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Par nomeren le 3 Novembre 2013 à 10:54
Depuis 1562, les conflits religieux ont plongé la France dans la guerre civile. Les grands du royaume, catholiques et protestants, s’affrontent, rivalisant d’influence sur le roi Charles IX et, surtout, sur la régente, Catherine de Médi- cis. Celle-ci cherche à conjurer les pressions des deux camps en les opposant l’un à l’autre. L’édit de Saint-Germain ayant établi une paix précaire, le parti protestant en profite pour se fortifier; son chef, l’amiral Gaspard de Coligny, exerce son ascendant sur le jeune roi. Catherine s’en inquiète et se rapproche d’Henri de Guise, dit «le Balafré», qui dirige la coalition adverse. Un attentat est machiné contre Coligny qui en réchappe. Devant l’indignation du roi qui ordonne une enquête, Catherine s’affole: elle veut persuader son fils de mettre fin à la «conspiration permanente des huguenots». Au cours d’un conseil nocturne, Charles IX, assiégé sans répit, finit par céder: «Eh bien, dit-il, par la mort-Dieu! soit! Mais qu’on les tue tous pour qu’il n’en reste pas un pour me le reprocher.» La «grande folie» se déchaîne, exacerbée par les passions du peuple de Paris. Le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois sonne dès 4 heures du matin «les matines parisiennes»: «la mort et le sang courent les rues»; la lie de la population monte à la surface; les meurtres s’accompagnent de pillages; Coligny est un des premiers frappés; il meurt victime de la jalousie de Catherine, de la vengeance des Guise, de la haine fanatique des Parisiens. Aux ambassadeurs, aux gouverneurs de province, on parle du grave complot auquel le roi a échappé de justesse. Le nombre des morts est difficile à évaluer: peut-être 2000 à 3000 huguenots égorgés à Paris, 10000 à travers les provinces. Ce crime, qui indigne l’Europe, est aussi une faute: le feu s’apaise dans la capitale, mais la province se consume; à Lyon, les prisons sont envahies et leurs occupants égorgés. Cependant, Matignon, en Normandie, et Jeannin, en Bourgogne, imposent la modération. Mais dans l’Ouest et le Midi, le protestantisme renaît. Privés de leurs dirigeants nobles, les huguenots s’organisent démocratiquement; pasteurs et magistrats préparent la résistance, en liaison avec La Rochelle, tournée vers l’Angleterre, avec Strasbourg, avec Genève. Les protestants du Midi exigent la réhabilitation des victimes de la Saint-Barthélemy, le libre exercice de leur religion dans tout le royaume sous la garantie de l’Europe réformée. Quant à Charles IX, il meurt le 30 mai 1574, épuisé de fatigue et bourrelé de remords, à cause d’un crime qu’il n’a pas voulu et qui s’est révélé à la fois inutile et néfaste.
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Par nomeren le 1 Novembre 2013 à 10:37
A l’origine de la seconde guerre de religion se retrouvent inquiétudes religieuses, intrigues politiques et ambitions personnelles. Les inquiétudes naissent des sacrifices qu’impose aux protestants la politique issue de l’édit de pacification d’Amboise (mars 1563). L’entrevue de Bayonne, où la reine mère a rencontré le duc d’Albe, effraie les chefs huguenots; d’autre part, Condé en veut à la reine mère d’avoir donné au duc d’Anjou le titre de lieutenant général qu’il convoitait. L’influence de Condé est déterminante. Coligny hésite longtemps mais, la décision prise, il fait accepter un projet particulièrement hardi: se saisir du jeune roi Charles IX et de sa mère, qui se trouvent alors au château de Montceaux en Brie, et mettre l’autorité royale dans leur camp. Le coup de main échoue: averti, le gouvernement s’est réfugié à Meaux, le 26 septembre 1567; il rentre à Paris sous la protection des suisses qui, ce jour-là, sauvent la monarchie. Des conversations s’engagent: les protestants demandent l’éloignement des Guise, le rétablissement des vieilles institutions libres, la convocation des états généraux; Catherine ne peut accepter; la guerre reprend. A Saint-Denis (10 novembre 1567), les deux armées sont aux prises; le connétable de Montmorency est mortellement blessé; l’armée royale a perdu son chef; du côté protestant, les renforts promis par les princes protestants allemands n’arrivent pas; Condé, sans argent, est blâmé pour avoir provoqué une prise d’armes peu justifiée; Catherine aspire à la paix. De nouvelles négociations, menées malgré l’hostilité du nonce Délia Torre et de l’ambassadeur d’Espagne, aboutissent, le 23 mars 1568, à la paix de Longjumeau qui rétablit l’édit d’Amboise sans limites ni restrictions. L’important demeure la volte-face politique de Catherine de Médicis: elle a d’abord fait un effort plus ou moins sincère de conciliation, suivant l’avis de son chancelier Michel de L’Hospital. Cet effort n’a pas été payant; la surprise de Meaux, l’agression injustifiée des chefs protestants l’ont irritée; elle rend le chancelier responsable de cet échec bien qu’elle l’ait défendu à Bayonne devant la reine d’Espagne, sa fille, et le duc d’Albe. Mais la mort de Montmorency, partisan d’une politique modérée, a été une nouvelle humiliation pour le gouvernement royal. Donc, le 24 mai 1568, L’Hospital doit rendre les sceaux et se retirer sur ses terres.
