• L’expulsion des jésuites - 1764

    L’expulsion des jésuites

    Le parlement contre le Saint-Siège

    La Compagnie de Jésus, fondée en 1540 par Ignace de Loyola, artisan de la Contre-Réforme, était, partout dans le monde, une milice au service de la papauté. Par leur mainmise sur les collè­ges et les confessionnaux, les jésuites contrôlaient la formation des esprits et des consciences; on les accusait d’utili­ser la religion à des fins politiques. Le Portugal, le premier, chasse les jésuites de son territoire en 1759. Encouragés par cet exemple, les parlementaires fran­çais de tendance janséniste et gallicane saisissent l’occasion d’une affaire dans laquelle un jésuite était impliqué pour s’en prendre à la Compagnie: le père de La Valette, qui a créé une maison de commerce aux Antilles, a fait faillite, entraînant dans sa ruine des commer­çants marseillais. Le parlement de Mar­seille attaque la Compagnie de Jésus, laquel­le fait appel au parlement de Paris, pré­sentant pour sa défense ses Constitu­tions (règles de l’ordre) dont les statuts interdisent le commerce. Le 8 mai 1761, le parlement de Paris condamne la Compagnie à dédommager les clients de La Valette et, après examen des Consti­tutions, les déclare contraires aux lois du royaume, «dangereuses pour la sécu­rité des Etats et la liberté des particu­liers». Le 6 août, il fait brûler divers ouvrages des jésuites et, par le même arrêt, ordonne la fermeture des collèges de la Compagnie pour le 1er octobre. Les assemblées de province prennent les mêmes mesures.

    Louis XV aurait voulu enlever cette affaire aux parlements et la réserver à son Conseil. Choiseul lui représente que le moment est mal choisi: les dépenses de la guerre de Sept Ans nécessitent des emprunts qui ont besoin de la caution des magistrats; il ne faut donc pas pro­voquer leur animosité; mieux vaut les satisfaire en leur sacrifiant les jésuites. Le roi essaie de gagner du temps: il fait demander à Rome une réforme des Constitutions. La réponse est intransi­geante: les règles resteront ce qu’elles sont, ou ne seront pas. Tandis que le roi hésite, Choiseul laisse faire. Dans le courant de l’année 1762, les maisons de la Compagnie sont évacuées et mises sous séquestre. Par arrêt du parlement de Paris, il est interdit aux pères de por­ter l’habit de leur ordre, d’enseigner, de posséder des bénéfices, de remplir une fonction publique sans avoir prêté ser­ment de fidélité au roi et juré de défen­dre les libertés de l’Eglise gallicane contre la mainmise de Rome.

    Poussé par Choiseul et par Mme de Pompadour, Louis XV cède enfin: par un édit de novembre 1764, il confirme l’arrêt pris huit mois plus tôt par le par­lement sur l’expulsion des jésuites du territoire français; entre 1764 et 1767, tous les Etats bourboniens font de mê­me. En 1773, le pape supprime la Com­pagnie de Jésus qui ne se reconstituera qu’au début du XIXe siècle.

     

    « Sainte Colette - 1381-1447L’abbé de Rancé - 1626-1700 »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :