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Par nomeren le 18 Octobre 2013 à 11:31
La France se livre à un sabre
En 1799, à son retour d’Egypte, Bonaparte retrouve une France en état de crise politique chronique: le Directoire doit faire face à des coups d’Etat répétés provenant du conflit entre Jacobins, partisans des traditions révolutionnaires, et le groupe des révisionnistes, qui souhaitent réformer la Constitution dans un sens modéré. La Vendée royaliste se soulève de nouveau; en Italie, les conquêtes de 1797 ont été perdues, à l’exception de Gênes. Les directeurs jacobins en profitent pour proposer des lois drastiques: un impôt sur les riches, la levée en masse et, surtout, une loi des otages qui menace tout parent d’émigré ou de royaliste insurgé. Ces mesures inquiètent les directeurs modérés, comme Sieyès et Ducos, ainsi que les bourgeois d’affaires. Bonaparte, l’homme prestigieux qui a le soutien des militaires et qui a réussi la répression du 13-Vendémiaire, leur paraît seul capable de rétablir l’ordre. Sieyès s’abouche avec le jeune général; il le décide à favoriser une action politique destinée à réviser la Constitution. Talleyrand, qui n’est plus du ministère, Lucien Bonaparte, frère de Napoléon, qui préside le Conseil des Cinq Cents, Cambacérès, ministre de la Justice, font partie du complot. Le plan est le suivant: provoquer la démission des directeurs pour annuler le pouvoir exécutif; amener les deux Conseils à élire un comité exécutif qui, sous couvert de révision, préparerait une Constitution nouvelle. Pour neutraliser l’opposition probable des Cinq-Cents et prévenir une réaction populaire, on s’arrangerait pour faire siéger les Conseils hors de Paris. Le 18 brumaire (9 novembre 1799), on fait courir dans Paris le bruit qu’un coup d’Etat menace les Assemblées; le Conseil des Cinq-Cents va siéger à Saint-Cloud. Pendant ce temps, d’accord avec Bonaparte, les directeurs Sieyès, Ducos et Barras démissionnent; leurs deux collègues sont neutralisés. La première phase du coup d’Etat a réussi: il n’y a plus de pouvoir exécutif; reste à liquider le pouvoir législatif. Le 19 brumaire, Bonaparte, nommé commandant de la garnison de Paris, pénètre dans la salle où siègent les Cinq- Cents; ceux-ci protestent, l’empêchent de parler, l’accusent d’aspirer à la dictature et s’apprêtent à le déclarer hors la loi. Le président de l’Assemblée, Lucien Bonaparte, sauve son frère: il quitte la séance et va haranguer les troupes; celles-ci forcent l’entrée de la salle et dispersent les députés dans le parc de Saint-Cloud. Il n’y a plus de pouvoir législatif; le coup d’Etat est consommé. On nomme aussitôt trois consuls, Sieyès, Ducos et Bonaparte, qui prennent la tête de l’exécutif pour rétablir l’ordre et proposer une nouvelle Constitution. Ainsi finit le Directoire et, avec lui, la Révolution.
