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«Je condamne de cœur et de bouche la doctrine des «Cinq Propositions» de Cornélius Jansénius, en son livre intitulé Augustinus, que les deux papes Innocent X et Alexandre VII ont condamnée, laquelle doctrine n’est pas celle de saint Augustin, que Jansénius a mal expliquée, contre le vrai sens de ce saint docteur.» Tels sont les termes du «formulaire» que tous les ecclésiastiques de France doivent signer.
Les jansénistes ont volontiers reconnu comme hérétiques les «Cinq Propositions», mais nient qu’elles figurent réellement dans l’ouvrage de Jansénius. Biaise Pascal intervient en publiant Les Provinciales, chef-d’œuvre pamphlétaire dans lequel il attaque la morale laxiste des jésuites et défend la rigueur de ses amis, les «solitaires» de Port-Royal. L’ouvrage fait grand bruit. La querelle janséniste est ouverte et durera plus de dix ans. En 1660, Les Provinciales sont brûlées par le bourreau. En 1661, sur le point de mourir, Mazarin recommande au jeune Louis XIV de détruire la «secte» janséniste, dangereuse pour la paix religieuse et également pour la paix politique, car les derniers «frondeurs» soutiennent volontiers Port-Royal. Aussi, dès qu’il prend les affaires en main, le roi exige-t-il la signature du formulaire. Les religieuses du couvent de Port- Royal sont réticentes: on leur enlève leurs pensionnaires et leurs novices. En 1664, devant l’entêtement des récalcitrantes, l’archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe, décide de les reléguer dans leur monastère des Champs. En 1667, à l’avènement du pape Clément IX, quatre évêques courageux et indépendants continuent de refuser le formulaire. Nicolas Pavillon, l’évêque d’Alet, est le plus tenace et le plus audacieux, allant jusqu’à offrir aux jansénistes un asile dans son diocèse. Ces rébellions inquiètent Rome comme Versailles et, en 1668, dans le plus grand secret s’entame une négociation entre les trois partis: le nonce Bargellini secondé par l’évêque de Laon, pour le pape; Lionne, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, pour le roi; Gondrin, archevêque de Sens, et Vialart, évêque de Châlons, comme médiateurs. On arrive à se mettre d’accord sur un texte suffisamment vague pour que chacun puisse l’accepter sans perdre la face: le pape peut se féliciter de la soumission des évêques; ceux-ci peuvent continuer à prétendre qu’ils n’ont pas signé le formulaire. Cette duperie bien conduite aboutit à la «paix de l’Eglise», le 19 janvier 1669.
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L'héritage des glaciers
Le lac d'Annecy, tout comme le lac du Bourget et le lac Léman, doit son existence au gigantesque travail de creusement et de rabotage opéré par
les glaciers de l'ère quaternaire. Cette très belle nappe d'eau est enchâssée dans un écrin de massifs verdoyants : au départ d'Annecy et en tournant
autour du lac en sens contraire des aiguilles d'une montre, ce sont successivement les montagnes du Semnoz, d'Entrevernes et du Taillefer, les
massifs de la Tournette et des dents de Lanfon et enfin les monts Baron et Veyrier qui viennent s'y mirer. Le lac d'Annecy, long de 14km,
couvre une superficie de 2 800 hectares; il atteint sa plus grande largeur (3,5 km) au niveau du village de Sévrier. À l'origine, la nappe se
composait de deux cuvettes distinctes que séparait une barre rocheuse située entre la pointe de Duingt, en rive occidentale et le Roc de Chère en rive
orientale. L'élévation du niveau des eaux a amené l'immersion de ce seuil et la réunion des deux bassins : le goulet d'étranglement marque maintenant
la limite entre le Grand Lac au nord et le Petit Lac au sud. Les abords du Grand Lac sont très riants et les villages et stations installés sur ses
rives (Sévrier, Veyrier, Menthon- Saint-Bernard) occupent des sites extrêmement agréables ; les rivages du Petit Lac, sont beaucoup plus
escarpés et couverts d'une sombre végétation. À la charnière des deux bassins, veille le château de Duingt, bâti sur un îlot qui prolonge jusque
dans les eaux du lac le chaînon du Taillefer. C'est certainement la route du col de la Forclaz, qui mène d'Annecy à Faverges par la rive est,
qui offre les meilleures vues plongeantes sur le lac. L'itinéraire passe par Veyrier (téléphérique du mont Veyrier), Menthon-Saint-Bernard (château
des xme et xves.) et Talloires (haut lieu de la gastronomie) avant de s'élever jusqu'au col de la Forclaz. De ce panorama d'altitude (1157 m) qui
surplombe directement le lac, les eaux bleues et vertes apparaissent dans toute leur splendeur. Vers le sud ouest se succèdent les monts des
Bauges ; au nord-est s'élève le massif de la Tournette (2 351 m) et plus loin au' nord se profilent les dents de Lanfon.Le Trou du Boubioz ------------------
L'Eau morte, petit cours d'eau qui se jette dans le lac à son extrémité méridionale, et les quelques ruisseaux qui drainent les versants alentour, ne
suffiraient pas à alimenter la nappe d'eau. Celle-ci dépend d'une source sous-lacustre très active, le Boubioz, qui jaillit à plus de 80 m de profondeur
à quelque distance de la pointe de la Puya: elle forme une sorte d'entonnoir, le «Trou du Boubioz».
