• La prise d’Alger - 1830

    Elle devait éclipser la signature des Ordonnances...

    En 1827, une querelle oppose le gouver­nement français et le dey d’Alger à pro­pos d’une ancienne fourniture de blé aux armées du Directoire. Traité avec dé­dain, le dey, exaspéré, frappe de son chasse-mouches le consul Deval qu’il soupçonne de concussion (30 avril). La France exige des excuses: le dey refuse; la flotte française entreprend alors le blocus d’Alger. Celui-ci se révèle inefficace et coûteux; certains suggèrent un débarquement pour liquider l’affaire; mais le roi Char­les X et son gouvernement préfèrent maintenir le blocus dans l’espoir de né­gocier. Mais, le 3 août 1829, le plénipotentiaire La Bretonnière essuie le feu des ca­nons barbaresques en sortant du port d’Alger. Polignac, qui dirige le nouveau ministère, voudrait obtenir l’appui mili­taire du pacha d’Egypte Méhémet-Ali qui, comme Husayn, dépend théorique­ment du sultan de Constantinople. A ce moment en effet, l’Empire ottoman fait mine de s’effondrer sous les coups des Russes; Méhémet-Ali pourrait fonder à sa place un grand empire arabe, ami de la France, qui limiterait l’influence anglaise en Méditerranée; c’est à quoi rêve Polignac. Mais ses négociations avec le pacha échouent; il se tourne alors vers le sultan qui n’oflre qu’une médiation. Cependant, la situation intérieure se dé­grade en France. Le roi et son ministre comptent sur un succès militaire à Alger pour fortifier le régime et faire taire l’opposition. On décide donc une expé­dition qu’on présente comme une croi­sade pour l’honneur de la France et l’éli­mination de la piraterie barbaresque. L’opposition mène campagne contre cette entreprise; l’Angleterre tente vaine­ment de l’empêcher. L’amiral Duperré reçoit le commande­ment des 675 navires de la flotte et le gé­néral Bourmont, impopulaire pour sa trahison à Waterloo, celui des 37 000 hommes de troupe. Le 14 juin, les Fran­çais débarquent à Sidi-Ferruch; les combats sont acharnés. Le 19 juin, Bourmont s’empare du camp de Staoué- li; le 4 juillet, il détruit Fort l’Empereur; Alger se rend le même jour. La Kasbah est pillée; Husayn, dépouillé de son fabuleux trésor, est exilé. Mais ces succès ne masquent pas, comme l’escomptait le gouvernement, la signature des Ordonnances: le 27 juillet, Paris s’insurge...


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    La bataille de Marengo - 14 juin 1800

    Un Waterloo qui a réussi

     

    En 1800, n’ayant pu obtenir la paix, Bonaparte décide de couper l’une de l’autre les armées autrichiennes d’Italie et d’Allemagne. Les troupes françaises franchissent le col du Grand-Saint-Bernard, leur artille­rie montée sur des traîneaux tirés par des grenadiers: 40000 hommes passent ainsi les Alpes; 5000 descendent le Petit-Saint-Bernard et 4000 le Mont- Cenis. Les Autrichiens, croyant Bona­parte encore à Paris, sont surpris et tournés; à Montebello, ils se font bous­culer par Lannes. Bonaparte occupe Milan le 2 juin; igno­rant les intentions de l’ennemi, il dispose ses troupes en éventail et se heurte au général autrichien Mêlas dans la plaine de Marengo, près d’Alexandrie, entre Milan et Gênes. Il      aligne 33000 hommes et 24 pièces d’artillerie contre les 200 canons de son adversaire. Ce dernier attaque le corps de troupes dirigé par Victor et par Lan­nes; la cavalerie de Kellermann charge et arrête l’avance autrichienne. A 10 heu­res du matin, après une intense canon­nade, Victor est en déroute et Lannes recule. Le Premier consul met alors en ligne sa garde de 800 grenadiers et prend la tête d’une division. Mais l’armée française piétine; à 3 heures de l’après-midi, Mêlas est sur le point d’annoncer la victoire autrichienne; mais Desaix, prévenu par Savary, char­ge avec sa cavalerie; il est tué, mais il a retourné la situation. Marmont utilise son artillerie, Kellermann charge brus­quement les Autrichiens. Ceux-ci, assaillis de toutes parts, tentent de fran­chir la rivière Bormida, mais beaucoup d’entre eux s’y noient. A la nuit tombée, les Français sont maî­tres du terrain. Mais la lutte a été dure: les Autrichiens ont 3000 morts et bles­sés, 7000 prisonniers; quant aux Fran­çais, ils laissent 6000 tués sur le terrain. Mêlas doit demander l’armistice, et, après cette unique victoire, l’Italie passe sous la domination française. Le traité de Lunéville du 9 février 1801 reconnaît à la France les territoires déjà cédés en 1797; l’Autriche reconnaît les «républiques sœurs» que Bonaparte a organisées; elle ne conserve, en Italie, que la Vénétie. L’opinion française sera reconnaissante au Premier consul d’avoir rétabli la paix sur le continent et mis fin à la deuxième coalition: le difficile succès de Marengo prendra ainsi le caractère d’un éclatant triomphe et ouvrira au vainqueur le che­min du pouvoir absolu.


