• Le camp de Boulogne 1803-1805

    L'invasion de l'Angleterre?

    Dès le début de son Consulat, en 1800, Bonaparte est décidé à débarquer en Angleterre. Il rassemble à Boulogne, face aux côtes anglaises, une armée de quelque 120000 soldats. Mais les diffi­cultés intérieures et la paix d’Amiens l’amènent à renoncer à son projet; il le reprend en 1803, après la rupture de cette paix et la nouvelle menace an­glaise. Napoléon Bonaparte a conscience que la flotte française est insuffisante pour s’opposer à celle des Anglais et pour assurer un débarquement victorieux. Il a donc fait construire près de 2000 cha­loupes, véritables péniches de débarque­ment à fond plat et capables de trans­porter 150000 hommes, 11000 che­vaux et 450 canons. Cette armada est commandée par le vice-amiral Bruix. On étudie aussi d’autres plans d’inva­sion, notamment par la voie des airs, à l’aide de montgolfières géantes. Dans les premiers jours d’août 1805, Napoléon se rend au camp de Boulogne pour inspecter les préparatifs d’invasion. Dans le même temps, l’amiral Veruell rassemble dans les ports de la mer du Nord, à Ostende, à Dunkerque et à Calais, les plus gros bâtiments de la flot­te; ceux-ci doivent être bientôt renforcés par l’escadre de la Méditerranée, placée sous le commandement de Latouche- Tréville et de l’amiral Villeneuve. Pour stimuler l’ardeur des futures trou­pes de débarquement, l’Empereur prési­de une grande cérémonie au cours de laquelle sont distribuées les premières décorations du nouvel ordre de la Lé­gion d’honneur. Mais on s’aperçoit très vite qu’en raison des marées et du nom­bre élevé des chaloupes, il faudra plu­sieurs jours pour transporter les troupes au-delà de la Manche, ce qui rend impossible tout effet de surprise. De plus, la flottille sera sans défense contre une tempête, même minime. Enfin, l’amiral Villeneuve, appelé à protéger l’expédition pendant les heures décisi­ves, fait preuve d’indécision et d’incom­pétence; il se laisse cerner par l’amiral Nelson qui détruit la flotte française à Trafalgar, au large des côtes espagnoles, le 21 octobre 1805. Depuis ce désastre naval, aucune escadre importante ne pourra encadrer efficacement un débar­quement. Menacé par une troisième coalition, Napoléon abandonne définitivement l’entreprise. Les troupes du camp de Boulogne se mettent en mouvement vers l’Autriche, vers Austerlitz.


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    Conquête de l’Italie par Charles VIII  1494-1497

    Aux sources de la Renaissance

     

    A la fin du XVe siècle, l’Italie est morce­lée en nombreux Etats jaloux les uns des autres et toujours prêts à se combattre: au sud, le royaume de Naples; au cen­tre, les Etats de l’Eglise et Florence; au nord, les duchés de Savoie et de Milan, les républiques marchandes de Venise et de Gênes. En mourant, René d’Anjou a légué à Louis XI ses domaines français, mais aussi ses droits sur le royaume de Naples. Charles VIII, épris de romans de chevalerie, rêvant de hauts faits d’armes, est tenté de faire valoir ses droits, d’autant qu’il envisage de mener une croisade contre les Turcs et que l’Italie lui fournirait une excellente base de départ. L’occasion d’agir se présente grâce à Ludovic le More, duc de Milan, qui appelle le roi de France à son secours. Afin de s’assurer la neutralité bienveil­lante des principaux souverains d’Euro­pe, Charles VIII dépense force subsides et restitue l’Artois, la Franche-Comté et le Charolais à l’empereur Maximilien, le Roussillon et la Cerdagne à Ferdinand d’Aragon. En août 1494, Charles VIII se met en route, à la tête d’une solide armée de 30000 hommes. Il s’attend à une cam­pagne difficile, préparée par une habile offensive diplomatique. Les villes, terro­risées, ouvrent leurs portes et font au jeune souverain un accueil magnifique. La Savoie est conquise sans coup férir, de même que Saluces et Montferrat. Seul, à Milan, Ludovic Sforza semble peu enthousiasmé par les succès fran­çais. Florence, Sienne se montrent accueillantes. A Rome, où Charles VIII arrive le 31 décembre 1494, le pape Alexandre VI reste sur la réserve. Le février 1495, le roi de France fait son entrée à Naples. Il y vit un rêve merveil­leux, au milieu de fêtes somptueuses; sa suite découvre un pays ensoleillé, fertile, plein de richesses artistiques. Mais, pendant que les Français s’aban­donnent à une sécurité trompeuse, une formidable coalition s’organise contre eux: les souverains européens, rameutés par Ludovic Sforza dont la fille vient d’épouser Maximilien, songent à enfer­mer le roi dans sa conquête avant d’attaquer une France sans défense. Alerté par Philippe de Commynes, Charles VIII ordonne un retour précipi­té. En redescendant des Apennins par la vallée du Taro, les Français bousculent les coalisés près de Fornoue (6 juillet 1495). Charles VIII peut alors repasser les Alpes. Il revient chez lui, féru d’art italien, prêt à l’introduire en France et bien décidé à renouveler sa tentative. Mais sa mort accidentelle au château d’Amboise, en 1498, l’en empêchera.                               


