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La bataille d'Isly 14 août 1844
La naissance de l’Algérie française
La soumission de l’Algérie va bon train depuis que Bugeaud en a été nommé gouverneur. Le maréchal a obtenu des moyens et des effectifs accrus; en 1844, il dispose de 100000 hommes. Il mène une guerre incessante et mobile qui porte ses fruits: le pays devient sûr et la colonisation progresse. Mais Abd el- Kader demeure une menace permanente. Il a pourtant subi de graves revers: ses bases sont investies, sa smala a été capturée en 1843. Mais, quoique traqué sans relâche, l’émir demeure insaisissable. Au début de 1844, il reconstitue ses forces à Oujda, au Maroc, dont il veut entraîner le sultan dans sa guerre contre les chrétiens. La création d’un poste français à Lalla-Marnia envenime les rapports avec le royaume chérifien qui prétend que ce poste est situé sur son territoire. Des troupes marocaines se concentrent à Oujda. Des accrochages se produisent. Les ardeurs belliqueuses de Bugeaud sont tempérées par Louis- Philippe et Guizot, qui craignent une réaction vigoureuse de l’Angleterre. Celle-ci déclare en effet: «Que la France tire un seul coup de canon au Maroc et c’est la guerre.» Appuyé par une escadre commandée par le prince de Joinvil- le, le consul de France à Tanger demande au sultan l’expulsion d’Abd el-Kader et la dislocation des troupes concentrées à Oujda, tandis qu’on tente de rassurer Londres. Mais les négociations échouent et Joinville bombarde Tanger le 6 août. Bugeaud, qui, de son côté, a lancé un ultimatum au caïd d’Oujda, a désormais les mains libres. Le 12 août, les Français campent sur les bords de l’Isly. Le maréchal expose son plan de bataille: «Je vais attaquer l’armée du prince marocain qui s’élève à 60000 hommes; je voudrais que ce nombre fût double, fût triple, car, plus il y en aura, plus leur désordre et leur désastre seront grands. Moi, j’ai une armée; lui n’a qu’une cohue [...] Je donne à ma petite armée la forme d’une hure de sanglier [...] Qui pourra arrêter notre force de pénétration? Ah! mes amis, nous entrerons dans l’armée marocaine comme un couteau dans le beurre.» Le 14 août, l’armée française franchit l’Isly. Ses 11 000 hommes se portent à la rencontre de 40000 Marocains. Les charges de la cavalerie marocaine se brisent contre la formation française. Tout se déroule comme Bugeaud l’a prévu. La cavalerie et l’artillerie achèvent de défaire l’armée du sultan. Bugeaud songe à marcher sur Fez, mais, en dépit de ses conseils, on conclut rapidement la paix devant les instances vigoureuses de l’Angleterre qui craint une installation des Français au Maroc. Le royaume chérifien est désormais fermé à Abd el- Kader; celui-ci n’est plus qu’un hors-la- loi. Il continue cependant à harceler les Français jusqu’en 1847; traqué par Lamoricière, il finit par se soumettre le décembre. Interné au château d’Amboise, il est libéré en 1852.
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