennent dans leur grande majorité les généraux factieux du 21 avril (Salan, Challe, Zeller et Jou- haud), puis l’OAS (Organisation armée secrète). Les attentats commis par cette dernière (automne et hiver 1961-1962) ne feront qu’accélérer les négociations entre la France et le GPRA (11-19 février 1962) et la signature des accords d’Evian(18 mars 1962). C’est alors que commence le véritable exode, celui qui videra en quelques mois le pays de sa population européenne. En janvier 1962, les émigrants ne sont que 1329; on en comptera 82360 en mai et 328434 en juin: entre le 19 mars, jour du cessez-le-feu, et le 1er juillet, date de l’indépendance, une terreur panique s’empare des Pieds-Noirs. Elle est alimentée par des faits objectifs (enlèvements, attentats malgré le cessez-le-feu), mais, surtout, par des rumeurs effrayantes et incontrôlables. La population européenne, qui s’élevait à 1035 000 personnes en 1960, passe à moins de 350000 à fin 1962. C’est seulement le 26 décembre 1961 que la loi Boulin définit le statut des rapatriés. A cette époque, on prévoit le retour de 300000 à 400000 personnes, étalé sur quatre ans! Au problème humain s’ajoute un problème économique: le 1er octobre 1963, les biens des Pieds-Noirs sont nationalisés. Centres d’accueil (dans le sud de la France) et services administratifs sont rapidement débordés. En Aquitaine et dans le Midi, terres d’élection des agriculteurs rapatriés, on voit d’un mauvais œil les nouveaux venus. Eux-mêmes, habitués à une main-d’œuvre bon marché, se plaignent de sa cherté.
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En 1800, n’ayant pu obtenir la paix, Bonaparte décide de couper l’une de l’autre les armées autrichiennes d’Italie et d’Allemagne. Les troupes françaises franchissent le col du Grand-Saint-Bernard, leur artillerie montée sur des traîneaux tirés par des grenadiers: 40000 hommes passent ainsi les Alpes; 5000 descendent le Petit-Saint-Bernard et 4000 le Mont- Cenis. Les Autrichiens, croyant Bonaparte encore à Paris, sont surpris et tournés; à Montebello, ils se font bousculer par Lannes. Bonaparte occupe Milan le 2 juin; ignorant les intentions de l’ennemi, il dispose ses troupes en éventail et se heurte au général autrichien Mêlas dans la plaine de Marengo, près d’Alexandrie, entre Milan et Gênes. Il aligne 33000 hommes et 24 pièces d’artillerie contre les 200 canons de son adversaire. Ce dernier attaque le corps de troupes dirigé par Victor et par Lannes; la cavalerie de Kellermann charge et arrête l’avance autrichienne. A 10 heures du matin, après une intense canonnade, Victor est en déroute et Lannes recule. Le Premier consul met alors en ligne sa garde de 800 grenadiers et prend la tête d’une division. Mais l’armée française piétine; à 3 heures de l’après-midi, Mêlas est sur le point d’annoncer la victoire autrichienne; mais Desaix, prévenu par Savary, charge avec sa cavalerie; il est tué, mais il a retourné la situation. Marmont utilise son artillerie, Kellermann charge brusquement les Autrichiens. Ceux-ci, assaillis de toutes parts, tentent de franchir la rivière Bormida, mais beaucoup d’entre eux s’y noient. A la nuit tombée, les Français sont maîtres du terrain. Mais la lutte a été dure: les Autrichiens ont 3000 morts et blessés, 7000 prisonniers; quant aux Français, ils laissent 6000 tués sur le terrain. Mêlas doit demander l’armistice, et, après cette unique victoire, l’Italie passe sous la domination française. Le traité de Lunéville du 9 février 1801 reconnaît à la France les territoires déjà cédés en 1797; l’Autriche reconnaît les «républiques sœurs» que Bonaparte a organisées; elle ne conserve, en Italie, que la Vénétie. L’opinion française sera reconnaissante au Premier consul d’avoir rétabli la paix sur le continent et mis fin à la deuxième coalition: le difficile succès de Marengo prendra ainsi le caractère d’un éclatant triomphe et ouvrira au vainqueur le chemin du pouvoir absolu.
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