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Saint-Simon - 1760-1825
Le prophète de l’ère industrielle
L’œuvre de Saint-Simon est riche et multiple. Au-delà des développements que lui apportèrent ses disciples, elle inspire les théoriciens socialistes et donne une nouvelle impulsion au capitalisme. Né en 1760, Saint-Simon, grand aristocrate, a une existence chaotique. Il embrasse la carrière des armes et l’abandonne après avoir participé à la Révolution américaine aux côtés des insurgés. Il voyage, entreprend des affaires industrielles, se ruine et fait fortune à nouveau en spéculant sur les biens nationaux. Il ne prend pas une part active à la Révolution française, mais il est emprisonné sous la Terreur. Marié, divorcé, ruiné à nouveau, entretenu par un de ses anciens domestiques, puis par des amis, il vit alors pauvrement, tente même de se suicider et meurt en 1825 au milieu des quelques disciples qui commencent à l’entourer. Selon Saint-Simon, la société doit être réformée, car ce sont les incapables qui se trouvent chargés de diriger les plus capables. Il y a des gens laborieux, industrieux — la classe «industrielle» —, travailleurs de l’agriculture, artisans, commerçants, savants, artistes, banquiers, maîtres de forges, fabricants d’armes, etc., et, d’autre part, les inutiles, ceux qui ne font rien, n’entreprennent rien, nobles, gens d’Eglise, fonctionnaires, juges et propriétaires oisifs. Or, le gouvernement est aux mains de ces incapables qui ne font qu’entraver la multiplication des richesses et exploiter les pauvres. La société nouvelle doit donc être fondée sur la capacité, y compris celle du capitaliste dynamique. Le gouvernement sera confié aux meilleurs «industriels», car ce sont eux les chefs réels du peuple; la multiplication de leurs entreprises aura pour effet de résorber le chômage et d’améliorer le sort des pauvres. Cette réforme de la société doit s’accompagner d’une réforme morale et religieuse dont la nouvelle Eglise cultivera la paix universelle. La doctrine de Saint-Simon est développée ultérieurement par ses disciples regroupés autour ¿’Enfantin et de Bazard en une véritable secte, qui a ses rites, sa hiérarchie et son couvent. Les saint-simoniens prônent une forme de socialisme, condamnant l’héritage, l’appropriation des moyens de production et l’exploitation de l’homme par l’homme. Ils veulent réaliser une «association universelle» où «l’homme, associé à l’homme, exploite le monde livré à sa puissance». Ils doivent se disperser à la suite d’un procès intenté par le pouvoir royal. Ils se consacrent dès lors aux grandes entreprises financières et industrielles telles que les chemins de fer, l’ouverture du canal de Suez, la mise en valeur de l’Algérie ou la banque. Les saint-simoniens sont à l’origine d’un nouvel élan économique qui culminera sous le second Empire.
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