• La campagne de France - 1814

    Succès stratégique mais défaite militaire

    Au lendemain de la défaite de Napoléon à Leipzig, l’invasion de la France est dé­cidée par les puissances coalisées de Prusse, d’Autriche et de Russie. Leurs armées empruntent les vallées de la Marne, de l’Aube et de la Seine, afin d’atteindre le plus rapidement possible Paris. Les armées françaises se replient sous les ordres des maréchaux Macdonald, Marmont, Victor et Mortier. Au cours des trois mois que dure cette campagne militaire, Napoléon va mon­trer ses capacités de tacticien et son gé­nie de stratège contre des armées supé­rieures en nombre, qu’il réussira soit à contenir, soit à battre. L’Empereur quitte les Tuileries le 25 janvier et engage une première bataille à Brienne le 29 janvier, non loin du collè­ge où il a fait ses études militaires. Contre Bliicher qui, avec les armées prussiennes, marche sur Paris par la Marne et contre Schwarzenberg, qui commande les armées autrichiennes et longe la Seine, Napoléon choisit la guer­re de mouvement. Il lui faut empêcher la jonction des deux armées. Il se porte successivement contre l’une puis contre l’autre, bat les Prussiens à Champaubert et à Montmirail, puis arrête l’avance des Autrichiens à Montereau. Les pourparlers d’armistice engagés en février sont rompus; le 9 mars, les coali­sés signent le traité de Chaumont par lequel ils s’engagent à continuer la guer­re jusqu’à la défaite de Napoléon. Napoléon tente en vain de déloger Blücher des hauteurs de Laon. Il doit se replier le 10 mars. Il réussit à reprendre Reims avec l’aide de Marmont, mais Augereau est battu par Schwarzenberg à Arcis-sur-Aube.. Alors Napoléon, avec le gros des trou­pes françaises, se dirige vers l’est pour détourner les coalisés de la route de Paris. Mais ceux-ci savent que Joseph Bonaparte, resté dans la capitale, manque d’énergie et que la ville n’est presque pas défendue. Blücher et Schwarzenberg font enfin leur liaison à Meaux, le 28 mars 1814. Les maréchaux Moncey et Marmont tentent une dernière défense de Paris, mais la ville doit capituler le 31 mars. Huit jours plus tard, Napoléon, aban­donné par ses meilleurs amis, doit abdi­quer et partir pour l’île d’Elbe.


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  • La bataille de l’Alma - Septembre 1854

    Première victoire de la guerre de Crimée

    Depuis la déclaration de guerre à la Russie (28 mars 1854), les Alliés fran­çais et anglais n’ont pas remporté de succès décisifs sur les théâtres d’opéra­tions des rives orientales de la mer Noire et de la Baltique. Le géant russe se dérobe et sa puissance n’est pas enta­mée. L’état-major décide alors de détruire Sé- bastopol’, le grand arsenal russe de la mer Noire. Selon Saint-Arnaud, le com­mandant en chef français: «Il fallait for­cer l’ennemi à nous craindre; frapper la Russie dans la Crimée, l’atteindre jusque dans Sébastopol’, c’était la bles­ser au cœur.» Le 14 septembre, le corps expéditionnaire débarque sans incident à 30 km au nord de Sébastopol’, sur la plage d’Eupatoria, qui n’est pas défen­due. Il est fort de 27 600 Français, d’autant d’Anglais, de 6000 Turcs et de 137 bouches à feu. Le général russe Menchikov attend les Alliés plus au sud, dans une position qu’il juge inexpugnable, sur la rive gauche de l’Alma. Les 50000 hommes occupent les pentes escarpées du ver­sant sud d’un plateau. Surplombant la mer par d’abruptes falaises, ces hau­teurs ne s’amollissent que vers l’inté­rieur, au-delà d’un ravin qu’emprunte la route de Sébastopol’, La position paraît idéale et commande la vallée. Menchi­kov ne croit pas à une attaque sur son aile gauche que la falaise protège; aussi la laisse-t-il dégarnie. Il concentre l’essentiel de ses troupes de part et d’autre de la route de Sébastopol’ et sur l’aile droite. Saint-Arnaud et lord Raglan, le commandant en chef anglais, décident de surprendre l’ennemi et d’attaquer son aile gauche, puis de tour­ner sa droite et de forcer le centre. Au matin du 20 septembre, les généraux Bosquet et Bouat s’avancent vers les escarpements occidentaux. La réussite de l’entreprise repose sur l’agilité des zouaves et des tirailleurs d’Afrique, rompus aux terrains difficiles. Bosquet débouche sur le plateau avec ses canons après avoir emprunté «un sentier à peine tracé», tandis que Bouat escalade les falaises. Menchikov croit à une diversion, puis il dépêche des renforts; mais, déjà, les armées de Canrobert et du prince Napoléon attaquent au centre. Au prix d’un rude combat, les Français enfoncent les lignes russes et surgissent sur le plateau. A l’est, les Anglais s’avancent en rangs serrés sous un feu roulant qui leur cause de lourdes pertes. Ils se heurtent aux meilleures troupes russes. La bataille est longtemps indéci­se, mais les Russes sont peu à peu dé­bordés et se replient. Les Alliés sont harassés et ne les poursuivent pas. Saint-Arnaud est confiant: «Dans trois jours, je serai à Sébastopol’.» En fait, il faudra un an pour emporter la forte­resse.


