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Gabrielle d’Estrées - 1573-1599
D’un père, Antoine de Bourbon, et d’une mère, Jeanne d’Albret, qui s’adoraient, Henri IV a recueilli le goût et le culte de l’amour. Son mariage avec Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis, a été un échec que sa liaison de sept années avec la «Belle Corisande», veuve de Philibert de Gramont, n’a pu lui faire oublier. En 1589, au château de Cœuvres, «le Vert Galant» rencontre Gabrielle, fille d’Antoine d’Estrées, grand maître de l’artillerie. Issu d’une des plus illustres maisons de Picardie, le marquis d’Estrées a cinq filles et deux garçons qu’il appelle «ses péchés mortels». Gabrielle est blonde et potelée; une légère coquetterie met en valeur son teint de lait et ses yeux bleus. Henri IV aime «cette Vénus picarde aux rondeurs flamandes», qui lui résiste pendant plus d’une année et demie; elle aime en effet Bellegarde, le grand écuyer; mais elle finit par succomber, à l’époque du siège de Rouen, aux assiduités pressantes du Béarnais: les deux places tombent en même temps. Que représente la jeune fille pour le roi? Une correspondance directe et enflammée en témoigne: Henri l’appelle son «bel ange», sa «vérité», son «tout». Il lui confie: «Mon Menou, je ne vous verrai pas de dix jours, c’est pour en mourir.» Cet amour est-il réciproque? Sans doute. Mais, pour Gabrielle, le plus important est de se faire épouser; là réside le rôle politique qu’elle joue au sein même du processus de reconstruction entrepris par Henri IV et Sully. Le roi la comble de grâces, la marie d’abord à d’Amerval de Liencourt; puis ce mariage est dissous pour permettre à Gabrielle d’épouser le roi; pour elle, ce dernier érige le comté de Beaufort en duché- pairie. De son côté, Gabrielle s’attache le dévouement de certains grands; elle favorise la conversion du roi, facilite son accord avec le duc de Mayenne, puis avec le duc de Mercoeur; ce dernier donne sa fille, une des plus riches héritières du royaume, à César, l’aîné des enfants de Gabrielle et d’Henri IV. Sans avoir le titre de reine, Gabrielle en a tous les honneurs; la procédure en divorce du roi va bon train, mais Marguerite de Valois, furieuse de cette mésalliance et soutenue par le pape, résiste; d’autre part, une partie de l’opinion murmure contre Gabrielle, «la duchesse d’Ordures». Pourtant, le roi considère que celle-ci a toutes les qualités pour le rendre heureux: elle est affable, polie, douce et bienfaisante; elle est toujours présente à ses côtés. Mais le mariage florentin menace l’avenir de Gabrielle: invitée à Paris chez le riche financier Zamet, elle y meurt en 1599.
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