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Par nomeren le 18 Octobre 2013 à 11:13
«Les têtes tombent comme des ardoises», constatait, au début de l’été de 1794, l’accusateur public Fouquier- Tinville, bien placé pour connaître la question puisqu’il fournissait chaque jour au bourreau son contingent de victimes. On a pu parler d’une première «Terreur» à propos des massacres de septembre 1792. En fait, l’ère de la Terreur ne se déclencha en France qu’un an plus tard. Le 10 mars 1793, la Convention avait créé le Tribunal révolutionnaire destiné à juger les crimes commis contre la République. Au début, le Tribunal travailla avec une relative modération, mais après la promulgation de la loi sur les suspects (17 septembre 1793) tout changea. «Plaçons la Terreur à l’ordre du jour», proposa Barère au nom du Comité de Salut public. Il fallait du sang pour consolider la Révolution. Ce fut Robespierre qui érigea la Terreur en système en proclamant la légitimité du nouveau gouvernement révolutionnaire. «Terrible aux méchants mais favorable aux bons», ce gouvernement avait, comme ressort, la vertu appuyée sur la Terreur, «la vertu sans laquelle la Terreur est funeste, la Terreur sans laquelle la vertu est impuissante». Le sinistre défilé commença. En cette fin de 1793, on vit guillotiner à Paris Marie- Antoinette, les Girondins, Bailly, Barna- ve, Philippe Egalité, etc. En province, la répression ne fut pas moins terrible. Fouché et Collot d’Herbois à Lyon, Carrier à Nantes, Tallien à Bordeaux, Le Bon à Arras, Barras et Fréron en Provence rivalisèrent de cruauté. Au printemps de 1794, Robespierre frappa, à gauche, les hébertistes, à droite, les dantonistes. On envoya pêle-mêle à l’échafaud quantité de personnes étrangères à la politique comme les carmélites de Compiègne, Madame Elisabeth, la comtesse du Barry, etc. Pour gagner du temps, on supprima l’audition des témoins, on abrégea les plaidoiries. La loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) réduisit les procès à de simples comparutions devant les juges. Alors commença la Grande Terreur. Il s’agissait moins de punir que d’anéantir les suspects. Cette ère d’épouvante finit avec le 9-Thermidor. On a pu dresser un bilan approximatif de la Terreur: environ 17000 condamnations à mort selon les documents officiels, en fait près de 40000 victimes si l’on compte les personnes assassinées sans jugement. Les régions les plus ensanglantées furent celles où avaient éclaté des révoltes et les départements frontières. D’après les statistiques, 85% des condamnés faisaient partie du tiers état, 8,5 % de la noblesse, 6,5 % du clergé. Mais les membres des ordres privilégiés étant beaucoup moins nombreux, le nombre des prêtres et des nobles exécutés fut proportionnellement plus élevé que celui des victimes des autres classes.
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Par nomeren le 18 Octobre 2013 à 11:11
La charte du monde occidental
La Déclaration des droits de l’homme apparaît, selon le mot de Barnave, comme un véritable «catéchisme national», à la fois philosophique, social et politique. A l’instar des Insurgents d'Amérique, les constituants avaient en effet décidé de faire précéder leur Constitution par un exposé de leurs principes. Après quelques débats au cours desquels s’affrontèrent la droite et la gauche (la première voulait une déclaration des droits, mais aussi des devoirs du citoyen, ce qui fut refusé) et plusieurs projets successifs, la rédaction de la Déclaration fut confiée à un bureau qui fondit ces projets en un seul. Le texte, écrit dans une langue à la fois très dense et très claire, fut adopté le 26 août 1789. Il se composait d’un préambule et de dix-sept articles consacrés les uns aux droits de l’homme, les autres à ceux de la nation. Dès le début, la Déclaration affirme «les droits naturels et imprescriptibles» de chaque individu: «Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.» Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression. Qu’cst-ce que la liberté? C’est le droit de faire «tout ce qui ne nuit pas à autrui». Il s'agit d'abord de la liberté individuelle (garantie contre les arrestations arbitraires), puis de la liberté de penser, de parler, de publier ses opinions (sauf si l’on trouble l’ordre établi par la loi), de posséder des biens (la propriété est dite «inviolable et sacrée»). Libres, les citoyens sont également égaux entre eux. La Déclaration condamne en effet tous les privilèges. Les citoyens sont égaux devant la justice et devant l'impôt. Ils peuvent être admis à tous les emplois, les seules distinctions devant se faire d’après les mérites. D’autres articles consacrent les droits de la nation. La Déclaration affirme d'abord la souveraineté nationale. Cette souveraineté s’exprime par la loi qui est «l’expression de la volonté générale» et que les citoyens ont le droit de contrôler par l’intermédiaire de leurs représentants. La séparation des pouvoirs, chère à Montesquieu, est indispensable pour empêcher les abus. Dans l’esprit de ses auteurs, la Déclaration des droits devait être véritablement la charte des hommes libres. Elle comportait pourtant bien des lacunes (on ne parlait pas du droit au travail ou à l’instruction, ni des droits de la famille). Mais surtout un certain nombre de principes énoncés allaient être tournés par les constituants eux-mêmes (ainsi, la distinction entre citoyens actifs et passifs était contraire à la notion d’égalité). Malgré tout, la Déclaration des droits de l'homme eut un immense retentissement, non seulement en France, mais à travers le monde entier.
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