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Le 13 juillet 1789, le bruit court que des troupes étrangères sont prêtes à investir Paris. Aussitôt, la population de la capitale se réunit spontanément pour s’armer et résister à toute invasion. Cette légion qui se lève est presque essentiellement bourgeoise. Elle est composée de commerçants, d’industriels, d’avocats, de médecins et de magistrats qu’on retrouvera dans les différentes assemblées de la Révolution. On y trouve aussi, mais en minorité, des ouvriers. Au lendemain de la prise de la Bastille, La Fayette prend le commandement de cette garde, appelée officiellement «nationale». Organisée comme une armée, elle comporte 800 hommes pour chacun des 60 districts de Paris, soit environ 48000 hommes. Elle est couverte par un état-major et comprend une infanterie, une cavalerie et une artillerie. Son uniforme est bleu, blanc, rouge, couleurs de la Révolution. La garde nationale prend part à tous les grands événements. C’est elle qui encadre le peuple lorsqu’il ramène de Versailles à Paris le roi, la reine et le dauphin. Comme Paris, les principales villes de province créent des gardes nationales qui participent à la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790. Formée surtout de bourgeois modérés, la garde nationale s’oppose au peuple de Paris qui réclame, le 17 juillet 1791, sur le Champ-de-Mars, la déchéance du roi Louis XVI. Il y a une fusillade et de nombreux morts. Pourtant, lors de la journée du 10 août 1792, la garde nationale participe à la prise des Tuileries. Lors des journées du 31 mai et du juin, elle soutient les Montagnards contre les Girondins. Après le 9-Thermidor et la chute de Robespierre, la garde nationale comprend beaucoup d’ennemis de la Révolution. Elle soutient les royalistes que Bonaparte écrase le 13-Vendémiaire (5 octobre 1795), sur l’ordre du Directoire. Le futur empereur s’en méfie et réduit ses effectifs. Cependant, la garde nationale se dresse le 30 mars 1814 aux barrières de Clichy et de Neuilly pour tenter d’arrêter les Alliés. Les Bourbons restaurés n’osent pas dissoudre cette milice bourgeoise dont l’appui peut leur être utile; mais, en 1830, celle-ci soutient la révolution de Juillet et devient, sous Louis-Philippe, l’armée de l’ordre par excellence. En février 1848, une bonne partie des gardes nationaux se rangent pourtant parmi les insurgés. Démocratisée sous la seconde République, la garde est étroitement surveillée par le second Empire; à la chute de celui-ci, elle devient une véritable armée populaire qui se retourne contre le gouvernement lors de la Commune. Thiers la dissout alors définitivement.
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La naissance de l’Algérie française
La soumission de l’Algérie va bon train depuis que Bugeaud en a été nommé gouverneur. Le maréchal a obtenu des moyens et des effectifs accrus; en 1844, il dispose de 100000 hommes. Il mène une guerre incessante et mobile qui porte ses fruits: le pays devient sûr et la colonisation progresse. Mais Abd el- Kader demeure une menace permanente. Il a pourtant subi de graves revers: ses bases sont investies, sa smala a été capturée en 1843. Mais, quoique traqué sans relâche, l’émir demeure insaisissable. Au début de 1844, il reconstitue ses forces à Oujda, au Maroc, dont il veut entraîner le sultan dans sa guerre contre les chrétiens. La création d’un poste français à Lalla-Marnia envenime les rapports avec le royaume chérifien qui prétend que ce poste est situé sur son territoire. Des troupes marocaines se concentrent à Oujda. Des accrochages se produisent. Les ardeurs belliqueuses de Bugeaud sont tempérées par Louis- Philippe et Guizot, qui craignent une réaction vigoureuse de l’Angleterre. Celle-ci déclare en effet: «Que la France tire un seul coup de canon au Maroc et c’est la guerre.» Appuyé par une escadre commandée par le prince de Joinvil- le, le consul de France à Tanger demande au sultan l’expulsion d’Abd el-Kader et la dislocation des troupes concentrées à Oujda, tandis qu’on tente de rassurer Londres. Mais les négociations échouent et Joinville bombarde Tanger le 6 août. Bugeaud, qui, de son côté, a lancé un ultimatum au caïd d’Oujda, a désormais les mains libres. Le 12 août, les Français campent sur les bords de l’Isly. Le maréchal expose son plan de bataille: «Je vais attaquer l’armée du prince marocain qui s’élève à 60000 hommes; je voudrais que ce nombre fût double, fût triple, car, plus il y en aura, plus leur désordre et leur désastre seront grands. Moi, j’ai une armée; lui n’a qu’une cohue [...] Je donne à ma petite armée la forme d’une hure de sanglier [...] Qui pourra arrêter notre force de pénétration? Ah! mes amis, nous entrerons dans l’armée marocaine comme un couteau dans le beurre.» Le 14 août, l’armée française franchit l’Isly. Ses 11 000 hommes se portent à la rencontre de 40000 Marocains. Les charges de la cavalerie marocaine se brisent contre la formation française. Tout se déroule comme Bugeaud l’a prévu. La cavalerie et l’artillerie achèvent de défaire l’armée du sultan. Bugeaud songe à marcher sur Fez, mais, en dépit de ses conseils, on conclut rapidement la paix devant les instances vigoureuses de l’Angleterre qui craint une installation des Français au Maroc. Le royaume chérifien est désormais fermé à Abd el- Kader; celui-ci n’est plus qu’un hors-la- loi. Il continue cependant à harceler les Français jusqu’en 1847; traqué par Lamoricière, il finit par se soumettre le décembre. Interné au château d’Amboise, il est libéré en 1852.
