• La conquête de la route

     «Vos voitures sont bien laides et sentent bien mauvais», ne peut s'empêcher de dire le président de la République, Félix Faure, lors de l’inauguration du Salon de 1898 sur l’esplanade des Tuileries. De fait, les monstres pétaradants qui terrorisent les campagnes et disparais­sent dans un nuage de poussière n’ont pas l’élégance ni même encore les per­formances des équipages. Le fonction­nement est des plus capricieux, les pan­nes d’allumage sont fréquentes, les ennuis de carburation constants. On doit s’estimer satisfait quand la vitesse atteint 15 à 20 km/h. A la fin du XIXe siècle, plusieurs modè­les se disputent les suffrages du public. Les véhicules à vapeur ont encore leurs partisans, ainsi que la traction électrique due à Jeantaud. Mais le moteur à explo­sion, malgré ses imperfections, tend à l’emporter. Pas besoin d’allumage inter­minable, de mise en pression; inutiles également les lourdes batteries de plomb, d’un encombrement prohibitif. Une foule de constructeurs s’orientent dans cette direction: Amédée Bollée, Panhard, Levassor, Renault, Peugeot, de Dion, Bouton... En fait, ils ne livrent que des châssis. Pour les privilégiés qui ont les moyens de s’acheter une voiture, il est nécessaire de recourir à l’habillage d'un carrossier. La voiture, encore balbutiante, qu’amé­liorera l’utilisation du pneu lancé par les Michelin, suscite non seulement la pas­sion d’une minorité de fanatiques, mais l’enthousiasme des foules, qui se déchaînent lors des compétitions. Les premiè­res épreuves ont lieu en 1894 et 1895 avec Paris-Rouen et Paris-Bordeaux- Paris. Les itinéraires deviennent de plus en plus longs. Paris-Berlin en 1901, Paris-Vienne en 1902, et le tragique Paris-Madrid en 1903, qu’il faut inter­rompre à Bordeaux à la suite de drama­tiques accidents. Marcel Renault y trou­ve la mort. A partir de 1904, la voiture cesse d’être un jouet et un instrument de records pour devenir un outil de travail. Cette année-là, les postes s’équipent de véhi­cules électriques. Les grands magasins emboîtent le pas. Les pompiers de Paris suivent, adoptant le moteur à explosion. Le premier taxi de la Compagnie des autoplaces apparaît lui aussi en 1904 et plusieurs généraux utilisent la voiture lors des grandes manœuvres de l’Est. La production française dépasse 30000 vé­hicules sur un total de 53000 fabriqués dans le monde. Les progrès techniques sont d’une rapidité extraordinaire et, dé­sormais, nombre de médecins, de com­merçants, d’industriels se servent de la voiture pour l’exercice de leur métier. En 1913, le «parc» français compte 110000 véhicules. La voiture a gagné la partie. Elle élimine le cheval et s’apprête à concurrencer le train.

     


    votre commentaire
  • La mosquée de Paris

    L'art islamique au coeur de Paris

    En plein 5e arrondissement, place du Puits-de-1'Ermite, la mosquée de Paris, aux murs blancs et aux petites tuiles arrondies vertes, dressant sa
    coupole et son minaret comme l'affirmation de son étrangeté, surprend le promeneur et appelle à la visite. Édifiée de 1923 à 1927 sous l'égide
    du gouvernement de la République française et du conseil municipal de Paris par une loi d'État pour perpétuer l'amitié franco-musulmane et le
    souvenir de centaines de milliers de musulmans morts pour la France, elle constitue une des dernières grandes oeuvres d'art islamique. De pur style
    hispano-mauresque, elle fut décorée par des artisans maghrébins, qui réalisèrent les mosaïques, les ciselures du bois de cèdre et ses arabesques.
    Dès l'arrivée dans le grand patio, Paris s'éloigne pour laisser la place à l'Orient. Avec, en son milieu, la vasque destinée aux ablutions des
    fidèles, cette cour à ciel ouvert apporte d'emblée une fraîcheur et une sensation de paix sensuelle propres aux civilisations méditerranéennes. Le
    décor est composé de versets du Coran calligraphiés en relief dans le stuc ou inscrits sur une mosaïque marron. Les autres mosaïques, vertes (couleur préférée
    du prophète, car symbolisant le point extrême du monde, là où se touchent les deux océans céleste et terrestre), possèdent des motifs très
    sobres qui leur confèrent un caractère géométrique fréquent surtout au Maghreb. Les arcs outrepassés propres à l'art musulman occidental
    s'ajoutent à l'harmonie du lieu. La deuxième cour, la cour d'honneur, propice à la méditation, se compose de deux galeries aux colonnades de
    marbre rosé qui enserrent un jardin touffu où s'harmonisent bassins et fontaines sur des vasques en mosaïque. Au-dessus se dresse le Minaret
    d'où, normalement, s'élève cinq fois par jour l'appel à la prière. Ici, on le lance de la salle des prières, pour respecter les voisins. Cette salle est
    d'ailleurs la principale de la mosquée. Elle se distingue par une élégance pleine de sobriété : colonnes et murs sont blancs ; seules la chaire oratoire,
    entièrement sculptée sur bois, et la magnifique coupole, elle aussi en bois de cèdre, surplombant un lustre de 450 kg en cuivre ajouré de style
    marocain, apportent une fantaisie discrète. La salle des conférences déploie une belle décoration de style espagnol. Le plafond en cèdre peint et
    doré met en valeur les murs couverts de tentures en velours de Damas et de panneaux de tissus brodés d'or. Enfin, on admirera la porte Bab assalam
    («de la paix») et son encadrement en caractères coufiques. En annexe, on trouvera un hammam, un café maure, un restaurant arabe et un
    magasin où sont vendus des produits de l'artisanat maghrébin.


