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    La Saint-Barthélemy - 24 août 1572

    «Tuez-les tous!»

    Depuis 1562, les conflits religieux ont plongé la France dans la guerre civile. Les grands du royaume, catholiques et protestants, s’affrontent, rivalisant d’in­fluence sur le roi Charles IX et, sur­tout, sur la régente, Catherine de Médi- cis. Celle-ci cherche à conjurer les pres­sions des deux camps en les opposant l’un à l’autre. L’édit de Saint-Germain ayant établi une paix précaire, le parti protestant en profite pour se fortifier; son chef, l’amiral Gaspard de Coligny, exerce son ascendant sur le jeune roi. Catherine s’en inquiète et se rapproche d’Henri de Guise, dit «le Balafré», qui dirige la coalition adverse. Un attentat est machiné contre Coligny qui en ré­chappe. Devant l’indignation du roi qui ordonne une enquête, Catherine s’affole: elle veut persuader son fils de mettre fin à la «conspiration permanente des huguenots». Au cours d’un conseil noc­turne, Charles IX, assiégé sans répit, finit par céder: «Eh bien, dit-il, par la mort-Dieu! soit! Mais qu’on les tue tous pour qu’il n’en reste pas un pour me le reprocher.» La «grande folie» se déchaîne, exacer­bée par les passions du peuple de Paris. Le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois sonne dès 4 heures du matin «les mati­nes parisiennes»: «la mort et le sang courent les rues»; la lie de la population monte à la surface; les meurtres s’accompagnent de pillages; Coligny est un des premiers frappés; il meurt victi­me de la jalousie de Catherine, de la vengeance des Guise, de la haine fana­tique des Parisiens. Aux ambassadeurs, aux gouverneurs de province, on parle du grave complot auquel le roi a échap­pé de justesse. Le nombre des morts est difficile à évaluer: peut-être 2000 à 3000 huguenots égorgés à Paris, 10000 à tra­vers les provinces. Ce crime, qui indigne l’Europe, est aussi une faute: le feu s’apaise dans la capita­le, mais la province se consume; à Lyon, les prisons sont envahies et leurs occupants égorgés. Cependant, Mati­gnon, en Normandie, et Jeannin, en Bourgogne, imposent la modération. Mais dans l’Ouest et le Midi, le protes­tantisme renaît. Privés de leurs diri­geants nobles, les huguenots s’organi­sent démocratiquement; pasteurs et magistrats préparent la résistance, en liaison avec La Rochelle, tournée vers l’Angleterre, avec Strasbourg, avec Genève. Les protestants du Midi exi­gent la réhabilitation des victimes de la Saint-Barthélemy, le libre exercice de leur religion dans tout le royaume sous la garantie de l’Europe réformée. Quant à Charles IX, il meurt le 30 mai 1574, épuisé de fatigue et bourrelé de remords, à cause d’un crime qu’il n’a pas voulu et qui s’est révélé à la fois inu­tile et néfaste.


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    La  seconde guerre de religion

    Le coup de main de Meaux...

    A l’origine de la seconde guerre de reli­gion se retrouvent inquiétudes religieu­ses, intrigues politiques et ambitions personnelles. Les inquiétudes naissent des sacrifices qu’impose aux protestants la politique issue de l’édit de pacification d’Amboise (mars 1563). L’entrevue de Bayonne, où la reine mère a rencontré le duc d’Albe, effraie les chefs huguenots; d’autre part, Condé en veut à la reine mère d’avoir donné au duc d’Anjou le titre de lieute­nant général qu’il convoitait. L’influence de Condé est déterminante. Coligny hésite longtemps mais, la déci­sion prise, il fait accepter un projet par­ticulièrement hardi: se saisir du jeune roi Charles IX et de sa mère, qui se trou­vent alors au château de Montceaux en Brie, et mettre l’autorité royale dans leur camp. Le coup de main échoue: averti, le gou­vernement s’est réfugié à Meaux, le 26 septembre 1567; il rentre à Paris sous la protection des suisses qui, ce jour-là, sauvent la monarchie. Des conversations s’engagent: les protestants demandent l’éloignement des Guise, le rétablisse­ment des vieilles institutions libres, la convocation des états généraux; Cathe­rine ne peut accepter; la guerre reprend. A Saint-Denis (10 novembre 1567), les deux armées sont aux prises; le conné­table de Montmorency est mortellement blessé; l’armée royale a perdu son chef; du côté protestant, les renforts promis par les princes protestants allemands n’arrivent pas; Condé, sans argent, est blâmé pour avoir provoqué une prise d’armes peu justifiée; Catherine aspire à la paix. De nouvelles négociations, menées malgré l’hostilité du nonce Délia Torre et de l’ambassadeur d’Espagne, aboutissent, le 23 mars 1568, à la paix de Longjumeau qui rétablit l’édit d’Amboise sans limites ni restrictions. L’important demeure la volte-face poli­tique de Catherine de Médicis: elle a d’abord fait un effort plus ou moins sin­cère de conciliation, suivant l’avis de son chancelier Michel de L’Hospital. Cet effort n’a pas été payant; la surprise de Meaux, l’agression injustifiée des chefs protestants l’ont irritée; elle rend le chancelier responsable de cet échec bien qu’elle l’ait défendu à Bayonne devant la reine d’Espagne, sa fille, et le duc d’Albe. Mais la mort de Montmorency, partisan d’une politique modérée, a été une nouvelle humiliation pour le gouver­nement royal. Donc, le 24 mai 1568, L’Hospital doit rendre les sceaux et se retirer sur ses terres.


