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L’attentat de Fieschi - 1835
Une occasion pour réduire les républicains au silence
Dans l’enthousiasme qui accompagne la révolution de 1830, les républicains espèrent amener le régime de Louis- Philippe à procéder aux réformes politiques et sociales auxquelles ils aspirent. Les journaux, les associations et les manifestations républicaines se multiplient. Mais ceux qui ont imposé le nouveau roi demeurent des hommes d’ordre et ne peuvent tolérer une agitation populaire grandissante. Le conflit entre ces deux courants se développe rapidement et les républicains retournent à l’opposition. Les tensions sont aggravées par la crise économique et une épidémie de choléra. La colère populaire est durement réprimée. La Société des droits de l’homme, qui réclame le suffrage universel et l’émancipation de la classe ouvrière, est dissoute. L’épreuve de force s’engage. Des émeutes éclatent à Lyon puis à Paris; le gouvernement les noie dans le sang. On ouvre le procès de 2000 républicains. C’est dans ce climat dramatique que Fieschi tente d’assassiner le roi, le 28 juillet 1835, à l’occasion d’une commémoration des journées de 1830. Il a minutieusement conçu une «machine infernale», faite de vingt-cinq canons de fusils juxtaposés, avec laquelle il mitraille le cortège royal depuis la fenêtre de son logement: 50, boulevard du Temple. Le roi et son fils sont miraculeusement épargnés, mais 18 personnes périssent, dont le maréchal Mortier; on relève 23 blessés. L’émotion est intense dans une opinion lassée des violences. Le procès éclaire la personnalité de Fieschi: il a combattu avec Murât et l’a trahi à plusieurs reprises, le livrant finalement aux ennemis qui l’ont fusillé. Emprisonné pour vol sous la Restauration, Fieschi, à sa libération, vit d’expédients. Il semble que la police l’ait utilisé pour s’infiltrer dans le parti bonapartiste après 1830. Cet aventurier paranoïaque a agi sans motivations politiques précises, mais ses complices, le droguiste Pépin et le sellier Morey, ont eu des contacts avec la Société des droits de l’homme. Tous trois sont condamnés à mort. Un autre complice, le lampiste Boireau, est condamné à vingt ans de réclusion. Le gouvernement, et tout particulièrement Thiers, utilise l’événement pour régler le sort des républicains. Convoquées d’urgence, les Chambres votent les lois de septembre 1835. Etre républicain devient un délit. Le régime de la presse est aggravé par une hausse du cautionnement. On ne peut plus attaquer le roi ni le gouvernement; les dessins politiques et le théâtre sont soumis à la censure, les Cours d’assises sont réorganisées: le jury doit voter secrètement, la majorité requise pour obtenir une condamnation est abaissée à sept voix. Dès lors, le parti républicain est réduit au silence et le régime solidement établi.
Tags : republicains, 1835, fieschi, roi, gouvernement
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