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En février 1807, la bataille d’Eylau s’est terminée par une boucherie et n’a pas été décisive. Souhaitant reprendre l’offensive au printemps, Napoléon installe son quartier général à Finkenstein; début juin, il est prêt à attaquer les Russes. L’armée française dispose des meilleurs généraux et maréchaux de PEmpire, tels Ney, Davout, Soult, Bernadotte, sans oublier Murât et sa cavalerie, qui s’installent dans la plaine d’Elbing, Lannes et Mortier se tenant au bord de la Vistule. Le tsar Alexandre et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume ont confié le commandement de leurs armées à Bennigsen. Celui-ci, avec 50000 hommes, attaque Ney qui n’en aligne que 15 000. Ney commence par céder du terrain, essayant d’amener l’ennemi à s’aventurer plus avant; il lui tient alors tête, pendant que l’Empereur accourt avec le reste de l’armée. Bennigsen risque d’être attaqué de flanc; il essaie de reculer, mais il est trop tard: il doit accepter la bataille; Napoléon, arrivé sur place, est bien décidé à empêcher les Russes d’atteindre Königsberg. Le 10 juin, Murât, avec l’aide de Savary, attaque Bennigsen qui s’est retranché dans les redoutes fortifiées de Heils- berg. Le 11 juin, Napoléon entre à Heilsberg, pendant que Bennigsen se retire. Lannes se retrouve devant Königsberg, mais une forte armée russe occupe les hauteurs qui dominent la rivière Aile. Le 12 juin, un combat de cavalerie s’engage. Bennigsen est contraint de reculer vers la ville de Fried- land. Le 13 et le 14 juin a lieu la bataille décisive: Bennigsen remarque qu’un corps français isolé, celui de Lannes, s’apprête à occuper Friedland; le général russe veut profiter de son avantage numérique et fait jeter des ponts sur la rivière Aile qui le sépare de la ville et des troupes de Lannes; c’est bien ce qu’escompte ce dernier, qui s’efforce de le fixer sur place jusqu’à l’arrivée de l’Empereur. Aussitôt sur place, celui-ci charge Ney d’enfoncer la gauche ennemie. Le futur prince de la Moskova marche contre les canonniers russes, tandis que Napoléon coupe les ponts sur l’Alle et concentre des tirs d’artillerie contre l’infanterie russe; celle-ci est bloquée et décimée. Le dernier jour de la bataille, le 14 juin, les Russes ont perdu 25000 hommes, dont 25 généraux; 8000 Français sont mis hors de combat. Napoléon entre à Königsberg, dernière ville prussienne importante. Alexandre est contraint de demander un armistice qui est suivi, peu après, de la célèbre entrevue de Tilsit entre Napoléon et le tsar. La bataille de Friedland est un modèle de stratégie napoléonienne qui consiste à diviser l’armée en plusieurs corps très mobiles et difficiles à fixer par l’ennemi. On dit que Napoléon, la nuit du 13 juin, coucha sur le champ de bataille au milieu de ses soldats remplis du même enthousiasme que, naguère, à Austerlitz.