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Par nomeren le 27 Octobre 2013 à 11:48
Conflit d'une maison contre une nation
Au cours de la première moitié du XVIe siècle, un long duel oppose François Ier et Charles Quint; on n’y voit souvent que le conflit de deux personnalités; c’est plutôt la gestation douloureuse de l’Europe moderne et de ses Etats- nations. Tout commence en 1519, quand le trône du Saint Empire devient vacant. François Ier et l’Electeur de Saxe sont candidats à la succession, mais c’est Charles d’Espagne qui est élu, sous le nom de Charles Quint. Ce dernier, qui rêve de reconquérir la Bourgogne, peut désormais enserrer la France sur trois frontières; il dispose aussi des immenses ressources de ses possessions d’Amérique. Pour défendre l’existence de son royaume et pour préserver l’équilibre européen, François Ier va entreprendre une série de guerres et rechercher des alliances. Il se tourne d’abord vers Henri VIII d’Angleterre; ce dernier, par son divorce et ses remariages successifs, s’est coupé de Rome; il s’inquiète aussi de la montée d’une puissance espagnole qui menace ses intérêts maritimes et commerciaux. Par sa victoire de Marignan (1515), François Ier s’assure aussi le concours des Etats italiens; mais il est défait à Pavie et emprisonné à Madrid par son rival (1525). Si le sac de Rome horrifie la chrétienté, l’Italie n’en passe pas moins pour un siècle sous la domination espagnole. Libéré, le roi de France reprend la lutte; la Réforme protestante lui permet d’attaquer Charles Quint en Allemagne même: bien qu’ennemi de la religion nouvelle, il soutient les princes luthériens, se disant «protecteur des libertés germaniques». Charles Quint inflige à l’Electeur de Saxe, en 1547, une terrible défaite, mais il ne peut faire triompher la Contre-Réforme en Allemagne. Henri II, successeur de François Ier, pourra y développer une fructueuse politique d’intervention. François Ier, roi très chrétien, va même jusqu’à se rapprocher des Turcs que Charles Quint voudrait chasser de Méditerranée: il donne refuge à leur flotte à Toulon et compte sur eux pour prendre à revers les armées impériales dans la région du Danube. Cette politique agressive a été diversement jugée; le recul de l’Histoire permet néanmoins de conclure qu’elle a eu des conséquences négatives pour l’ensemble de l’Europe. La mort de François Ier, en 1547, est suivie de l’abdication de Charles Quint qui renonce au trône d’Espagne, en faveur de son fils Philippe, et à l’Empire, en faveur de son neveu Maxi- milien (1555-1556); le rêve impérial, unitaire et catholique, a échoué. Si la France a maintenu, avec son indépendance, l’équilibre de l’Europe, les guerres incessantes ont porté un coup terrible à l’économie européenne.
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Par nomeren le 19 Octobre 2013 à 11:27
Le Havre livré aux Anglais...