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  • La conquête de l’Afrique française - 1881-1902

    L’achèvement d’un empire

     

    Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’expansion coloniale française est loin de se limiter à l’Extrême-Orient et au Pacifique; son champ d’expansion prin­cipal est l’Afrique. Cette expansion vise tout d’abord au contrôle du Maghreb. La conquête de l’Algérie s’est achevée sous le second Empire et le premier objectif de la IIIe République concerne la Tunisie. Fort de l’assentiment de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne obtenu au congrès de Berlin en 1878, le gouvernement Jules Ferry, à la suite d’un incident de frontière sur les confins algériens, fait débarquer un corps expé­ditionnaire à Bizerte et oblige le bey de Tunis, par le traité du Bardo, à recon­naître le protectorat de la France (12 mai 1881). Si une insurrection entraîne l’envoi d’un second corps expéditionnai­re et la démission du cabinet Jules Fer­ry, le protectorat n’en est pas moins confirmé par la convention de La Marsa (8 juin 1883). Trente ans plus tard, après deux crises marocaines, la France obtient le désistement de l’Allemagne et instaure son protectorat sur l’Empire chérifien (30 mars 1912). Elle achève ainsi d’établir son contrôle sur toute l’Afrique du Nord. A cette date, l’expansion française s’étend également sur l’Afrique noire. En Afrique équatoriale, les expéditions de Savorgnan de Brazza au Congo per­mettent de fonder cette domination reconnue sur le plan international lors de la conférence de Berlin en 1885. Quant à la pénétration en Afrique occi­dentale, elle s’effectue à partir de la colonie du Sénégal fondée par Faidherbe, de la Guinée et de la Côte-d’Ivoire. Les opérations montées par Borgnis- Desbordes, Gallieni, Archinard, Monteil, permettent d’abattre les «empires» d’Ahmadou et de Samory, d’achever l’occupation de la vallée et de la boucle du Niger et d’atteindre le Tchad. Au Dahomey, le chef noir Béhanzin est bat­tu. En 1895, l’ensemble de ces territoires reçoit le nom d’Afrique-Occidentale française. Une autre étape de l’expansion coloniale va concerner la jonction entre l’Afrique du Nord et l’Afrique occidentale par la conquête du Sahara. Après le massacre de la mission Flatters par les Touareg en 1881, la pénétration dans le grand désert ne reprend qu’en 1898 avec les opérations militaires menées méthodi­quement depuis l’Algérie et au Tchad par Foureau, Lamy et Gentil. Le «Sul­tan» Rabah est vaincu en 1900. Avec l’occupation du Hoggar en 1902, la con­quête du Sahara peut être considérée comme terminée et la domination fran­çaise de la Méditerranée au Tchad cons­titue un ensemble homogène. En revan­che, la tentative de percée ouest-est en direction de Djibouti aboutit à l’échec de la mission Marchand, obligée de cé­der devant les Anglais à Fachoda (1898).


