• Le scandale de Panama - 1878-1891-1893

     

    Le scandale de Panama - 1878-1891-1893

    Les mains sales

    L’affaire de Panama restera comme le plus grand scandale financier de la IIIe République. Elle débute en 1878, quand Lesseps, qui bénéficie d’une énorme cé­lébrité depuis la création de Suez, réussit à faire admettre l’idée du percement du canal de Panama. L’entreprise est menée avec une incroyable légèreté. En dépit du relief, des écoulements, de la fièvre jaune qui décime les travailleurs, Lesseps s’obstine dans la création d’un canal à niveau, sans écluses. Il dissimule l’ampleur des dépenses, fixées au départ à 600 millions alors qu’elles atteindront plus du double. Devant les réticences de la haute banque, Lesseps fait appel aux petits épargnants et accorde sa confian­ce à des aventuriers de la finance comme Cornélius Herz ou le baron de Reinach. Ceux-ci n’hésitent pas à ache­ter plusieurs journaux comme Le Figa­ro, Le Gaulois, Le Moniteur universel, qui vantent les mérites de l’entreprise, tandis que s’enflent les frais de publicité et d’administration.

    En 1887, la compagnie a déjà englouti 1400 millions et n’a déblayé que 37 mil­lions de ni'1 sur les 70 millions prévus. Pour éviter une catastrophe, Lesseps se résigne à un canal à écluses et doit demander le vote d’un emprunt à lots. Obtenu le 9 juin 1888, par des moyens de corruption, le vote ne peut empêcher la mise en liquidation de la compagnie, le 4 février 1889. Le scandale éclate trois ans plus tard quand La Libre Parole, d’Edouard Drumont, dénonce la ruine de 85 000 petits épargnants, la corruption parlementaire et le rôle de Herz et de Rei­nach. Ces révélations provoquent une intense émotion dans l’opinion publique. Une centaine de députés, les «ché- quards», sont compromis. L’enquête, menée par une commission parlementai­re, conduit à la condamnation des diri­geants de la compagnie et à l’inculpa­tion du député Baïhaut, le seul parle­mentaire à avoir eu la faiblesse d’avouer. En fait, le scandale de Pana­ma est dépourvu de sanctions judiciai­res, les procès se terminant par des sen­tences souvent indulgentes, quand elles ne sont pas cassées pour vice de procé­dure. L’afTaire va avoir des conséquences très graves. Elle déconsidère un certain nom­bre d’hommes politiques, comme Rou- vier, Floquet et même Clemenceau, dont la carrière connaîtra une éclipse de dix ans. Elle renforce l’antiparlementarisme et le courant nationaliste et jette les bases de l’atmosphère passionnelle de l’affaire Dreyfus. Le scandale de Pana­ma contribuera à détourner les petits épargnants des grandes entreprises industrielles et les orientera vers les fonds d’Etat, ce qui aura pour consé­quence un ralentissement de l’expansion économique.

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