Le massacre de Wassy (1er mars 1562) a ruiné la politique de tolérance de Michel de L’Hospital et de Catherine de Médicis. L’application de Pédit de Janvier est interdite à Paris; Condé, rejoint par Coligny, organise la résistance, établit à Orléans, face à Paris, la capitale protestante, cherche des alliés à l’étranger. Catherine demande l’aide de Philippe II, du duc de Savoie Emmanuel- Philibert, du pape Pie IV. Condé et Coligny entrent en rapport avec Elisabeth d’Angleterre qui vend cher son appui. La souveraine a des visées permanentes sur les côtes de la France, mais, prudente, elle hésite longtemps avant d’intervenir; d’autre part, elle peut compter sur l’habileté de son ambassadeur à Paris, Throckmorton. Ce dernier, dès le début des troubles, affirme ouvertement ses sympathies pour les réformés. Il monte en épingle l’aide accordée aux catholiques par l’Espagne de Philippe II, annonce le retour de Calais à l’Espagne, demande la livraison à sa souveraine, à titre de garantie, de Calais, de Dieppe et du Havre. Elisabeth, quant à elle, reste en retrait, mais mande à Paris deux ambassadeurs extraordinaires, sir Harry Sidney et sir Peter Meautys, qui proposent vainement à Catherine de Médicis une médiation anglaise. Throckmorton revient à la charge; il demande l’envoi d’un secours extraordinaire, obtient son rappel. Elisabeth prend alors le parti de faire valoir ses droits sur Calais et d’aider les huguenots. Le chancelier Cecil signe, avec les envoyés de Condé et de Coligny, le traité d’Hampton Court (20 septembre 1562). La reine promet d’envoyer 3000 hommes au Havre et, si nécessaire, de fournir 3000 hommes de plus pour défendre Rouen et le château de Dieppe; elle s’engage à allouer 100000 écus d’or aux huguenots. Mais elle veut disposer entièrement de la place du Havre, et son représentant dans la ville doit pouvoir y limiter le nombre des résidents français. Enfin, elle ne rendra la place qu’après la restitution de Calais, prévue par le traité de Cateau-Cambrésis, et le remboursement de ses 100000 écus. Condé accepte ce marché qui ouvre les portes de la France aux Anglais. L’effet est désastreux sur l’opinion publique, même réformée. L’indignation est générale, si bien qu’après Pédit de pacification d’Amboise, Condé et les chefs protestants participent eux-mêmes au siège du Havre qui capitule le 28 juillet 1563. En avril 1564, le traité de Troyes efface les effets de celui d’Hampton Court
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Par nomeren le 18 Octobre 2013 à 10:58
Après l’assassinat du duc de Guise, Henri III peut se croire enfin le maître. Le 23 décembre 1588, il a écrit au légat du pape: «Je suis maintenant roi et résolu à ne plus souffrir ni injures ni violences.» En réalité, le lendemain, Paris, resté aux mains de la Ligue, est en pleine insurrection. Tout le pouvoir appartient à un Conseil des Seize, composé des élus des quartiers de la ville. Le Conseil constitue un gouvernement révolutionnaire et prononce la déchéance d’Henri III, réputé «parjure, assassin, sacrilège, facteur d’hérésie, simoniaque, magicien, dissipateur du trésor public, ennemi de la patrie». Il décide ensuite de reconnaître pour roi le cardinal de Bourbon. Mais celui-ci étant prisonnier d'Henri III, il nomme lieutenant général du royaume le duc de Mayenne, frère d'Henri de Guise. A l’exception des pays de la Loire, du Dauphiné, de Bordeaux, l’ensemble du royaume adhère à ces décisions. Devant cette insurrection, Henri III n'a plus qu’une seule solution: se réconcilier avec Henri, roi de Navarre (le futur Henri IV). Le 3 avril 1589, l’accord est conclu et les deux rois, à la tête d'une armée de 30000 hommes, entreprennent, en juillet, d'investir Paris. A la perspective d'un siège, la population de la ville vit dans la fièvre. Jour et nuit, des processions d’enfants, de jeunes, d'écoliers parcourent les rues de la capitale. Des services religieux se multiplient en faveur des princes lorrains assassinés. La haine pour Henri III atteint son paroxysme. Les cordeliers décapitent son portrait; des enfants, portant des cierges, les éteignent aux cris de: «Dieu, éteignez aussi la race des Valois!» Ce climat d’exaltation est favorable à l’action des fanatiques. C’est ainsi que le jeune moine jacobin Jacques Clément, âgé de 22 ans, songe au régicide, convaincu de répondre à un appel d’en haut. Muni d’une fausse lettre de recommandation émanant du président de Harlay, il réussit à franchir les lignes royalistes et obtient, à Saint-Cloud, d'être présenté à Henri III. Après avoir dîné et dormi, il est introduit, le 1er août 1589, auprès du roi qui se trouve encore sur sa «chaise». Jacques Clément se prosterne et demande à faire une communication privée. Le roi fait écarter ses écuyers. Aussitôt, le jeune moine tire un couteau de sa manche et l’enfonce dans le ventre du souverain. Le roi pousse un cri, arrache l’arme, en frappe l’assassin qui est aussitôt massacré. Le soir, Henri souffre de terribles douleurs et, le lendemain, mourant, il a le temps de recevoir le roi de Navarre et de le reconnaître pour son successeur. Dans le royaume, c’est la stupeur, et le pays est vite partagé entre deux attachements: au roi légitime et à la religion traditionnelle.
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