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  • L’expédition Marchand à Fachoda

    Une concession fructueuse

    Dans les dernières années du XIXe siè­cle, les conquêtes coloniales se multi­plient. L’Angleterre et la France sont rivales en Afrique noire. Depuis 1882, les Anglais occupent une place prépon­dérante en Egypte. Par la convention de 1890, la France doit se contenter du Sahara. En 1892 arrivent, en Egypte, le résident Cromer et le général Kitchener. Ils pré­parent la reconquête du Soudan dont un chef de tribu, le «mahdi» (messie), Muhammad Ahmad, s’est rendu maître. En 1896, Kitchener commence sa cam­pagne par la reprise de Dongola, à la quatrième cataracte du Nil. Le plan bri­tannique a pour but la liaison nord-sud, Le Caire-Le Cap. A la même date, les Français, désireux de relier leurs posses­sions du Congo à celles de Somalie, organisent une expédition en vue de tra­cer une voie d’ouest en est, de Dakar à Djibouti. L’opération est confiée au commandant Marchand. Officier d’infanterie de marine, Jean- Baptiste Marchand a accompli, depuis 1889, de nombreuses missions en Afrique occidentale; il a exploré la Séné- gambie, la région du haut Niger et l’in­térieur de la Côte-d’Ivoire. Partie de l’Oubangui en 1897, l’expédition Mar­chand se dirige vers la région mal con­nue du Bahr el-Ghazal, au confluent du Nil Blanc. Le 10 juillet 1898, elle arrive à Fachoda, grand village sur la rive droite du fleuve et ancien centre militai­re égyptien; elle s’y établit. Le 2 septembre 1898, Kitchener, à la tête de 20000 Anglo-Egyptiens, défait le mahdi à Omdurman, sa capitale, au confluent du Nil Bleu. Il poursuit sa route et, arrivé devant Fachoda, somme les Français de lui céder la place. Mar­chand refuse d’abandonner le retranche­ment et d’amener le drapeau français. Londres exige de Paris le renvoi de cet officier entêté. L’opinion, des deux côtés de la Manche, s’exaspère; l’incident devient grave; on est à deux doigts du conflit armé. A Paris, le ministre des Affaires étran­gères Hanotaux, qui s’est rapproché de l’Allemagne, pense qu’on pourrait profi­ter de la situation difficile où se trouve l’Angleterre au Transvaal. Mais son successeur au Quai d’Orsay, Delcassé, a des vues différentes: craignant la puis­sance allemande, il préconise de complé­ter l’alliance franco-russe par une enten­te avec la Grande-Bretagne. Pour favo­riser cette politique, il s’incline prudem­ment devant les exigences anglaises. En novembre 1898, il donne l’ordre au commandant Marchand d’évacuer la position de Fachoda. En France, l’opinion considère cette dé­cision comme une humiliation. Les sen­timents nationalistes se traduisent en anglophobie coléreuse, ce qui n’em­pêche pas les diplomates, encoura­gés par le roi Edouard VII, de préparer l’Entente cordiale qui sera signée le 8 avril 1904. Le recul de Fachoda aboutit donc à un succès politique fran­çais.


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    Le maréchal Bernadotte - 1763-1844