    votre commentaire
  • La cité des sciences

    Le temple des techniques

    C'est sur ce site qu'avaient été inaugurés en 1887 les Abattoirs généraux. À partir de 1958, on entreprit de les moderniser en élevant des bâtiments
    gigantesques : projet inadapté, auquel il fallut renoncer en 1974. Après la fermeture des abattoirs de La Villette, c'est à l'architecte Adrien Fainsilber
    que revint la tâche d'aménager, sur ce même emplacement, le musée. On s'extasie aujourd'hui devant l'immensité, la diversité de la Cité, mais plus
    encore devant sa puissante unité. Un style «cité» est né en ce lieu de rencontre entre le public et les nouvelles technologies. De plus, point de
    rencontre du canal Saint-Denis et du canal de l'Ourcq, le parc bénéficie d'une situation géographique exceptionnelle. Le site s'étend sur 55 ha
    entre les portes de Pantin et de La Villette. La façade sud, constituée de grands éléments de serre, contrôle les apports solaires, récupère l'énergie,
    intègre la végétation, dissipant ainsi la frontière entre dedans et dehors. À l'intérieur, le musée (250 m de long sur 120 m de large) se développe sur
    sept niveaux. Un grand hall central permet de s'orienter facilement vers les différentes activités du centre. La lumière naturelle pénètre grâce à deux
    coupoles rotatives de 12 m de diamètre. L'ensemble forme un tout aérien de structures métalliques, d'ossatures diverses, de poteaux tubulaires, de
    mezzanines et d'ascenseurs vitrés.

    L'exposition permanente «Explora» se divise en quatre départements :
    « De la Terre à l'Univers, traces pour demain» (océan et espace, terre active...) ; « L'aventure de la Vie » (les secrets du vivant, l'eau et la vie...);
    « La matière et le travail de l'Homme » (au coeur de la matière, le jardin robotique...); «Langages et communication » (le monde sonore, information
    et société...). De nombreuses expositions temporaires traitent l'actualité ou approfondissent un
    domaine de connaissance scientifique, technique, industrielle. L'inventorium (réservé aux enfants), la médiathèque, le planétarium, la salle Louis Lumière et la maison de l'Industrie sont également à la disposition du public.

    La Géode

    L'apparition de la Géode, c'est d'abord ce miroir sphérique géant où ciel, terre et hommes se reflètent, changent de dimension et de forme. C'est aussi un espace de spectacle avec 1 000 m2 d'un écran hémisphérique où les effets visuels et les effets sonores s'allient pour intégrer le spectateur à l'action. À l'intérieur, un seul pilier central en béton armé s'épanouit en poutres et voiles de croisées. Il porte les gradins où sont installés 357 sièges, plus ou moins inclinés selon la disposition dans l'espace.


    votre commentaire
  •  

    La puissance de la piété

     

    À la pointe orientale de l'île de la Cité, les anciens Parisiens adorèrent Cer­nunnos, dieu cornu, protecteur et fécond. Autels, temples, sanctuaires se succédèrent là jusqu'au xiies. où deux églises très voisines, placées sous l'invocation de saint Denis et de saint Etienne, menaçaient de tomber en ruine.

