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Le massacre de la rue Transnonain - 14 avril 1834
Une répression aveugle
Le climat des premiers mois de 1834 laisse présager une explosion révolutionnaire. Des liens de plus en plus serrés se tissent entre le mouvement ouvrier naissant et le parti républicain. La bourgeoisie au pouvoir redoute ces forces nouvelles: le gouvernement dépose un projet de loi interdisant les associations divisées en sections, dont la puissante Société des droits de l’homme est le type. L’opposition réagit vivement: «Envahir la place publique est la sauvegarde la plus précieuse du droit d’association», lit-on dans le journal La Tribune en mars 1834. Le 9 avril, une manifestation de protestation organisée à Lyon tourne à l’insurrection; celle-ci est durement réprimée par la troupe, mais le mouvement a gagné d’autres villes de province. La nouvelle de ces émeutes alarme le pouvoir; à titre préventif, on arrête 150 membres de la Société des droits de l’homme; le journal La Tribune est suspendu. Privés de leurs chefs, les républicains parisiens sont désorientés; des nouvelles contradictoires les abusent. Le dimanche 13 avril, quelques centaines d’entre eux élèvent des barricades dans le centre de la capitale. Mais Thiers, ministre de l’intérieur, tient solidement Paris grâce aux 40000 hommes de Bugeaud et à la garde nationale. Le soir même, les troupes attaquent et certaines barricades sont enlevées. Mais l’armée hésite à s’engager de nuit dans les petites ruelles; l’offensive reprend à l’aube; les derniers foyers de résistance sont balayés. C’est alors que des coups de feu tirés du soupirail du N° 12 de la rue Transnonain achèvent un officier blessé; furieux, les soldats investissent la maison, occupée par de paisibles bourgeois, et massacrent sans distinction femmes, enfants et vieillards. Ce carnage émeut fortement l’opinion. Daumier le flétrit dans une lithographie devenue célèbre. On en rend responsable Bugeaud, surnommé «le bourreau de Transnonain». Cet excès n’embarrasse guère le gouvernement qui exploite les craintes suscitées par le spectre de la Révolution. Dès le 15 avril, la Chambre vote 14 millions de crédits pour maintenir les effectifs de l’armée à 360000 hommes; elle adopte une loi condamnant les détenteurs d’armes, et la Chambre des pairs est transformée en Cour de justice. La répression est féroce: l’opposition républicaine est matée et décapitée par le procès de ses dirigeants. Le régime semble désormais fermement assis, mais il a définitivement déçu les espoirs de 1830.
Tags : avril, 1834, transnonain, droit, massacre
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