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La « Venise savoyarde
À l'extrémité septentrionale du lac auquel elle a donné son nom, enchâssée dans des montagnes verdoyantes, la ville d'Annecy occupe un site
admirable. Les promenades du bord du lac et les vieux quartiers de la cité offrent au visiteur des itinéraires très pittoresques parfaitement mis en
valeur. Le vieil Annecy s'articule autour des canaux et du Thiou qui servent d'émissaire au lac et qui ont valu à la cité la dénomination de
«Venise savoyarde». Le pont sur le Thiou est certainement un des points de vue les plus caractéristiques : les vieilles maisons s'alignent sur chaque
rive du cours d'eau et, au milieu, sur une petite île naturelle, se dresse le palais de l'Isle, dont les bâtiments, édifiés du XIIe au XVIe s., ont servi tour
à tour de chambre des comptes et de palais de justice, d'atelier monétaire du Genevois et même de prison. C'est qu'Annecy était alors une des villes
commerçantes les plus importantes du nord des Alpes, et sur les bords du Thiou étaient installées de nombreuses corporations (tanneurs, cordonniers,
gantiers, peaussiers, meuniers, couteliers...). De même, la rue Sainte- Claire, axe principal de la vieille ville, était et est encore bordée de maisons
à arcades sous lesquelles on imagine sans peine commerces et étals. Au n° 18 de la rue, dans l'hôtel particulier du président Favre (xvies.), siégeait
l'Académie florimontane, créée en 1606 par François de Sales, Honoré d'Urfé et Antoine Favre. Immédiatement au-dessus de ce quartier industrieux
veille le château où résidèrent les comtes de Genève et les ducs de Genevois-Nemours. La très massive tour de la Reine est une des parties
les plus anciennes de l'ensemble : elle remonte au xnes. Le Logis-Vieux, édifié aux xme et xives., possède une très belle salle des Gardes et une
grande salle de réception. Le Logis- Nemours, qui date du xvies., abrite maintenant l'intéressant musée d'Archéologie et d'Ethnologie régionales.
Quant au Logis-Neuf (fin xvies.), il servait de caserne à la garnison du château.
De nombreux édifices religieux rappellent qu'Annecy fut un des hauts lieux de la Contre-Réforme ; en particulier la cathédrale Saint-Pierre et la
basilique de la Visitation où a été aménagé le Musée salésien. Saint- Maurice (xve s.) est un des plus beaux édifices gothiques de la région : en
1955, deux belles fresques du xves. y furent mises au jour. Regoignez enfin les bords du lac, flânez dans le jardin public entre le Thiou et le
canal du Vassé, traversez le pont des Amours et rejoignez, au bout du parc du Paquier, la table d'orientation aménagée sur la rive : de là vous
verrez le mont Veyrier, la Tournette, les dents de Lanfon et le Semnoz se refléter dans le bleu du lac.
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Le fromage des Aravis
Un arrêté de 1976 définit le reblochon comme suit : « fromage à pâte pressée non cuite, légèrement salée, en forme de cylindre plat (diamètre 14cm;
épaisseur : 3,5 cm) d'un poids variant entre 450 g et 550 g, fabriqué au lait de vache entier à l'état cru». Ce fromage au fin goût de noisette, que
l'on fabrique dans les fermes de la chaîne des Aravis (Thônes, La Clusaz, Le Grand-Bornand) était déjà connu au xive s. À cette époque, le fermier
qui louait un alpage devait au propriétaire un droit proportionnel à la quantité de lait produite (le droit d'ociège). Pour évaluer son dû, le
propriétaire montait au pâturage et devant lui toutes les vaches étaient traites. Ce jour-là, le fermier s'arrangeait pour traire incomplètement les
vaches. Une fois le propriétaire parti, il procédait à une seconde traite désignée sous le nom de «rablassa» ou «rablacha», ce qui veut dire
«maraude» en patois savoyard. Cette seconde traite, très riche, car le lait est toujours plus gras en fin de traite, servait à faire de petits fromages
appelés «reblessons» ou «reblochons ». Aujourd'hui, le reblochon fermier est fabriqué deux fois par jour, juste après la traite dans cette
zone de Haute-Savoie où les pâturages sont particulièrement riches et propres. Le lait est versé dans de grands chaudrons de cuivre, puis emprésuré.