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Massée sur la rive gauche du Niémen, l’immense armée aux éléments hétéroclites s’apprête à s’enfoncer dans les plaines russes. «Celui qui aurait pu m’épargner cette guerre m’aurait rendu un grand service, mais enfin la voilà, il faut s’en tirer», confie Napoléon à Savary. Pourquoi cette guerre? Apparemment resserrée à Erfurt, en 1808, l’alliance franco-russe s’est effritée. L’Empereur reproche au tsar de violer le blocus continental; Alexandre s’irrite des nouvelles annexions effectuées par Napoléon en Allemagne et craint de voir renaître le royaume de Pologne. Prévoyant le conflit, il fait la paix avec les Turcs et signe un accord avec la Suède. De son côté, Napoléon conclut des alliances — bien éphémères — avec l’Autriche, la Prusse et les pays du Rhin. En même temps, il concentre en Allemagne son armée d’invasion. En avril 1812, le tsar envoie à Paris un ultimatum: l’Empereur le repousse. Le 24 juin 1812, Napoléon traverse le Niémen et s’engage sur la route fatale. Les généraux russes Barclay de Tolly et Bagration refusent le combat, faisant le vide devant les envahisseurs. A Smo- lensk, le conquérant croit tenir ses ennemis, mais de nouveau ils se dérobent. Enfin, le 7 septembre, il bat Koutousov à la Moskova (ou Borodino), victoire sanglante et inutile puisque les Russes réussissent à s’échapper. Une semaine plus tard, il arrive à Moscou et s’installe au Kremlin, convaincu qu’Alexandre va implorer la paix. Cruelle déception: Napoléon doit fuir la ville ravagée par l’incendie (le gouverneur Rostopchine a fait enlever les pompes) et lorsqu’il revient à Moscou il voit ses avances au tsar déclinées. Le 19 octobre, après avoir perdu un temps précieux en vaine attente, il se résout à la retraite. Pour éviter les régions déjà dévastées par sa propre armée, il descend vers le sud, mais se heurte à Koutousov et doit reprendre la route de Smolensk. Le froid chaque jour plus rigoureux, le manque de vivres, le harcèlement des Cosaques déciment les colonnes. Les souffrances de la Grande Armée deviennent atroces. Au passage de la Berezina (25-29 novembre), le gros des troupes échappe de peu à la catastrophe, tandis que Ney fait des prodiges de valeur à l’arrière- garde. Quelques jours plus tard, la nouvelle de l’affaire Malet pousse Napoléon à partir en avant en traîneau: il passe le commandement à Murât, bientôt remplacé par Beauharnais, qui ramènera au-delà du Niémen les misérables débris de la Grande Armée. Les Français apprendront par le terrible XXIXe bulletin l’ampleur du désastre. Napoléon avait perdu 400000 hommes, et plus de 100000 prisonniers.
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En 1789, la Révolution supprime tous les ordres de chevalerie et, par conséquent, toutes les décorations. Elle considère celles-ci comme des survivances de l’Ancien Régime. Napoléon Bonaparte, devenu Premier consul, entend établir une nouvelle noblesse, issue de la bourgeoisie et des militaires qui l’ont porté au pouvoir. Aussi, dès février 1802, lors d’une réception au château de Malmaison, il parle de créer un ordre de la Légion d’honneur, qui récompenserait non seulement les mérites des soldats, mais également ceux des civils, des fonctionnaires, des diplomates, des magistrats, des savants et des citoyens éminents. Les deux Assemblées, le Conseil d’Etat et le Tribunat, s’opposent très vivement à ce projet qui, pensent-ils, rétablirait l’aristocratie sous une autre forme. Repoussant ces objections, Bonaparte déclare: «Je défie qu’on me montre une république ancienne ou moderne dans laquelle il n’y a pas eu de distinctions. On appelle cela des hochets. Eh bien, c’est avec des hochets qu’on mène les hommes!» Le 19 mai 1802, la Légion d’honneur est créée par décret; ses membres ont le droit de toucher un traitement et d’avoir certains privilèges dans la société française. L’ordre «doit être dévoué au service de la République, au maintien de l’intégrité du territoire, à la défense du gouvernement et des lois; il doit combattre par tous les moyens les tentatives de rétablir le régime féodal, concourir de tout son pouvoir au maintien de la liberté et de égalité». La première promotion date du décret impérial du 14 juillet 1804; elle comprend 6000 personnes qui reçoivent leur décoration en l’église des Invalides. Le premier grand chancelier de l’ordre est un civil, le savant Lacépède. La Légion est formée de quinze cohortes; chacune comprend sept grands officiers, vingt commandants, trente officiers et trois cent cinquante légionnaires. Le 9 janvier 1805, un décret impérial établit une nouvelle classe dans l’ordre, celle des grands aigles qui deviendront plus tard les grands-croix. A cette époque, l’effectif des grands aigles ne doit pas dépasser soixante personnes.
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