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Le Pont-Neuf - 1577
Le Pont-Neuf, lancé sur la Seine dans le dernier quart du XVIe siècle, traverse les deux bras du fleuve à la pointe ouest de l’île de la Cité. Il est rendu nécessaire par l’extension progressive de la ville à partir de trois quartiers: la Cité, le Quartier latin, l’agglomération commerçante de la rive droite; ceux-ci se trouvent à la croisée de grandes routes. Demandée dès 1566, la construction du pont est décidée par la municipalité en 1577, stoppée pendant les troubles de la Ligue, achevée sous le règne réparateur d’Henri IV qui le franchit à cheval en décembre 1605. Les plans définitifs sont établis par Baptiste Du Cerceau et Pierre des Illes; les travaux commencent, pour le petit bras en 1578, pour le grand en 1581; les maîtres d’œuvre Jean Petit, François Petit et Christophe Mercier assument le quart de l’ouvrage; Guillaume Marchant, Pierre des Illes et Christophe Mercier, les trois autres quarts. Restés seuls, Guillaume Marchant et François Petit terminent le tout à partir de 1584. Les deux moitiés de cette nouvelle voie ne forment pas un alignement rigoureux; les douze arches, en plein cintre, sont décorées d’amusants mascarons. Le Pont-Neuf a encore trois particularités: il est dépourvu de maisons, ce qui est une nouveauté pour l’époque; il est muni de trottoirs, où se presse la foule; il est bordé de boutiques, édifiées dans les saillies en demi-lune des piles, et qui accrochent au passage bateleurs, baladins, invalides, mendiants, capucins et promeneurs oisifs et curieux. En outre, il s’intégre bien dans l’ensemble urbain. A l’aide de terrains soustraits à la Seine et au jardin du roi, le président Harlay aménage, en l’honneur du futur Louis XIII, la pointe de la Cité, qu’il baptise place Dauphine. Henri IV décide de créer des dégagements qui deviendront les quais des Orfèvres et de l’Horloge. La pompe de la Samaritaine, qui, pour la première fois, aspire les eaux de la Seine, retient l’attention des badauds. Voie de passage entre le nord et le sud de Paris, le Pont-Neuf en devient rapidement le centre, sans pour autant remédier aux fameux «embarras». C’est aussi un centre d’attractions: Turlupin, Gros-Guillaume, Gaultier-Garguille, les garçons boulangers s’y retrouvent pour leurs farces enfarinées; Callot ne dédaigne pas d’y graver ses tableaux. Le Pont-Neuf est le reflet des vicissitudes de l’histoire parisienne; Henri IV, «qui aimait la ville de Paris», y retrouve son «bon peuple» du haut de sa statue. Celle-ci, installée le 23 août 1614, a été exécutée à Florence. Envoyée à la fonte sous la Révolution, hâtivement reconstituée en plâtre, elle reçoit de nouveau, le 4 mai 1814, un solennel hommage. Le pont a subi plusieurs restaurations, mais le corps même de l’ouvrage, résistant à toutes les crues, est toujours resté le même; d’où l’expression: «Se porter comme le Pont-Neuf».
Tags : pont, neuf, 1578, petit, francois
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