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La conférence de Brazzaville - 1944
Resserrer les rangs
Le 30 janvier 1944, le général de Gaulle ouvre la conférence de Brazzaville, organisée et présidée par René Pleven qui a contribué, en 1940, au ralliement de l’A.-É.F. à la France libre. Les débats durent jusqu’au 8 février.
Quelle a été l’évolution de l’empire français d’outre-mer? En 1930, pour J. Tra- mond, «le problème colonial semble se conclure en apothéose». L’année suivante, lorsque s’ouvre l’Exposition coloniale, la guerre du Rif et la révolte des Druzes sont oubliées. Pourtant, une dizaine d’années plus tard, s’amorce la désintégration de l’empire: en 1941- 1943, la France reconnaît l’indépendance du Liban. Malgré les bonnes résolutions de Brazzaville, le mouvement émancipateur se poursuit. Malgré la défaite du Japon, la France ne pourra reprendre en main l’Indochine. De 1956 à 1962, elle perdra presque toute l’Afrique. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’ensemble colonial français représentait près de vingt-trois fois la superficie de la métropole et plus d’une fois et demie sa population. L’A.-O.F. et l’A.-É.F. regroupaient à elles seules douze colonies, auxquelles s’ajoutaient Madagascar et cinq autres territoires.
Ce n’est pas par hasard que de Gaulle a choisi Brazzaville pour y tenir sa conférence: à la suite de la défaite de 1940, le Tchad, l’A.-É.F. et l’Océanie se sont rangés aux côtés de la France libre. Le
28 août 1940, Sicé a soulevé le Moyen- Congo et remis les pouvoirs au colonel de Larminat. De Gaulle a débarqué à Douala en octobre, avant de confier le gouvernement de l’A.-É.F. à Félix
Eboué. Dès décembre 1940, Radio- Brazzaville est devenue une des principales antennes gaullistes. En 1943, à la suite de l’occupation totale de la métropole par les Allemands, la dissidence de l’empire tout entier est consommée. La mentalité de ses populations avait d’ailleurs évolué sous l’influence de la pression démographique et de divers autres facteurs, comme l’abandon des cultures vivrières et l’urbanisation relative, favorisant la formation d’élites indigènes. En recourant au travail forcé, Paris avait en outre excédé ses administrés d’outremer. Enfin, comme l’a dit Lyautey, ce «n’est pas impunément» qu’on a répandu «le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes». La conférence de Brazzaville, dans l’esprit de ses promoteurs, ne vise pas à liquider la notion de colonialisme; il s’agit avant tout de resserrer les rangs, puis de proposer l’assimilation comme alternative à l’indépendance.
La Conférence, qui réunit des gouverneurs et des représentants de l’Assem- blée consultative, recommande des réformes administratives, mais aussi économiques et sociales (suppression du travail forcé, développement de l’enseignement et de l’hygiène). Elle prône la création d’assemblées locales, tablant sur les colons et les «évolués», et demande que tous les peuples soient représentés au Parlement. Elle annonce, en somme, l’Union française fondée en 1946.
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