     

    La construction de la cathédrale Notre-Dame fut décidée par l'évêque Maurice de Sully en 1163; elle pro­gressa très rapidement puisque le maître-autel fut consacré en 1182, et que, trois ans plus tard, le chœur pouvait abriter d'importantes cérémo­nies et des sépultures. À la fin du siècle, les nefs sont achevées ; murs et arcs-boutants s'appuient sur des fon­dations massives. La grande façade occidentale, large de 40 m, est com­mencée au début du xiiies. ; en 1214, elle s'élève jusqu'à la galerie réunis­sant les deux tours, qui seront ache­vées à la fin du siècle : leur hauteur est de 68 m. Encadré au nord de celui de la Vierge, au sud de celui de sainte Anne, le portail central, légèrement plus élevé, est dit du Jugement. Sur leur champ, quatre lourdes tribunes abritent les anciens patrons du lieu, saint Denis au nord, saint Etienne au midi ; au centre deux femmes symbo­lisent l'Ancien et le Nouveau Testa­ment. Au-dessus viennent 28 statues sous arceaux formant la galerie dite des Rois; jetées à bas en 1793, elles furent remplacées au xixes. À l'étage supérieur, au centre, la Vierge à l'enfant, avec deux anges, devant la rosace centrale, Adam et Eve devant les belles fenêtres géminées éclairant les tours ; de ce niveau partent sur les quatre côtés les extraordinaires paires de baies ogivales qui contribuent à les alléger notablement. Le transept fut ouvert dans la seconde moitié du xiiies. : au sud, le maître Jean de Chelles conçut et réalisa la façade latérale, chef-d'œuvre du gothique rayonnant avec sa vaste rosé à la structure si fragile. À sa mort, Pierre de Montreuil acheva ce côté puis édifia, au nord, la porte Rouge. Au début du siècle suivant, le chevet reçut ses arcs-boutants de 15 m de volée. Vingt-neuf chapelles vinrent se loger entre ceux des nefs extérieures. La verticalité de la nef centrale est accentuée par les doubles colonnettes qui montent d'un seul jet, traversant les bandeaux des tribunes, jusqu'à l'amorce des voûtes, dont les clefs vont à 35 m au-dessus du sol. Avec 110 m de longueur intérieure, 48 m de largeur dans son transept, 113 ouvertures, quelque 1200 statues, d'innombrables reliefs, et des trésors d'orfèvrerie, Notre-Dame de Paris est une œuvre de véritable piété ; elle fut également la manifestation civile de la puissance et de la gloire de la plus grande ville du monde en son temps.

     


    votre commentaire
  •  

    Une perspective impériale

     

    Au centre de la place Charles-de- Gaulle (ex-place de l'Étoile) et cou­ronnant la «plus belle avenue du monde», celle des Champs-Elysées, l'Arc de triomphe est sans doute l'un des plus prestigieux monuments de la capitale. Édifié selon le souhait de l'empereur Napoléon à la gloire des armées impériales, l'Arc de triomphe, commencé en 1806 sur des plans de Chalgrin, ne sera achevé qu'en 1836, sous Louis-Philippe. Depuis, il est devenu un véritable symbole natio­nal: à sa mort, Victor Hugo y fut exposé une nuit entière, et c'est sous son arche que, le 11 novembre 1920, on inhuma un soldat inconnu en hommage à tous les morts de la Grande Guerre ; c'est là enfin que, le 26 août 1944, Paris libéré acclama le général de Gaulle.

     

    De taille colossale (50 mètres de haut et 45 de large), l'Arc de triomphe est pourtant un modèle d'architecture équilibrée et harmonieuse. Et cela est dû en grande partie aux superbes sculptures de pierre qui ornent ses quatre côtés. La plus célèbre — et aussi la plus réussie — est sans conteste la Marseillaise due au sculp­teur Rude, que l'on peut admirer à droite de, la face est (du côté des Champs-Elysées). Lui fait pendant, à gauche, le Triomphe de 1810 exécuté par Cortot. Sur la face ouest, on trouve deux autres groupes dus à Etex : ils représentent la « Résistance » et l'autre la «Paix». Couronnant le haut de l'édifice, une frise et des boucliers sur lesquels sont gravés les noms des principales batailles de la République et de l'Empire. Enfin, sous l'arche, se trouve la dalle dédiée Soldat inconnu, au-dessus de laquelle brûle la flamme du souvenir.

     

    Les Champs-Elysée

     

    Ils constituent la voie triomphale qui relie la place de la Concorde à l'Arc de triomphe. C'est véritablement sous le Second Empire qu'elle est devenue à la mode. Actuellement, l'avenue se divise en deux parties : l'une, bâtie, qui va de l'Arc jusqu'au Rond-Point, n'est qu'une vaste artère commer­çante bordée de banques, de luxueu­ses boutiques et de cafés. L'autre partie, qui part du Rond-Point et aboutit aux chevaux de Marly, place de la Concorde, est une très agréable promenade ombragée. Sur la place du Rond-Point, on remarquera de super­bes fontaines, puis, en descendant l'avenue, on découvrira sur la droite le Grand Palais. De l'autre côté de l'avenue, sur la gauche, on peut voir le ravissant théâtre Marigny, à l'om­bre duquel se tient le jeudi et le dimanche une bourse aux timbres. Et, juste en face, dissimulé derrière une belle grille (appelée grille du « Coq »), on peut apercevoir les jardins et le palais de l'Elysée...

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique