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    Catherine de Médicis

    « Vous avez coupé... maintenant il faut recoudre!»

     

    Celle qui devait donner trois rois à la France et la diriger dans de si tragiques circonstances voit le jour à Florence le 11   avril 1519. Très jeune, elle épouse le duc d’Orléans, le futur Henri II.

     

    Elle n’est pas une épouse heureuse: Diane de Poitiers, la favorite du roi, la relègue au second plan. La mort subite d’Henri II, en 1559, l’expose, elle et scs enfants, aux ambitions rivales des grands du royaume, divisés par les que­relles religieuses. Son fils, le chétif Fran­çois II, subit l’ascendant du puissant duc de Guise, chef du parti catholique. Catherine est fort libérale pour son temps; soucieuse des intérêts de l’Etat, elle comprend les périls qui menacent l’autorité royale et veut maintenir le trô­ne au-dessus des factions. La mort de François II lui en fournit l’occasion: nommée régente pendant la minorité de son second fils, Charles IX, elle s’effor­ce de concilier les partis aux prises.

    Ses efforts restent vains; le 1er mars 1562, le massacre de Wassy, perpétré par les catholiques, déchaîne la guerre civile et l’intervention étrangère. Pour préserver l’indépendance du roi, Cathe­rine essaie de tenir la balance égale entre les deux camps. Mais le nouveau duc de Guise, Henri, dit «le Balafré», lui arrache l’autorisation d’éliminer les chefs protestants.

    Le 24 août 1572, jour de la Saint- Barthélemy, le Balafré, outrepassant les ordres reçus, fait mettre à mort 3000 personnes, dont l’amiral de Coligny, chef du parti protestant; cc drame soulè­ve l’indignation d’une grande partie de l’Europe.

    Après la mort de Charles IX, rongé par le remords, le troisième fils de Catheri­ne, Henri III, monte sur le trône. Intelli­gent, mais léger et de mœurs douteuses, il se rend vite impopulaire et l’anarchie s’aggrave. Les catholiques forment une Sainte Ligue; elle affronte l’armée pro­testante dirigée par Henri de Navarre, cousin du roi et, par alliance, héritier du trône.Pour le duc de Guise, l’idée d’un roi huguenot est inadmissible et il préfère renverser la dynastie; mais Henri III le fait assassiner à Blois le 24 décembre 1588. C’est à ce moment particulièrement sombre que Catherine rend le dernier soupir, le 5 janvier 1589. Elle n’a jamais cessé de rechercher la paix; elle n’a pas approuvé l’assassinat de Blois, ni les proportions effrayantes qu’a prises l’ac­tion de la Saint-Barthélemy. Sa meilleu­re épitaphe est ce témoignage spontané de la sympathie populaire: «Nous n’avons plus de reine mère pour nous faire la paix!»

     


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    Montparnasse

     

     

    Un haut lieu de l’esprit 

    Prolongement du Quartier latin, le mont Parnasse doit son nom aux poètes et aux étudiants qui, au XVIIIe siècle, en fréquentaient les guinguettes et les bals champêtres. C’était un faubourg encom­bré par les déblais, provenant de l’exploi­tation de carrières.

    Annexé à Paris en 1860, à cheval sur le VIe et le XIVe arrondissement, délimi­té par les boulevards de Port-Royal, Arago, Raspail, et l’avenue du Maine, le quartier Montparnasse compte encore, au début du siècle, des vergers, des fer­mes, des vignes, de grands jardins cal­mes, propriétés de couvents, de vastes écuries pour les cochers de fiacre et la Société des voitures de Paris. C’est au milieu des champs qu’a surgi la rue de la Gaîté, dont les petits théâtres (le casino Montparnasse, la Gaîté- Montparnasse et, surtout, Bobino) sont fréquentés, dès avant 1914, par le public populaire.

    A la fin du XIXe siècle, le quartier, ré­puté pour son bon air, est habité surtout par des universitaires et des artistes; ceux-ci sont des notabilités des beaux- arts et des médaillés des Salons (Caro- lus Duran, Bouguereau, J.-P. Laurens). Une ancienne guinguette, La Closerie des Lilas, réunit des poètes (Jean Moréas, Paul Fort...), puis, vers 1906, Max Jacob, Apollinaire et, à leur sui­te, la bande des Montmartrois avec Picasso.

    A partir de 1910, la butte est définitive­ment délaissée au profit de Montparnas­se. Entre les immeubles neufs en chan­tier, de vieilles bâtisses sans confort abritent des colonies d’artistes. Les plus pauvres, et souvent ceux qui vont deve­nir les plus célèbres, logent à la «Ru­che», cité Falguière ou impasse Rons- sin. Bien que d’origines et de tendances diverses, Modigliani, Braque, Pascin, Chirico, Kisling, Bonnard, Friesz, Léger, Soutine, Derain, Mondrian, Zadkine, le douanier Rousseau, les sculpteurs Bour- delle et Brâncuçi, constituent, à Mont­parnasse, l’école de Paris, appellation générique de l’art contemporain.

    Au lendemain de l’armistice de 1918, l’époque héroïque de Montparnasse, vivier artistique, est terminée; la deuxiè­me couche des Montparnassiens est américaine: des écrivains, Gertrude Stein, Ezra Pound, Fitzgerald, Heming­way, Henry Miller; le sculpteur Calder, le photographe de génie Man Ray, s’éta­blissent dans le voisinage du carrefour Vavin dont les cafés sont mondialement connus (la Rotonde, le Dôme, le Select, la Coupole). Des boîtes de nuit s’ou- vrent; la plus fameuse est le Jockey, temple du jazz. Montparnasse est un des foyers de l’agitation des «années fol­les». Vers 1925, une partie des surréalis­tes campe rue du Château, en une sorte de phalanstère. A partir de 1930, la fête est terminée. Montparnasse redevient peu à peu un quartier banal, mais qui vit encore de sa légende.

     

     


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    Le château de Blois

     

    Joyau de la Renaissance française

    Le château de Blois est un modèle d’architecture de la Renaissance fran­çaise. Sa construction commence en 1498, sous Louis XII; le style, encore gothique, s’orne de nouveautés dues aux artistes italiens introduits en France par Charles VIII; ainsi, le corps d’entrée du château, avec sa grande porte surmon­tée d’une niche en forme d’anse de panier. Le reste, construit en brique, avec ses fenêtres à meneaux dans des chaînages de pierre, ses toits à lucarnes, conserve le style traditionnel.

    Avec François Ier commencent les grands travaux qui donneront à l’édifice sa physionomie actuelle: deux façades, l’une sur la cour, l’autre extérieure, for­ment l’aile François Ier; elles sont per­pendiculaires à la construction Louis XII. Sur la première se superposent trois étages ornés de grandes fenêtres à meneaux; celles-ci sont encadrées de pilastres sobrement décorés, couronnés par une magnifique corniche à denticu- les et à coquilles; en saillie surgit le grand escalier, chef-d’œuvre de tech­nique et de goût. On y retrouve des traits de style ancien: système de la vis tournante, noyau central décoré de pilastres, contreforts robustes accusant le plan octogonal et, surtout, baies ajou­rées formant loggia tout le long de la rampe.

    La façade extérieure, ajourée, s’élève, avec ses balcons, son promenoir continu sous les combles, ses galeries fortement échancrées; elle domine de magnifiques jardins qui, avec leurs plans d’eau, leurs terrasses et leurs fleurs, forment un décor inséparable de l’architecture. A l’intérieur, les petits appartements destinés au couple royal alternent avec les grandes pièces de réception.

     

    La célébrité des propriétaires successifs du château, comme les événements qui s’y sont déroulés, lui donnent une importance historique. Devenu rési­dence royale, Blois abrite Louis XII et sa femme Anne de Bretagne, puis Fran­çois Ier qui participe à l’attachement que sa femme Claude de France, élevée à Blois, voue au château. En 1576, puis en 1588, Henri III réunit à Blois les états généraux; c’est là qu’il fait assassi­ner ses rivaux, les deux frères Guise. En 1619, Marie de Médicis, reléguée à Blois par son fils Louis XIII, parvient, mal­gré son embonpoint, à s’échapper à l’aide d’une échelle de corde. Louis XIII donne Blois à son frère, le remuant Gaston d’Orléans, pour lui faire passer le goût des conspirations. Assagi, le prince passe au château les dernières années de sa vie et y meurt pieusement au milieu de sa petite cour. Enfin, en 1814, c’est à Blois que l’impératrice Marie-Louise tient son éphémère conseil de régence.


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    Les fusillades de Lyon

     

    Un massacre organisé

    En octobre 1793, la ville de Lyon, qui s’est révoltée, est reprise par les armées de la Convention dirigées par Dubois- Crancé. L’Assemblée y envoie alors deux représentants, Fouché et Collot d’Herbois, qui vont y faire régner la Terreur pendant plusieurs mois.

    En effet, irrités, les Conventionnels ont décidé de débaptiser la ville de Lyon et de l’appeler «Commune-Affranchie», de punir tous les révoltés afin de venger la mort du chef révolutionnaire lyonnais Chalier. Un comité chargé de la démoli­tion de la ville se réunit même sous la présidence de Collot d’Herbois et de Fouché qui ont déclaré: «Lyon a fait la guerre à. la République, Lyon n’est plus.» Pourtant, le projet est vite aban­donné.

    En revanche, Fouché et Collot d’Her­bois trouvent que la guillotine est trop lente pour exécuter les ennemis de la Révolution qui ont pourtant été con­damnés par un tribunal exceptionnel, appelé «Commission populaire». Aussi, les 4 et 5 décembre 1793, les deux repré­sentants de la Convention rassemblent 294 condamnés et suspects dans la plai­ne des Brotteaux et les font mitrailler par les soldats.

    Par la suite, d’autres fusillades ont lieu; on attache deux par deux 64 jeunes gens et on tire sur eux au canon, puis on achève les blessés à coups de sabre. Les mêmes scènes se reproduisent plusieurs fois; on sabre, on massacre des foules à coups de pic, de pioche et de hache. Ces fusillades ne cessent que le 6 février 1794. Les deux représentants de la Conven­tion, Collot d’Herbois et Fouché, futur ministre de la Police sous Napoléon, publient la déclaration suivante: «Les représentants du peuple restent impassi­bles dans l’accomplissement de la mis­sion qui leur est confiée. Le peuple leur a mis entre les mains le tonnerre de la ven­geance; ils ne le quitteront que lorsque tous ses ennemis seront foudroyés. Ils auront le courage énergique de traverser les immenses tombeaux des conspira­teurs et de marcher sur des ruines pour arriver au bonheur de la nation et à la régénération du monde.»

     

    Une autre lettre de Collot d’Herbois et de Fouché montre la dureté de la répres­sion à Lyon: «Il faut que les cadavres ensanglantés, précipités dans le Rhône, offrent sur les deux rives, à son embou­chure, sous les murailles de l’infâme Toulon, aux yeux des lâches et féroces Anglais (qui occupent Toulon), l’impres­sion de l’épouvante et l’image de la toute-puissance du peuple.»


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    Le serment du Jeu de paume

     

     

    La Révolution politique (20 juin 1789)

    Par le serment du Jeu de paume, la nation affirme sa volonté révolutionnai­re en s’engageant de façon solennelle à construire une France nouvelle. Las d’avoir en vain fait appel à leurs collè­gues du clergé et de la noblesse pour procéder en commun à la vérification des pouvoirs, les élus du tiers état s’étaient décidés à commencer leurs tra­vaux à Versailles sans les autres ordres. Le 17 juin 1789, se considérant comme les vrais représentants de la nation, ils prirent le nom d’Assemblée nationale et prouvèrent aussitôt leur autorité en légi­férant en matière de finances. Une partie du clergé vint alors rejoindre PAssem­blée. Mais le roi, inquiet de ces initiati­ves, fit fermer la salle des états, sous prétexte de préparatifs en vue de la pro­chaine «séance royale». En fait, il s’agis­sait d’empêcher le tiers de se réunir.

     

    Le 20 juin, en arrivant devant la salle, les députés trouvèrent la porte gardée par des soldats. Où aller? Ils gagnèrent un local tout proche, celui du Jeu de paume, vaste pièce éclairée par de gran­des fenêtres. Une fois réunis, Mounier leur proposa de jurer de ne pas se sépa­rer avant d’avoir donné une Constitu­tion au royaume. Monté sur une table, Bailly, qui présidait, répéta à haute voix la formule, puis tous les assistants, sauf un, électrisés, clamèrent leur adhésion, sous les applaudissements de la foule massée dans les tribunes. Le lendemain, ils allèrent s’installer dans l’église Saint- Louis, où 148 prêtres et quelques nobles vinrent grossir leurs rangs. Mais ce fut le 23 juin que le tiers montra sa volonté de tenir son serment. Prenant la parole devant l’Assemblée, Louis XVI cassa les décisions du tiers et interdit aux trois ordres de siéger en commun. Il promit pourtant quelques réformes (égalité devant l’impôt, abolition de l’impôt de la taille, des corvées, des lettres de cachet, etc.) et conclut en enjoignant aux repré­sentants de se retirer.

     

     

    Le souverain parti, le marquis de Dreux-Brézé, maître des cérémonies, rappela l’ordre royal. Aussitôt, Mira­beau lui lança la réplique devenue fameuse: «Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitte­rons nos places que par la force des baïonnettes!» Puis il demanda à l’Assemblée de se proclamer inviolable. Impressionné par cette fermeté, le roi capitula. «Eh bien, dit-il, s’ils ne veulent pas s’en aller, qu’ils restent!» Il ordonna même (27 juin) aux privilégiés des deux autres ordres de se joindre au tiers, en une Chambre unique. Le 8 juillet, celle- ci nomma un comité de Constitution et, le 9, elle prit le nom d’Assemblée consti­tuante. Cette fois, la révolution politique était accomplie, la monarchie absolue avait cessé d’exister.

     


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