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  • L’esprit de Camerone bien vivant

    Le 30 avril 1863, une soixantaine de légionnaires mourraient pour la France après avoir résisté plus d’une journée à deux mille cavaliers mexicains. Ce jour anniversaire de la bataille de Camerone, célébré chaque année, est une date chère à la « famille Légion ». Elle y puise, aujourd’hui encore, les valeurs essentielles pour qui sert la France : fidélité, abnégation et culte de la mission.

    IIs furent ici moins de soixante, opposés à toute une armée. Sa masse les écrasa. La vie, plutôt que le courage, abandonna ces soldats français à Camerone le 30 avril 1863. »Telle est l’inscription du monument élevé dans le village mexicain de Camerone, en l’honneur des légionnaires qui y tombèrent. Nous sommes en pleine expédition française au Mexique. L’empereur Napoléon III y envoie ses troupes dès 1861, afin d’aider les conservateurs mexicains et ainsi participer à l’installation d’un régime favorable à la France. Si le fait d’armes est connu, l’histoire mérite d’être replacée dans son contexte. Alors que l’armée française est sérieusement touchée par la fièvre jaune, un convoi de vivres et de munitions est envoyé pour ravitailler les postes avancés. Le capitaine Danjou, déjà mutilé – il a perdu sa main gauche à la suite de l’explosion de son fusil dixans plus tôt – le sous-lieutenant Jean Vilain et le souslieutenant Clément Maudet se portent volontaires pour encadrer l’escorte. Celle-ci est prise sous le feu de l’ennemi dès le matin. Danjou jure alors de ne jamais se  rendre, suivi dans cette promesse par tous ses hommes. Ils se battront toute la journée, jusqu’à la mort, permettant ainsi au convoi qu’ils protégeaient de faire demi-tour et de prendre une voie transversale. Quinze jours plus tard, le gouvernement mexicain se rendra…« Le sacrifice de ces hommes a ainsi permis au convoi d’assurer le soutien. Cette bataille représente les valeurs, toujours aussi actuelles, de la Légion. Il n’y a pas de petite mission, chacune a sa propre noblesse de par les risques qu’elle implique », souligne le général de brigade Christophe de Saint Chamas, commandant la Légion étrangère. Sens du devoir et fidélité à la mission L’engagement total du capitaine Danjou illustre parfaitement le sens du devoir et la fidélité à la mission. Si ses hommes le suivent dans ce serment, c’est parce que cette cohésion autour d’un objectif supérieur les fédère. Aujourd’hui encore, si les modes de combat ont changé et les matériels radicalement évolué, l’esprit demeure identique. Quelle que soit l’origine des hommes, ils se retrouvent dans ce souci et cette obligation de la perfection jusqu’au bout, à l’entraînement comme en mission. « Lorsqu’ils sont morts dans la poussière, les légionnaires de 1863 ne savaient pas quel retentissement aurait leur geste. C’était de l’abnégation plus que du panache, le sens du devoir plus que de l’orgueil », développe le général. À travers la bataille de Camerone, toutes les qualités du combattant sont présentes : le respect de la parole donnée, l’honneur et la fidélité au chef, le sens du devoir et la solidarité, le courage et le dépassement de soi… Des valeurs indispensables à la Légion, et que l’on retrouve dans les rangs de toutes les armées. 150 nationalités sous le drapeau français Ces valeurs forgent un réel sentiment d’unité dans ce corps militaire où quelque 150 nationalités se côtoient sous le drapeau français. « Parce qu’ils ont parfois traversé des pays, voire des continents, attirés par le rayonnement de la France à l’étranger pour venir servir sous les drapeaux, les légionnaires attendent énormément de l’armée et ont besoin de ce cadre et de ces valeurs qui fondent la Légion. Ils sont prêts à tout donner, alors ils en attendent autant de leurs chefs ! Nous leur offrons, en quelque sorte, une famille, avec ses repères, ses règles et son unité. » Ce cadre particulier attire toujours autant : nombreux sont ceux qui viennent frapper à la porte ! Les trois dates les plus importantes dans la vie d’un légionnaire sont très significatives : Noël, qui est fêté au régiment, revêt une dimension familiale ; Camerone, qui célèbre l’abnégation des hommes dans la mission ; et bien sûr le défilé du 14 Juillet. « C’est à ce moment-là que les légionnaires perçoivent la reconnaissance du pays et c’est toujours pour eux une grande fierté que de descendre les Champs-Élysées », témoigne le général. Chaque soldat engagé en mission représente la France « Cette démarche d’aller servir la France au Mexique il y a près de 150 ans est la même que celle des soldats qui partent en Afghanistan », rappelle le « père de la Légion ». Tout militaire en mission représente la France.  cette fierté de servir notre pays, venant d’engagés étrangers, peut être un exemple à suivre pour chaque militaire français : qu’il porte un bâchi, un calot ou un képi, il est appelé à participer au rayonnement de la France en toutes circonstances. Les gestes héroïques ne sont pas réservés au passé, chaque soldat blessé ou tombé en Afghanistan en est la preuve. C’est l’excellence au quotidien, dès l’entraînement, qui transforme ces hommes et ces femmes en héros lorsque leur devoir les appelle à aller jusqu’au bout de leur engagement. C’est pourquoi les idées qu’ils défendent sont toujours d’actualité. Certains les jugent désuètes, d’autres reprochent à la société de les avoir oubliées, mais elles sont toujours «d’active» parmi les militaires et doivent le rester. Et, quoiqu’en disent les désabusés, tant que des hommes et des femmes continueront d’exercer leur mission dans la fidélité et le respect, la France rayonnera dans le monde.