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  • La lutte contre Charles Quint - 1519-1547

    Conflit d'une maison contre une nation

     

    Au cours de la première moitié du XVIe siècle, un long duel oppose François Ier et Charles Quint; on n’y voit souvent que le conflit de deux personnalités; c’est plutôt la gestation douloureuse de l’Europe moderne et de ses Etats- nations. Tout commence en 1519, quand le trône du Saint Empire devient vacant. Fran­çois Ier et l’Electeur de Saxe sont candi­dats à la succession, mais c’est Charles d’Espagne qui est élu, sous le nom de Charles Quint. Ce dernier, qui rêve de reconquérir la Bourgogne, peut désor­mais enserrer la France sur trois frontiè­res; il dispose aussi des immenses res­sources de ses possessions d’Amérique. Pour défendre l’existence de son royau­me et pour préserver l’équilibre euro­péen, François Ier va entreprendre une série de guerres et rechercher des allian­ces. Il se tourne d’abord vers Henri VIII d’Angleterre; ce dernier, par son divorce et ses remariages successifs, s’est coupé de Rome; il s’inquiète aussi de la montée d’une puissance espagnole qui menace ses intérêts maritimes et commerciaux. Par sa victoire de Marignan (1515), François Ier s’assure aussi le concours des Etats italiens; mais il est défait à Pavie et emprisonné à Madrid par son rival (1525). Si le sac de Rome horrifie la chrétienté, l’Italie n’en passe pas moins pour un siècle sous la domination espagnole. Libéré, le roi de France reprend la lutte; la Réforme protestante lui permet d’attaquer Charles Quint en Allemagne même: bien qu’ennemi de la religion nouvelle, il soutient les princes luthé­riens, se disant «protecteur des libertés germaniques». Charles Quint inflige à l’Electeur de Saxe, en 1547, une terrible défaite, mais il ne peut faire triompher la Contre-Réforme en Allemagne. Henri II, successeur de François Ier, pourra y développer une fructueuse politique d’intervention. François Ier, roi très chrétien, va même jusqu’à se rapprocher des Turcs que Charles Quint voudrait chasser de Mé­diterranée: il donne refuge à leur flotte à Toulon et compte sur eux pour prendre à revers les armées impériales dans la région du Danube. Cette politique agressive a été diverse­ment jugée; le recul de l’Histoire permet néanmoins de conclure qu’elle a eu des conséquences négatives pour l’ensemble de l’Europe. La mort de François Ier, en 1547, est suivie de l’abdication de Char­les Quint qui renonce au trône d’Espa­gne, en faveur de son fils Philippe, et à l’Empire, en faveur de son neveu Maxi- milien (1555-1556); le rêve impérial, unitaire et catholique, a échoué. Si la France a maintenu, avec son indépen­dance, l’équilibre de l’Europe, les guer­res incessantes ont porté un coup ter­rible à l’économie européenne.


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  • Le traité d'Hampton Court - 20 septembre 1562

    Le Havre livré aux Anglais...

