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    Le siège de Toulon - 1793

    Les débuts de Napoléon

    En automne 1793, la France est dans une situation grave: ses frontières sont menacées et les Anglais, commandés par l’amiral Hood, ont occupé Toulon; ils ont capturé une partie de la flotte française et tiennent les batteries de la rade. Une escadre espagnole, sous les ordres de l’amiral Langara, appuie cette occupation et débarque 8000 hommes. La Convention envoie le général Car- teaux mettre le siège devant Toulon; elle lui adjoint un artilleur de 24 ans, nom­mé Napoléon Bonaparte. A peine arrivé, le 22 septembre, Bona­parte évalue la situation; il commence par réaliser l’incompétence des officiers présents, notamment celle de Carteaux; il demande qu’on installe l’artillerie sur une des hauteurs; Carteaux s’y oppose. Les délégués de la Convention, parmi lesquels Augustin de Robespierre, sont séduits par la détermination et la com­pétence de Bonaparte. Le 17 novembre, on remplace Carteaux par Dugommier qui soutient les initiatives de Bonaparte. Celui-ci ordonne la prise du fort Mur- grave qui domine Toulon et que les Anglais, en raison de son importance stratégique, ont surnommé le «petit Gibraltar». Le 16 décembre, au péril de sa vie, Bonaparte fait bombarder le fort par les batteries françaises; le tir ne cesse qu’à minuit. Le lendemain, l’assaut est donné et le fort Murgrave est conquis. Bonaparte a eu un cheval tué sous lui et a même été légèrement blessé. Le 18 décembre, après un tir d’artillerie, l’armée française s’empare du fort de Malbousquet. Dans Toulon, les Anglo-Espagnols pré­parent leur fuite; avant de s’embarquer, ils incendient l’arsenal et les navires français qu’ils ont pu saisir. Le lende­main, les troupes de Bonaparte entrent dans la ville libérée. Le 7 janvier 1794, Robespierre le Jeune, ayant assisté à la fin du siège et ayant aussi apprécié la bravoure, le sens stra­tégique et tactique de Bonaparte, obtient du Comité de Salut public le grade de général de brigade pour le jeune vain­queur. Le siège de Toulon marque donc le dé­but d’une carrière qui portera Napoléon jusqu’au trône impérial.


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    La première campagne d’Italie - 1796-1797

    Une marche triomphale

    La campagne d’Italie a révélé au monde le génie militaire de Bonaparte. En le Directoire avait décidé que les armées de Jourdan et de Moreau iraient combattre les Autrichiens sur le Main et le Danube, tandis que Bonaparte atta­querait les Austro-Sardes dans la vallée du Pô. La nomination du protégé de Barras à la tête de l’armée d’Italie indis­posa quelques vieux soldats, comme Augereau et Masséna. Qu’allait donner cet «intrigant» de 27 ans sous les ordres duquel on plaçait des officiers chevron­nés? Dès son arrivée à Nice, le 26 mars Bonaparte sut trouver les mots qui galvanisèrent des troupes mal nour­ries, mal vêtues. Commencée au col de Cadibone, pour se terminer un an plus tard à l’autre extrémité des Alpes, la campagne allait être fulgurante.  Au début, Bonaparte se trouve face à deux armées ennemies, l’une autrichien­ne, l’autre sarde. Pour les séparer, il cul­bute la première à Montenotte (12-13 avril), la seconde à Mondovi (22 avril). Les Sardes, effrayés, demandent un armistice. Se rejetant ensuite sur les Autrichiens, Bonaparte les repousse au pont de Lodi (10 mai) et entre à Milan. Du coup, les alliés de l’Autriche, les ducs de Parme et de Modène, le roi de Naples, traitent à leur tour. La phase suivante de la guerre va se dé­rouler autour de Mantoue. Bonaparte ayant bloqué la place, le général Wurm- ser veut la délivrer, mais il est battu à Lonato et à Castiglione, refoulé vers le haut Adige, défait à nouveau à Bassano (8 septembre) et contraint de se réfugier à Mantoue. Une nouvelle armée autri­chienne surgit, commandée par Alvinc- zy. Après un échec à Caldiero, les Fran­çais prennent leur revanche à Arcole (17 novembre). Alvinczy revient à la charge, mais il est vaincu à Rivoli (14 janvier), et.Wurmser, affamé dans Man­toue, doit capituler. Ces succès de Bonaparte sont encore rehaussés par les revers subis à la même époque par Jour­dan et Moreau, ainsi que par les millions envoyés d’Italie au Directoire. Continuant sur sa lancée, le conquérant passe la Piave, le Tagliamento, le col de Tarvis, sans que les Autrichiens de l’archiduc Charles puissent l’arrêter. Les Français sont à 100 kilomètres de Vien­ne lorsque des pourparlers de paix sont entamés à Leoben (18 avril). Bonaparte n’a pas demandé d’instructions au Directoire. Dès ses premières victoires, il a montré son indépendance en faisant la loi en Lombardie. Il signe le traité de Campoformio (18 octobre) par lequel l’Autriche renonce à la Belgique, au Milanais, et s’engage à reconnaître à la France les territoires de la rive gauche du Rhin. La première coalition est dis­soute. Seule l’Angleterre n’a pas déposé les armes.