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  • La bataille de Leipzig - 16-19 octobre 1813

    La «bataille des Nations»

    La bataille de Leipzig, qu’on a surnom­mée la «bataille des Nations» puis­qu’elle a mis aux prises Français, Prus­siens, Autrichiens, Russes et Suédois, se déroule entre le 16 et le 19 octobre 1813. Du côté des Alliés, Blücher commande les Prussiens, Schwarzenberg les Autri­chiens, et Bennigsen les Russes. Ces trois armées réunissent 550000 hom­mes. Le maréchal Bernadotte, qui a lâ­ché Napoléon, apporte le concours de ses Suédois. Au cours de l’automne, les Français ont subi de nombreux revers: Oudinot a été battu à Katzbach, Macdonald à Gross Beeren, et Ney à Dennewitz. La Grande Armée se réduit alors à 200000 hommes acculés à l’Elster. Se­lon sa tactique bien connue, Napoléon cherche à battre séparément Schwar­zenberg et Blücher avant leur jonc­tion. L’opération semble réussir le 16 octobre: le centre autrichien est enfoncé et le tsar, tenant la bataille pour perdue, songe à la retraite. Mais Macdonald, chargé d’envelopper l’armée autrichien­ne, manœuvre trop lentement, ce qui empêche la destruction complète de ses adversaires.Le 17, Napoléon envisage un repli sur Erfurt, tout en maintenant une tac­tique offensive et il inflige effectivement de grosses pertes à l’ennemi. Mais, durant la nuit du 17 au 18 octobre, la défection des Wurtembergeois et des Saxons précipite sa défaite et marque la fin de la bataille. En effet, l’armée française est épuisée par deux jours de bataille ininterrompue, handicapée aussi par son infériorité numérique et la pénurie de vivres et de munitions. Le 19 au matin, elle franchit l’Elster en bon ordre, mais l’arrière- garde, forte de 18000 hommes et com­mandée par le maréchal Poniatowski, ne peut la suivre, car un caporal affolé a fait sauter le pont prématurément. Poniatowski et beaucoup de ses hom­mes se noient en tentant une traversée à la nage. Tout retour offensif est désormais inter­dit à l’armée française. Napoléon aura beau dire: «Si, à Leipzig, j’avais eu 30000 coups de canon le 18 au soir, je serais aujourd’hui le maître du monde», sa défaite scelle le sort de l’Empire.


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