Après quoi, la fermière découpe le caillé formé à l'aide d'un «tranchecaillé » et dispose les parts dans des moules en bois. Retournés, puis salés,
les reblochons vont passer huit jours dans le séchoir où ils seront « lavés » : on raclera leur croûte au fur et à mesure qu'apparaîtront les impuretés.
L'affinage se fera dans une cave fraîche, voûtée, crépie à la chaux, sur les parois de laquelle se développe le champignon qui donne au fromage
son léger goût de noisette. Au bout de quinze jours d'affinage, sur des planches en bois d'épicéa, les reblochons seront à maturité : ils auront
pris cette couleur jaune safran et le léger velours blanc qui les caractérise.Les fruitières-----------------------------
Le produit du droit d'ociège, beurre ou fromage, était désigné sous le nom de «fruit», c'est pourquoi les fromageries, dans la région d'Annecy, portent
le nom de «fruitières». La zone de production du reblochon est délimitée par la région montagneuse de la Haute-Savoie. Mais on distinguera
le reblochon fermier qui se fait dans les fermes des vallées de Thônes, La Clusaz et le Grand-Bornand, et le reblochon fruitier, qui se fabrique en
fruitière, toujours dans la zone délimitée mais selon des procédés plus mécanisés. Dans ces fruitières, on trouvera aussi la fameuse tome de
Savoie, le beaufort et le gruyère.
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Le pouce de saint Jean-Baptiste
Les forgerons mérovingiens, puis les agriculteurs et commerçants ligures élirent ce site au confluent de l'Arc et de l'Arvan, sous le massif du Grand
Chatelard (2 148 m). Mais c'est au vie s. que la petite cité de la vallée de la Maurienne prit une réelle importance : une jeune chrétienne, sainte
Thècle, rapporta d'Alexandrie le pouce — ou trois doigts — de saint Jean-Baptiste. Dès lors, les reliques attirèrent les pèlerins et incitèrent à
bâtir une première église, au ixes., dont subsiste une crypte. La cathédrale romane actuelle date du xies. pour le gros oeuvre. À l'époque ses
hauts murs étaient surmontés d'un plafond en bois de mélèze ; seule l'abside était voûtée en cul-de-four. Le choeur, construit à la fin du xves.
dans le style gothique flamboyant, abrite un ensemble de 82 stalles du xve s. dues au Genevois Pierre Mochet. Sur leurs hauts dossiers alternent les
apôtres, les prophètes et les saints populaires dans la région, tous portant un phylactère. Sous les sièges, les miséricordes sont ornées de motifs
sculptés. À gauche du maître-autel, un splendide ciborium gothique en albâtre est creusé de niches peuplées de statues. Dans le très beau cloître
où alternent le tuf et le gypse, on verra un bas-relief représentant la Vision de l'Agneau dans l'Apocalypse. Sur la place de la cathédrale, un grand
clocher du XIe s. était jadis surmonté d'une flèche de 39 m. À ce clocher était reliée l'église Notre-Dame dont une belle porte romane s'ouvre face à
la cathédrale. Dans la ville, qui a gardé des vestiges de remparts du XVes., on pourra voir plusieurs maisons anciennes à balcons : la maison
des Flammes, la maison de Babylone, l'hôtel Saint Georges et ses magnifiques écuries voûtées, l'hôtel de Jérusalem. Foires et marchés y ont gardé
leur caractère pittoresque. Chaque samedi a lieu un grand marché (place du Marché et place Fodéré), et des foires importantes plusieurs fois dans
l'année contribuent à l'animation.Le Palais épiscopal et le musée —
L'ouest de la place de la Cathédrale est occupé par l'imposant bâtiment de l'ancien palais épiscopal. Remanié au xvmes. par Mgr de Martiniana, il
servait de pied-à-terre aux souverains de passage dans la ville. Le premier étage de l'aile nord du palais abrite le musée de Saint-Jean-de-Maurienne.
On y verra des collections d'archéologie, d'arts et traditions populaires et d'art religieux. Durant l'été s'y ajoutent des expositions à thème sur des
personnages célèbres de la Maurienne : le docteur Fodéré, fondateur de la médecine légale, le couturier Pierre Balmain ou les explorateurs
Ambroise et Jules Poncet, qui découvrirent les sources du Nil.
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