-
Le fort de Douaumont
Le fort de Douaumont était la pièce maîtresse de l’ancien système défensif de la place de Verdun. Recouvert d’une carapace de béton de 2,50 m d’épaisseur (qui résistera aux plus violents bombardements), pourvu de solides abris et d’observatoires sous coupoles, il commande, d’une hauteur de 388 m, la plaine de la Woëvre. Or, à la veille de la «grande offensive de la victoire», lancée le 21 février 1916 par le Kronprinz en personne, contre Verdun, «cœur de la France», le fort de Douaumont est destiné à l’abandon. Par un décret du 5 août 1915, l’artillerie principale des forts a été enlevée. Le 24 février 1916, la garnison de Douaumont se résume à un sous-officier de batterie et à une soixantaine de territoriaux pour servir les deux tourelles restantes. Les Allemands accordent, au contraire, une importance considérable à cet ouvrage blindé; le 25 février, ils l’attaquent avec des forces importantes. Ignorant son état de quasi-abandon, ils l’investissent avec précaution par trois côtés. A l’intérieur, la surprise est totale; elle n’est pas moindre chez les Allemands devant la médiocrité de la défense. Un officier est envoyé en reconnaissance, et c’est presque l’arme à la bretelle que les soldats du 24e d’infanterie de Brandebourg prennent possession du fort. Le lendemain, de la coupole ouest, ils canonnent les troupes françaises envoyées en hâte pour stopper la ruée ennemie. Des combats sanglants se déroulent autour du village de Douaumont, repris par les Allemands le mars, perdu le 3, repris le 4. Le général Pétain, nommé commandant en chef des armées de Verdun, donne l’ordre de se battre sur la ligne des forts; il crée un réseau de transmissions et fixe pour consigne: ni évacuation ni reddition. Le 22 mai, la 10e brigade de la division Mangin tente une reprise partielle de Douaumont. Le fort est reconquis le 24 par le 1er Bavarois. En juin, la bataille est toujours aussi violente entre Thiau- mont et Fleury; l’enjeu est le village en ruine de Douaumont. En octobre 1916, la dernière attaque pour reprendre le vieux fort est préparée minutieusement et précédée, pendant trois jours, de tirs continus de pièces de 370 et de 400. L’aviation entre également en action et détruit les ballons d’observation. Le 24 octobre, quand les fantassins de Mangin partent à l’attaque, ils sont soutenus par un barrage roulant d’artillerie. L’effet est foudroyant. C’est au tour des Allemands d’être surpris; les deux premières vagues d’assaut sont déjà sur eux lorsqu’ils essaient de répliquer. Le fort de Douaumont est définitivement dans le camp français. Les abords en seront complètement dégagés le 15 décembre 1916.
Tags : fort, douaumont, 1916, allemands, verdun
-
Commentaires