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L’abbé de Rancé - 1626-1700
Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé porte les prénoms de son parrain, le cardinal de Richelieu. Son père est le secrétaire de Marie de Médicis. La famille Le Bouthillier, ancienne et illustre, possède une grande fortune.
A 10 ans, Rancé est tonsuré, étant, par sa naissance, abbé commendataire de prieurés et d’abbayes en Touraine, dans le Poitou et dans le Perche. Enfant sur- doué, il donne, à 12 ans, une traduction d’Anacréon. Ses études de philosophie et de théologie sont brillantes. Il est ordonné prêtre en 1651; licencié en 1647, il reçoit, en 1653, le bonnet de docteur de la faculté de Navarre. Chanoine de Notre-Dame de Paris, d’Angers et de Tours, aumônier de Gaston d’Orléans, prédicateur comme son ancien condisciple Bossuet, il peut ambitionner les charges les plus hautes dans PEglise.
Sa position mondaine, que l’époque autorise, n’est pas moins en vue. Dans son hôtel de Paris, dans son château de Véretz près d’Amboise, l’abbé de Rancé mène la vie luxueuse et dissipée d’un seigneur beau, jeune et riche. Il est de la société des précieuses et des belles frondeuses. Il est follement épris de la duchesse Marie de Montbazon, une célèbre dame de la cour.
En 1657, la mort de sa maîtresse jette Rancé dans une douleur égale à sa passion. Il se retire à Véretz, puis dans son prieuré de Boulogne, près de Cham- bord. Après le décès du duc d’Orléans, en 1660, il décide d’abandonner tous ses biens, ne gardant que l’abbaye de la Trappe, dans les collines du Perche. Il vient s’y établir en 1663 et obtient, en 1664, d’en être l’abbé régulier. Vêtu de bure, Rancé devient un prieur d’une rigueur exemplaire. Il impose à ses moines, au début récalcitrants, des réformes radicales (priorité à la pénitence, allongement de la liturgie, travail manuel, régime végétarien strict, silence absolu) qui font de la Trappe, fondée au XIIe siècle, le plus sévère des ordres
monastiques et l’un des centres de la vie spirituelle du XVIIe siècle. De dix, le nombre des moines passe à trois cents. L’abbé de Rancé publie des ouvrages spirituels: pour
répondre à l’érudit bénédictin Jean Mabillon, il publie le Traité de la sainteté et des devoirs de la vie monastique dans lequel, en 1683, il défend sa conception du moine
voué aux seuls travaux manuels. Il a laissé également des Lettres, publiées en 1702. Pendant près de quarante ans, l’abbé de Rancé a été l’une des grandes voix chrétiennes compensant les vanités de la cour de Louis XIV.
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