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  • La bataille de Fontenoy - 11 mai 1745

    Une victoire providentielle

    Commencée en 1740, la guerre de la Succession d’Autriche prend un tour alarmant: la France a contre elle, outre l’Autriche, l’Angleterre et les Pays-Bas. Une armée anglo-hollandaise de 30000 hommes menace les Français en train d’assiéger Tournai. Ceux-ci ont à leur tête le maréchal de Saxe, un chef presti­gieux. Louis XV, averti qu’un affronte­ment décisif est imminent, rejoint ses troupes, accompagné du dauphin. Le 11 mai, à 5 heures du matin, les Anglo-Hollandais avancent sur les Français centrés à Fontenoy, un bourg du Hainaut. Lord Hay, capitaine des gardes, aurait invité les officiers français «à faire tirer leurs gens»; le comte d’Auteroche, lieutenant de grenadiers, lui aurait répondu: «Non, messieurs les Anglais, à vous l’honneur!» De toute manière, la manœuvre de Cumberland, le général anglais, tourne à son avanta­ge. Son infanterie, en masse compacte, se rue sur les pelotons adverses qui plient rapidement sous le choc. Les gardes-françaises, les suisses, les régi­ments de Hainaut et de Normandie se débandent; la bataille semble perdue et la retraite inévitable. A ce moment, un officier français, à l’identité mal connue, fait amener des pièces de canons et fait tirer au plus près dans l’épaisse colonne anglaise. La rapi­dité de l’exécution assure l’efficacité du résultat. Les boulets font brèche; les carabiniers et la maison du roi s’y engouffrent; la cavalerie et les fuyards, ralliés par les chefs, attaquent de flanc le carré britannique; l’assaut est général, le succès assuré. Les Anglo-Hollandais laissent 9000 hommes sur le terrain et les Français 6000. Peu après, Tournai se rend, suivi de Gand, Bruges, Aude- narde et Ostende. L’importance historique de cette victoire est capitale, car elle transforme la situa­tion stratégique pour la France en lui ouvrant la route des Flandres. Le 8 sep­tembre 1745, un Te Deum réunit, à Notre-Dame, la famille royale et la cour. Si Maurice de Saxe recueille les lauriers de Fontenoy, Louis XV est le vrai vain­queur de cette bataille; son prestige s’affermit auprès du peuple qui, l’année suivante, l’appellera «le Bien-Aimé».


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    La guerre de Vendee - 1793-1801

