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Le jansénisme 1635-1789
Dans les premières années du XVIIe siècle, l’évêque d’Ypres, le Hollandais Cornélius Otto Jansen (Jansénius en latin), s’inspirant des écrits de saint Augustin, lance une doctrine qui porte son nom, le «jansénisme». Pour Jansénius, l’homme, corrompu dès sa naissance par le péché originel, ne peut être sauvé que par la grâce divine. Dieu ne l’accorde qu’à certains. Aux autres, il reste la conscience intérieure, d’autant plus exigeante qu’elle est libre. Cette morale, très proche du calvinisme, est propagée en France par l’abbé de Saint-Cyran, ami et adepte de Jansen. Confesseur, en 1635, du couvent de Port-Royal, Saint-Cyran rallie au jansénisme l’abbesse, la Mère Angélique Arnauld et son groupe familial. Peu à peu, autour des Arnauld et de Port- Royal, se forme une communauté spirituelle et studieuse, les «solitaires» ou «messieurs de Port-Royal», dont font partie Nicole, Lancelot, Lemaistre de Sacy, plus tard Pascal et d’autres esprits distingués. Les «solitaires» publient des manuels d’enseignement et fondent, en 1638, les Petites Ecoles. Achille de Harlay et Racine ont compté parmi leurs élèves. Richelieu, ne pouvant contrôler ce mouvement, fait embastiller Saint-Cyran. A la mort de ce dernier, Antoine Arnauld (le Grand Arnauld) devient la personnalité dominante du jansénisme. En 1643, le pape Urbain VIII condamne l’Augustinus, ouvrage posthume de Jansen, qui vient de paraître en France. Arnauld réplique par L’Apologie. Devant la progression de la secte «hérétique», le clergé et le gouvernement de Mazarin enjoignent à tous les ecclésiastiques de signer un «formulaire» réfutant les «Propositions» de Jansénius. Cette «affaire du formulaire» (qui durera dix ans) et la publication retentissante des Lettres provinciales de Biaise Pascal, dirigées-contre les jésuites, agitent le pays et partagent l’opinion. En 1664, les religieuses de Port-Royal, qui ont refusé de signer le «formulaire», sont confinées aux Champs; Sacy est embastillé; le Grand Arnauld est exclu de la Sorbonne. Après quelques années de répit, ce dernier doit s’enfuir aux Pays-Bas où il meurt en 1694. Un ora- torien, Pasquier Quesnel, lui succède. Les Réflexions morales de Quesnel font rebondir la querelle religieuse. Louis XIV, influencé par Mme de Maintenon, ne tolérant aucune rébellion, surtout en matière de pensée, ordonne la fermeture du couvent de Port-Royal. Les religieuses sont dispersées et l’abbaye est rasée (1710). A la demande du roi, le pape Clément XI condamne définitivement le jansénisme en 1713, par la bulle Unigenitus.
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