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Le protestantisme français - 1547-1562
Une marée montante
L’extension du protestantisme en France a été rapide et impressionnante, tant en surface qu’en profondeur. Telle est la constatation que peut faire l’historien qui considère la période qui suit la mort de François Ier (1547) jusqu’en 1562 environ. Il existe des groupes réformés dans toutes les provinces de France et dans toutes les classes sociales: on peut dire, alors, qu’un cinquième des habitants, peut-être davantage, est détaché de l’Eglise romaine.
Une carte de la France protestante opposerait en gros Test et le nord du pays aux régions de l’Ouest et du Midi. Dans le Nord, en Picardie, peu de chose, mais dans la région de Paris, avant les exclusions officielles, des groupes importants, Meaux restant un centre de dissidence religieuse.
Dans le Nord-Ouest, des progrès importants en Normandie et dans le duché d’Alençon. L’Eglise de Rouen regroupe près de 2000 personnes; à Caen, l’université est érasmienne et très libre de pensée. Dans le Maine, au Mans, il en est de même. La Bretagne est entamée par ses ports, comme Saint-Malo, du fait des échanges avec l’Angleterre et les Flandres, ainsi que Dieppe et Nantes. Vitré est un centre important. En 1559, une communauté se fonde à Rennes. Dans les régions de la Loire, la Tourai- ne et l’Orléanais avec leurs universités, le Berry avec Bourges, sont des centres actifs.
Dans l’Est, on note un moindre succès, sauf en Champagne. La Lorraine indépendante forme un bastion catholique mais, dans le Sud-Est, Lyon, ville de commerce, de banque et d’imprimerie, est au premier plan, de même que Valence. Le Massif central et l’Auvergne sont moins atteints, mis à part le Sud avec le Vivarais, et surtout le Languedoc avec Montpellier. Le Midi est ainsi gagné, de même que l’Ouest avec La Rochelle.
Au total, dira Coligny à la reine mère, 2150 Eglises ou communautés, comprenant une stratification sociale très étendue. A la base, les petites gens (petits bourgeois, petits commerçants, artisans, «gens mécaniques», laboureurs) auxquels s’est joint un petit nombre de personnes instruites (écrivains, théologiens, imprimeurs). Après 1559 se profile un double mouvement sociologique: l’entrée des notables dans l’Eglise, une partie des officiers royaux, des gens de robe, du monde des offices d’une part, et, d’autre part, l’entrée des gentilshommes qui vont trouver des chefs dans les familles qui touchent de près à la personne royale. Ils domineront l’Eglise jusqu’à la Saint-Barthélemy. Après cette date, on assistera à un nouveau phénomène: l’apparition en pleine lumière de la démocratie calviniste, guidée par ses ministres, qui prendra pied dans les villes et dans les bourgs plus encore que dans les campagnes.
Tags : protestante, l’eglise, part, 1562, 1547
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