    Le maquis de la Révolution

    «Pour Dieu et pour le roi!» tel était le cri de ralliement des Vendéens en lutte contre la Convention. La guerre avait commencé en mars 1793, lorsqu’on apprit dans la province la levée forcée de 300000 hommes. Déjà très mécon­tents de la Constitution civile du clergé, indignés de l’exécution du roi, les Ven­déens refusaient d’aller verser leur sang pour la République. Le mouvement, parti de Saint-Florent-le-Vieil (12 mars 1793), s’étendit rapidement, débordant le département. On chercha des chefs: ce furent soit des hobereaux (Charette, d’Elbée, Lescure, La Rochejaquelein), soit de simples roturiers (Stofflet, Cathe- lineau). Les prêtres exaltaient le courage des combattants. Le pays, coupé de haies, propice aux embuscades, consti­tuait un terrain d'action idéal pour les soldats en sabots. La guerre fut atroce de part et d’autre. Dès le début, à Machecoul, les Vendéens fusillèrent ou torturèrent leurs prisonniers. En revan­che, les Bleus brûlaient les villages, mas­sacrant femmes et enfants. Les insurgés connurent d’abord des suc­cès. Après la prise de Cholet, ils conqui­rent tout le pays des Mauges; Sapinaud et Charette entrèrent à Clisson et à Fontenay; Lescure et La Rochejaquelein s’emparèrent de Thouars, puis de Sau- mur (9 juin). L’«armée catholique et royale» occupa Angers mais échoua devant Nantes, où Cathelineau trouva la mort. Il fut remplacé par d’Elbée. Cependant, la Convention s’était ressai­sie et envoyait des troupes fraîches sous les ordres de Kléber, Marceau, Canclaux. Les Vendéens remportèrent enco­re des succès à Torfou (19 septembre) mais furent battus à Cholet (17 octo­bre). Conduits par La Rochejaquelein, ils traversèrent alors la Loire, tramant à leur remorque des centaines de civils, et gagnèrent Granville oû ils comptaient sur l’aide des Anglais. Mais aucun bateau britannique ne pointant à l’hori­zon, ils durent rebrousser chemin. Epui­sés, démoralisés, ils se firent tailler en pièces d’abord au Mans, puis à Savenay (23 décembre). Dès lors, la terreur régna sur le pays. A Nantes, Carrier noyait ses victimes dans la Loire, tandis que les «colonnes infernales» de Turreau rava­geaient le Bocage. D’Elbée fut fusillé à Noirmoutier et La Rochejaquelein trou­va la mort à Nouaillé. Après Thermidor, Hoche tenta de paci­fier le pays et un accord fut conclu à La Jaunaye (17 février 1795). Mais, malgré l’échec des émigrés de Quiberon (juin 1795), certains combattants fanatiques refusaient de déposer les armes. Stofflet, puis Charette furent pris et fusillés. Cadoudal les remplaça à la tête des troupes royalistes, mais sans succès. Aussitôt après Brumaire, Bonaparte tra­vailla à son tour à la pacification de l’Ouest: la publication du Concordat favorisa le retour au calme.


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  • La bataille de Quiberon - 27 juin 1795

    La fin des illusions

     

    Le 27 juin 1795, des royalistes émigrés en Allemagne et en Angleterre se regroupent, s’arment et, protégés par une escadre anglaise, s’apprêtent à dé­barquer sur les côtes de Bretagne. Ils pensent qu’un soulèvement s’ensuivra et qu’ils pourront rétablir la monarchie avec l’aide des chouans dirigés par Georges Cadoudal. Mais les chefs royalistes, comme d’Her- villy, Sombreuil et Puisaye, se disputent l’autorité; aucun plan d’ensemble n’est prévu et, dès le débarquement, le désor­dre s’installe dans l’armée assaillante. De plus, une tempête empêche l’escadre anglaise d’appuyer la tentative. La Con­vention charge le général Hoche, avec 700 grenadiers, de repousser l’attaque. Les émigrés sont refoulés dans la pres­qu’île de Quiberon. D’Hervilly essaie d’enlever la forteresse de Sainte-Barbe où se retranchent une partie des troupes républicaines, mais il est repoussé et tué. Le 16 juillet, Som­breuil lui succède, mais perd le fort de Penthièvre, dernier bastion des émigrés; ceux-ci sont coincés entre la mer et les baïonnettes des troupes de Hoche. Sombreuil tente d’engager des négocia­tions; de son côté, Puisaye gagne un navire anglais avec des documents. Environ 1800 émigrés parviennent à réembarquer sur des chaloupes; d’autres se noient ou se suicident; la plupart sont faits prisonniers. L’armée royaliste a perdu 1200 hommes et 192 officiers. Le général Humbert a promis la vie sauve aux prisonniers, mais Hoche s’oppose à cette mesure de clémence: les émigrés sont dirigés vers Auray et sont fusillés le 22 juillet 1795 sur le territoire de la commune de Brech, en un lieu surnom­mé depuis «le champ des martyrs». Sombreuil, traduit à Vannes devant une commission militaire, est exécuté le 28 juillet. Le débarquement de Quiberon et son échec marquent pour longtemps la fin des espérances royalistes.


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