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    Waterloo - 18 juin 1815

    La fin...

     

    «Si mes ordres sont exécutés, nous cou­cherons ce soir à Bruxelles», déclare Napoléon aux généraux penchés sur leurs cartes dans la ferme du Gros- Caillou. En cette aube du 18 juin 1815, tous les espoirs sont permis. La partie va se jouer entre Charleroi et Bruxelles. Trois jours plus tôt, PEmpereur, prenant les devants, est entré en Belgique avec l’intention d’empêcher la. jonction des armées alliées: les Anglais de Welling­ton et les Prussiens de Blücher. Le 16, il a culbuté les seconds à Ligny, mais Ney l’a mal secondé et les vaincus ont pu s’échapper. Grouchy est parti à leurs trousses. Quant aux Anglais, ils se sont retranchés sur le Mont-Saint-Jean, plateau dominant un petit village au nom encore inconnu: Waterloo. Napoléon a pris position plus au sud, sur les hauteurs de la Belle-Alliance. Il compte bien écraser Wellington avant le retour des Prussiens. Mais la matinée du 18 se passe en attente, la pluie ayant dé­trempé le terrain. Enfin, un peu avant midi, l’attaque commence contre Mont- Saint-Jean, dont les abords sont défen­dus par des bâtiments transformés en redoutes: le château de Hougoumont, les fermes de la Haie-Sainte et de Pape- lotte. Les divisions de Drouet d’Erlon partent les premières à l’assaut contre les «habits rouges», mais l’ennemi résis­te, et elles reculent en désordre. A son tour, Ney lance des charges furieuses contre le Mont-Saint-Jean sans pouvoir entamer les lignes anglaises. Voyant le tournoiement infernal de sa cavalerie, Napoléon s’inquiète de ce massacre. Ney a-t-il perdu la tête? «Le malheu­reux! s’écrie-t-il, c’est la seconde fois, depuis avant-hier, qu’il compromet la fortune de la France!» Rien n’est pourtant perdu car on attend Grouchy, à qui l’Empereur a envoyé l’ordre de venir le rejoindre. Vers 19 heures, enfin, des troupes apparaissent vers l’est. Mais ce n’est pas Grouchy: c’est Blücher qui vient épauler ses alliés. Attaqués de front et de flanc, les Fran­çais tourbillonnent. A son tour, la cava­lerie anglaise charge. En vain Napoléon jette-t-il dans la bataille ses dernières ré­serves; ses bataillons se font culbuter et la panique grandit. Maintenant, c’est la débâcle, bientôt transformée en déroute. Pour couvrir la retraite de PEmpereur, la Vieille Garde se fait hacher sur place, tandis que l’héroïque Cambronne lance aux Anglais son mot immortel: «La Garde meurt et ne se rend pas!» La nuit est tombée lorsque Napoléon, qui a en vain cherché la mort, roule en voiture vers Paris. Il espère encore pouvoir regrouper ses fantômes de régiments et arrêter l’invasion. Ses illusions vont dis­paraître, les Chambres ne lui laissant le choix qu’entre la déchéance et l’abdica­tion.


