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    Le guet-apens de Bayonne - 1808

     Une diplomatie de la terreur

    En 1808, pour combattre l’Angleterre, Napoléon veut s’emparer de l’Espagne dont i1 convoite les ressources et la posi­tion stratégique. Il souhaite pouvoir chasser la dynastie des Bourbons qui règne à Madrid depuis Philippe V, le petit-fils de Louis XIV, et il entend pla­cer sur le trône d’Espagne un Bonapar­te, son frère Joseph. L’occasion d’occu­per militairement l’Espagne lui est four­nie par une émeute populaire qui éclate dans la nuit du 17 au 18 mars et qui oblige le roi Charles IV et l’impératrice Marie-Louise à abdiquer en faveur de leur fils, Ferdinand VII. Cette émeute est appuyée par une partie de l’armée. Le jour du 18 mars, Murât et l’armée française entrent dans Madrid. L’en­voyé de Napoléon refuse de reconnaître comme roi Ferdinand VII et semble protéger Charles IV et Marie-Louise. Charles IV, fort de ce soutien, se rétrac­te et demande à Napoléon de trancher le différend avec son fils. De son côté, Fer­dinand VII part pour Bayonne afin d’obtenir l’aide de Napoléon, assortie de la main d’une Bonaparte. Ferdinand VII arrive à Bayonne le 20 avril 1808. Mais Napoléon tente de le faire renoncer au trône d’Espagne contre la promesse de régner sur l’Etru- rie. Dix jours plus tard, Charles IV et Marie-Louise arrivent à leur tour à Bayonne; ils sont reçus par Napoléon comme les véritables souverains. Char­les IV renie alors son fils et l’accuse d’avoir usurpé le trône. Cette querelle pénible entre le père et le fils a lieu devant l’Empereur qui entend tirer parti de ce différend. Parvient alors la nouvelle de l’insurrection du 2 mai contre les troupes françaises. Napoléon en profite pour exiger de Charles IV et de son fils leur abdication, qui est acceptée par les traités de Bayonne des 5 et 10 mai 1808. De Bordeaux, le 12 mai, Ferdi­nand VII lance une proclamation aux Espagnols pour les exhorter à accepter le fait accompli. Le 6 juin 1808, Napoléon proclame son frère Joseph roi d’Espagne. Ferdinand VII est placé en résidence forcée au châ­teau de Valençay. Ce véritable guet- apens diplomatique, tendu par Murât et Napoléon, déclenche immédiatement l’insurrection générale en Espagne: Joseph Bonaparte ne peut rester sur le trône qu’un seul mois. La guérilla se gé­néralise. Ainsi commence la guerre d’Espagne qui va marquer les premiers revers des armées de Napoléon et annonce déjà le déclin de l’Empire.


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  • La Terreur blanche - 1815-1816

    La soif de vengeance

    Après Waterloo, les haines des ultra- royalistes se déchaînèrent contre les anciens révolutionnaires et contre les bonapartistes restés fidèles à Napoléon pendant les Cent-Jours. Cette Terreur blanche, ainsi appelée en souvenir de la grande «Terreur rouge» des années 1793-1794, sévit surtout dans le Midi où des milices irrégulières, comme les «verdets» ou les «miquelets», exercèrent des vengeances collectives ou privées. Dans la région de Nîmes, un nommé Trestaillons commandait les tueurs: aux passions politiques se mêlaient les pas­sions religieuses dirigées contre les calvi­nistes. A Marseille, on massacra d'an­ciens mamelouks de la Garde et de vieux Jacobins. A Montpellier, la garni­son bonapartiste dut capituler et les sol­dats, désarmés, furent écharpés par la foule. Parmi les plus illustres victimes, on compta le maréchal Brune, accusé à tort d’avoir jadis participé au massacre de la princesse de Lamballe et qui fut abattu à Avignon (22 août 1815), et le général Ramel, commandant royaliste de la garnison de Toulouse, lardé de coups alors qu’il tentait de protéger des bonapartistes contre les forcenés (15 août). A Paris, les ultras considéraient qu'une répression légale était préférable aux déchaînements sauvages. Dès la réunion de la Chambre introuvable, des lois d’exception furent promulguées. On ins­titua des tribunaux mi-civils, mi- militaires, appelés «cours prévôtales». Des listes de proscriptions avaient déjà été dressées contre les complices du retour de l’île d’Elbe et contre les vieux conventionnels tels que Carnot, Cambacérès. Fouché, qui durent s’exiler. Les officiers supérieurs furent spécialement visés. Ainsi les généraux La Bédoyère, les frères Faucher, Mouton-Duvernet, furent jugés par des conseils de guerre, condamnés à mort et exécutés. Le maré­chal Ney, condamné à mort par la Chambre des pairs, fut fusillé le 7 dé­cembre 1815. Plus heureux, l’ancien directeur des Postes, La Valette, réussit à s’enfuir de la Conciergerie grâce au dévouement de sa femme et à passer en Bavière. D'autres bonapartistes notoires purent quitter la France avant d’être retrouvés: ainsi deux généraux, les frè­res Lallemand, allèrent fonder au Texas une colonie où vinrent se réfugier quatre cents vieux braves. Louis XVIII déplorait le terrible zèle monarchiste des ultras et souhaitait l’apaisement des passions. Il le prouva en septembre 1816 en dissolvant la Chambre introuvable: l’épidémie de vengeance était terminée

     


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