• La journée des Dupes - 10 novembre 1630

    La journée des Dupes - 10 novembre 1630

    Au bord de la roche Tarpéienne

    Pour Richelieu, l’année 1630 est celle des «tribulations», selon sa propre expression. Au pouvoir depuis six ans, le cardinal mène une rude partie. Il entend restaurer l’absolutisme, ruiner la puissance politique des protestants, rompre l’encerclement de la France par la maison d’Espagne. Cette politique, qui exige de lourdes charges fiscales, s’accompagne de révoltes populaires, de l’insubordination des parlements et de l’hostilité des grands, groupés autour de Gaston d’Orléans, de la reine mère Marie de Médicis, d’Anne d’Autriche et du garde des Sceaux Michel de Maril- lac. En automne 1630, alors que la cour a rejoint Paris, les adversaires de Riche­lieu décident de lancer l’ultime assaut contre lui. Le dimanche 10 novembre, le drame se noue. Se présentant au palais du Luxembourg, Richelieu a la surprise d’apprendre que la reine mère refuse de le recevoir et qu’elle se trouve dans sa chambre en conférence avec le roi. Con­vaincu que son sort est en jeu, jouant le tout pour le tout, le cardinal, par un pas­sage dérobe dont il est un des rares à connaître l’existence, réussit à pénétrer dans la chambre de la reine incre et tombe en pleine sccne de famille. «Je suis sûr que vous parliez de moi, avouez-le, Madame», ose-t-il déclarer. Après quelques hésitations, la reine mère éclate: «Eh bien, oui! Nous par­lions de vous comme du plus ingrat et du plus méchant de tous les hommes!» Perdant tout contrôle, suffoquant de rage, Marie de Médicis accable le cardi­nal d’injures et reproche à son fils de préférer un valet à sa mère. Tandis que Richelieu, bouleversé, fond en larmes et tombe à genoux, Louis XIII, cadavéri­que, honteux de cette sortie, invite le cardinal à se retirer, fait une révérence à sa mère et s’en va. Le cardinal s’estime condamné. Il envi­sage de partir pour Le Havre, de gagner l’étranger. A la cour, ses adversaires jubilent. Marillac se met à préparer un nouveau gouvernement. Pendant ce temps, à l’hôtel de Tournon, le roi se ressaisit et, dans l’après-midi même, procède à un véritable coup de théâtre. Il convoque Richelieu à Versailles et lui rend sa confiance. «Demeurez auprès de moi et je vous protégerai contre tous vos ennemis.» La victoire du cardinal va être totale. Michel de Marillac est desti­tué; son frère, le maréchal Louis de Marillac, commandant l’armée en Italie, arrêté. Il sera jugé pour malversations par une Chambre extraordinaire, con­damné à mort et exécuté. Quant à la reine mère, Louis XIII se décidera à l’écarter. Mais celle-ci refusera de gagner son gouvernement de Moulins et préférera prendre le chemin de l’exil. Après le «grand orage», Richelieu va bénéficier d’une autorité nouvelle et poursuivre, en plein accord avec Louis XIII, la réalisation de la grande poli­tique qu’il s’est fixée.

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