    Le massacre de Wassy (1er mars 1562) a ruiné la politique de tolérance de Michel de L’Hospital et de Catherine de Médicis. L’application de Pédit de Jan­vier est interdite à Paris; Condé, rejoint par Coligny, organise la résistance, éta­blit à Orléans, face à Paris, la capitale protestante, cherche des alliés à l’étran­ger. Catherine demande l’aide de Phi­lippe II, du duc de Savoie Emmanuel- Philibert, du pape Pie IV. Condé et Coligny entrent en rapport avec Elisa­beth d’Angleterre qui vend cher son appui. La souveraine a des visées per­manentes sur les côtes de la France, mais, prudente, elle hésite longtemps avant d’intervenir; d’autre part, elle peut compter sur l’habileté de son ambassadeur à Paris, Throckmorton. Ce dernier, dès le début des troubles, affirme ouvertement ses sympathies pour les réformés. Il monte en épingle l’aide accordée aux catholiques par l’Espagne de Philippe II, annonce le retour de Calais à l’Espagne, demande la livraison à sa souveraine, à titre de garantie, de Calais, de Dieppe et du Havre. Elisabeth, quant à elle, reste en retrait, mais mande à Paris deux ambas­sadeurs extraordinaires, sir Harry Sidney et sir Peter Meautys, qui proposent vainement à Catherine de Médicis une médiation anglaise. Throckmorton revient à la charge; il demande l’envoi d’un secours extraordi­naire, obtient son rappel. Elisabeth prend alors le parti de faire valoir ses droits sur Calais et d’aider les hugue­nots. Le chancelier Cecil signe, avec les en­voyés de Condé et de Coligny, le traité d’Hampton Court (20 septembre 1562). La reine promet d’envoyer 3000 hom­mes au Havre et, si nécessaire, de four­nir 3000 hommes de plus pour défendre Rouen et le château de Dieppe; elle s’engage à allouer 100000 écus d’or aux huguenots. Mais elle veut disposer entiè­rement de la place du Havre, et son représentant dans la ville doit pouvoir y limiter le nombre des résidents français. Enfin, elle ne rendra la place qu’après la restitution de Calais, prévue par le traité de Cateau-Cambrésis, et le rembourse­ment de ses 100000 écus. Condé accepte ce marché qui ouvre les portes de la France aux Anglais. L’effet est désastreux sur l’opinion publique, même réformée. L’indignation est géné­rale, si bien qu’après Pédit de pacifica­tion d’Amboise, Condé et les chefs pro­testants participent eux-mêmes au siège du Havre qui capitule le 28 juillet 1563. En avril 1564, le traité de Troyes efface les effets de celui d’Hampton Court


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    L’assassinat d’Henri III - 1er août 1589

    Le fanatisme régicide

    Après l’assassinat du duc de Guise, Henri III peut se croire enfin le maître. Le 23 décembre 1588, il a écrit au légat du pape: «Je suis maintenant roi et réso­lu à ne plus souffrir ni injures ni violen­ces.» En réalité, le lendemain, Paris, res­té aux mains de la Ligue, est en pleine insurrection. Tout le pouvoir appartient à un Conseil des Seize, composé des élus des quartiers de la ville. Le Conseil constitue un gouvernement révolution­naire et prononce la déchéance d’Henri III, réputé «parjure, assassin, sacrilège, facteur d’hérésie, simoniaque, magicien, dissipateur du trésor public, ennemi de la patrie». Il décide ensuite de recon­naître pour roi le cardinal de Bourbon. Mais celui-ci étant prisonnier d'Henri III, il nomme lieutenant général du royaume le duc de Mayenne, frère d'Henri de Guise. A l’exception des pays de la Loire, du Dauphiné, de Bor­deaux, l’ensemble du royaume adhère à ces décisions. Devant cette insurrection, Henri III n'a plus qu’une seule solution: se réconcilier avec Henri, roi de Navarre (le futur Henri IV). Le 3 avril 1589, l’accord est conclu et les deux rois, à la tête d'une armée de 30000 hommes, entrepren­nent, en juillet, d'investir Paris. A la perspective d'un siège, la population de la ville vit dans la fièvre. Jour et nuit, des processions d’enfants, de jeunes, d'écoliers parcourent les rues de la capi­tale. Des services religieux se multiplient en faveur des princes lorrains assassi­nés. La haine pour Henri III atteint son paroxysme. Les cordeliers décapitent son portrait; des enfants, portant des cierges, les éteignent aux cris de: «Dieu, éteignez aussi la race des Valois!» Ce climat d’exaltation est favorable à l’action des fanatiques. C’est ainsi que le jeune moine jacobin Jacques Clément, âgé de 22 ans, songe au régicide, con­vaincu de répondre à un appel d’en haut. Muni d’une fausse lettre de recom­mandation émanant du président de Harlay, il réussit à franchir les lignes royalistes et obtient, à Saint-Cloud, d'être présenté à Henri III. Après avoir dîné et dormi, il est introduit, le 1er août 1589, auprès du roi qui se trouve encore sur sa «chaise». Jacques Clément se prosterne et demande à faire une com­munication privée. Le roi fait écarter ses écuyers. Aussitôt, le jeune moine tire un couteau de sa manche et l’enfonce dans le ventre du souverain. Le roi pousse un cri, arrache l’arme, en frappe l’assassin qui est aussitôt massacré. Le soir, Henri souffre de terribles douleurs et, le lendemain, mourant, il a le temps de recevoir le roi de Navarre et de le recon­naître pour son successeur. Dans le royaume, c’est la stupeur, et le pays est vite partagé entre deux attachements: au roi légitime et à la religion tradition­nelle.


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