    Une extraordinaire destinée

    Né à Pau, fils d’un avocat, Jean- Baptiste Bernadotte préfère aux études de droit la carrière militaire et il s’enga­ge à 17 ans dans le régiment de Royal- Marine. En 1789, il n’est encore que ser­gent, mais la Révolution lui permet rapi­dement de monter en grade. Colonel en 1792, général de brigade en 1793, il .commande à Fleurus, en 1794, une divi­sion de l’armée de Sambre-et-Meuse. Pendant deux années, il tente, avec des succès divers, de contenir la poussée autrichienne. En 1797, il sert dans l’armée d’Italie. Il ne s’entend guère avec Bonaparte, mais contribue à plu­sieurs de ses victoires: Tagliamento, Gradisca. Il s’empare de Trieste et rap­porte au Directoire les drapeaux pris à l’ennemi. Il soutient le coup d’Etat du 18-Fructidor qui élimine les éléments royalistes des Assemblées. En 1798, il épouse Désirée Clary, fille d’un négociant marseillais et belle-sœur de Joseph Bonaparte. Mais ses relations avec le vainqueur de Rivoli n’en sont guère améliorées. En 1799, il commande l’armée du Bas- Rhin, s’empare de Mannheim et devient ministre de la Guerre. Mais Sieyès, qui ne l’aime guère, réussit à le faire disgra­cier. Bernadotte désapprouve alors le coup d’Etat du 18-Brumaire et complote quelque peu. Mais il devient néanmoins général en chef de l’armée de l’Ouest; il met un terme à la rébellion royaliste en repoussant un débarquement anglais à Quiberon. Gouverneur du Hanovre, il devient maréchal en 1804; il participe à toutes les campagnes de Napoléon. En 1808, il commande en Fionie et au Jylland et administre avec autorité les villes hanséatiques. En 1810, les états de Suède le proclament prince royal et héritier présomptif du roi Charles XIII. Avec l’accord de Napo­léon, il s’installe alors près de son père adoptif mais, en 1812, au moment de la campagne de Russie et de l’invasion de la Poméranie par les troupes françaises, il se dresse résolument contre l’Empe- reur. Il tente en vain une médiation entre ce dernier et les Alliés. Ayant repris le combat en 1813, il remporte, sur Ney et Oudinot, les victoires de Gross Beeren et de Dennewitz et prend part à la bataille de Leipzig. Il s’abstient de participer à la campagne de France, mais entre dans Paris avec les Alliés. La population qui le considère comme un traître l’accueille mal. Devenu roi de Suède en 1818 sous le nom de Charles XIV, il se montre sage et efficace, développant la marine, l’agri­culture, les travaux publics. A sa mort, son fils Oscar lui succède. La famille royale actuelle de Suède descend de Ber­nadotte.


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    Turenne vainqueur de Condé

    14 juin 1658

    Depuis 1651, deux grands capitaines, Turenne et Condé, se combattent. Turenne, qui avait participé au début de la Fronde des princes, s’est rallié à la cause royale. Condé, déçu dans ses exigences, traite secrètement avec les Espa­gnols. Ceux-ci, sentant la France affai­blie et trahie, poursuivent leur lutte contre elle malgré la fin de la guerre de Trente Ans (1648). Après la défaite des princes frondeurs (1653), Condé s’est enfui aux Pays-Bas et s’est mis au service de l’armée espa­gnole. Mazarin, revenu aux Affaires, obtient, en mars 1657, l’alliance de Cromwell. En échange de Dunkerque (dont il faut d’abord chasser les Espa­gnols), les Anglais promettent de blo­quer les ports et de débarquer 6000 hommes de renfort. La campagne com­mence en mai 1658. La ville de Hesdin ouvre ses portes à Condé, de même que Boulogne. Turenne, qui conduit les trou­pes royales, abandonne Hesdin pour se porter sur Dunkerque que bloquent les Anglais. La place est entourée de canaux, de marais et, au nord et au midi, de dunes; malgré ces difficultés, Turenne l’investit. A cette nouvelle inat­tendue, Condé et don Juan d’Autriche, fils naturel de Philippe IV, sans attendre leur artillerie, se précipitent au secours de la ville et prennent position sur les dunes du littoral. Turenne, sachant ses retranchements difficiles à défendre, marche au-devant des Espagnols avec 6000 cavaliers, 8000 fantassins et 10 pièces de canon. Commandant au cen­tre, il a Créqui à sa droite et Castelnau à sa gauche. Le matin du 14 juin, don Juan range ses troupes en bataille et attend le choc des Français qui avan­cent de dune en dune, faisant feu de leurs 10 canons du haut des éminences. Les Anglais de lord Lockardt, neveu de Cromwell, attaquent les premiers; Cas­telnau prend les Espagnols de flanc, mais à droite, avec les fantassins wal­lons, Condé tombe sur Créqui et, per­çant ses lignes, s’apprête à pénétrer jus­qu’à Dunkerque. Turenne charge alors avec le reste de ses escadrons et, arrê­tant Condé, l’oblige à combattre de front. Trois fois, Condé, ralliant les siens, résiste à l’impétuosité des troupes de Turenne. Il doit finalement prendre la fuite pour éviter d’être pris comme la plupart de ses officiers. Les Espagnols ont perdu 1000 hommes, leurs muni­tions, leurs bagages et 4000 prisonniers. Le 23 juin, Dunkerque se rend; le 25, le jeune Louis XIV y fait son entrée avant de remettre la ville aux Anglais. Sur sa lancée, Turenne s’empare de Gravelines, d’Oudenaarde, d’Ypres, menace Bruxel­les et Gand. La Flandre est à peu près conquise. La «journée des Dunes», bataille d’une grande hardiesse, a un retentissement considérable en Europe; elle a ébranlé le prestige des armées espagnoles et con­traint Philippe IV à signer, en 1659, le traité des Pyrénées.


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