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    La cour impériale - 1804-1814

    Une cour militarisée

    Devenu Premier consul, Bonaparte ne songe pas tout d’abord à organiser une cour. Il vit simplement, entouré de ses compagnons d’armes, de ses aides de camp ou de ses secrétaires. Aux Tuile­ries, où il s’est installé le 19 février 1800, existent les différents services nécessai­res au bon fonctionnement du palais. Déjà Joséphine préside des fêtes somp­tueuses. Les uniformes chamarrés don­nent un éclat tout neuf à une figuration mélangée. Tout change avec la proclamation de l’Empire. Napoléon estime qu’il est indispensable de posséder une cour et des courtisans. La vieille noblesse reve­nue d’émigration boude les Tuileries: «C’est ainsi? déclare l’Empereur. Eh bien, nous allons à notre tour créer une noblesse!» Et, en quelques années, tout un personnel d’apparat est constitué. Comme il lui est difficile de reprendre les titres des grands offices de la monar­chie héréditaire, Napoléon choisit pour modèles la cour d’Autriche... et celle de Charlemagne! Plusieurs sénatus- consultes organisent cette cour: les mâ­les de la famille impériale sont créés dès 1804 «princes français». Puis viennent les grands dignitaires: l’archichancelier d’Empire Cambacérès, l’archichance- lier d’Etat Lebrun. A côté des maré­chaux d’Empire qui sont seize au maxi­mum, les grands officiers civils d’un rang inférieur. Enfin, de toutes pièces, Napoléon crée une noblesse d’Empire. Celle-ci comptera finalement trois prin­ces, quatre cents comtes et un millier de barons. La maison de l’impératrice n’est pas moins fournie: dames d’honneur, dames pour accompagner, etc. Mais, pour appartenir à la cour, il faut — tout comme au temps de Louis XIV ou de Louis XV — avoir été «présenté». Pour toutes les cérémonies, la figuration est maintenant assurée. Encore faut-il faire revivre les manières des cours. Un certain nombre de membres de la noblesse du XVIIIe siècle acceptent de servir le nouveau maître et d’enseigner discrètement les usages, tels le grand maître des cérémonies, le comte de Ségur, ou le marquis de Caulaincourt. Les réceptions impériales sont fastueu­ses et éblouissent les étrangers, mais elles sont mortellement ennuyeuses. L’Empereur a imposé une discipline aussi stricte qu’à l’armée et, quand il fait le tour des salons, on a l’impression qu’il passe une revue de détail. Le déroule­ment de la fête est minutieusement réglé: on ne doit pas quitter la place qui Vous a été assignée, on ne doit pas danser avant une heure déterminée, on n’ose même pas tousser en présence de l’Empereur. Celui-ci adresse quelques mots çà et là. Bientôt il se retire. On se détend alors. On danse un peu, mais tous les assis­tants ne tardent pas à s’en aller. Il y a une cour: il n’y a pas de courti­sans, mais des figurants.


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  • La répudiation de Joséphine - 1809-1810

    Un amour sacrifié

     

    Le mariage de Napoléon et de Joséphi­ne, qui date du 9 mars 1796, est demeu­ré stérile. Napoléon, empereur depuis 1804, voudrait avoir un fils pour assurer sa dynastie. Il aime toujours Joséphine et hésite à se séparer d’elle. Dès 1807, Fouché, ministre de la Police, essaie de convaincre l’Empereur de répudier sa femme. Il demande même à celle-ci de rompre avec Napoléon pour lui per­mettre de se remarier. Emue, Joséphine se plaint de cette démarche à son époux qui se montre irrité à l’égard du minis­tre. Napoléon apprend que Marie Walews- ka, une noble polonaise avec laquelle il a été lié, vient de mettre au monde un fils dont il se sait le père: il n’est donc pas responsable de la stérilité de son maria­ge. Le 30 novembre 1809, aux Tuileries, il informe Joséphine de sa décision de divorcer. Bouleversée par cette nouvelle, Joséphine s’évanouit; l’Empereur est ému, mais reste inflexible par raison d’Etat. Le 16 décembre 1809, le divorce est pro­noncé par un sénatus-consulte; il reste à annuler le mariage religieux célébré par le cardinal Fesch le 1er décembre 1804, la veille du couronnement de l’Empereur à Notre-Dame. Seul le pape Pie VII a le pouvoir de dissoudre ce mariage, mais il est prisonnier des Français à Savone. Napoléon charge donc l’officialité de Paris d’étudier le dossier. Il apparaît alors que deux chefs de nullité peuvent être retenus: le premier est l’absence de témoins lors de la cérémonie secrète du mariage; le second est le non- consentement de l’Empereur, irrité d’avoir dû céder au pape. En consé­quence, le mariage des époux princiers est déclaré nul le 14 janvier 1810. Le pape s’abstient de protester officielle­ment; Marie-Louise d’Autriche épouse Napoléon quelques mois plus tard et lui donne un fils, le célèbre roi de Rome. Les cardinaux français, en signe de pro­testation, refusent d’assister à cette seconde cérémonie.


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