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Madame Sans-Gêne - 1753-1835
Une blanchisseuse devenue maréchale
Victorien Sardou, dans une de ses pièces, surnomme «Madame Sans-Gêne» l’épouse de François-Joseph Lefebvre, duc de Dantzig. En effet, de condition modeste, elle n’abandonne pas ses manières et son langage populaires lorsqu’elle entre à la cour de Napoléon Ier. De son vrai nom Catherine Hubscher, elle est blanchisseuse à Paris quand elle épouse, en 1783, le sergent aux gardes françaises, Lefebvre, de deux ans son cadet. Lefebvre, ayant lié sa fortune à Napoléon, devient maréchal de France en 1804. Comme son épouse, il est connu pour sa simplicité — il est le fils d’un meunier —, pour son franc-parler et pour son absence de culture et d’instruction. Madame Sans-Gêne apparaît dans bien des Mémoires du XIXe siècle, notamment dans ceux de Laure Junot, duchesse d’Abrantès, et de Mme de Rémusat. La duchesse d’Abrantès écrit qu’«elle avait toujours quelque bonne gaieté bien entière, bien drue surtout, et jamais elle ne manquait la riposte». Lorsque, après la prise de Dantzig en 1807, le maréchal Lefebvre est créé duc de Dantzig, avec une dotation considérable en argent, la maréchale Lefebvre ne cache pas qu’elle apprécie surtout le côté pécuniaire de cet honneur; «elle fit cet aveu, rapporte Mme de Rémusat, au milieu du salon, au château de Saint-Cloud. Elle fit rire alors la cour par sa naïveté et, rouge de colère, s’adressa à l’impératrice Joséphine en ces termes: «Madame, je vous prie de faire taire toutes vos péronnelles!» Et Cambacérès, ministre de Napoléon, d’ajouter: «Je sais que la Maréchale n’est pas une duchesse ou une princesse parfaitement en harmonie avec sa dignité, mais elle est bonne femme.» Quoi qu’il en soit, Madame Sans-Gêne reflète l’esprit quelque peu parvenu de la Cour impériale. A la Restauration, elle se retire au château de Combault avec son mari qui mourra en 1820 et auquel elle aura donné quatorze enfants, dont douze garçons; aucun de ceux-ci, d’ailleurs, n’a survécu. Sa carrière, Madame Sans-Gêne l’a résumée elle-même par cette anecdote. Un jour, au château de Combault, la maré chale Lefebvre ouvrit une armoire dans laquelle elle avait rangé, par ordre chronologique, les costumes qu’elle et son mari avaient portés depuis 1783: «Voici, dit-elle, une galerie d’habits de conditions bien diverses. Nous avons été curieux de conserver tout cela; il n’y a pas de mal à revoir ces sortes de choses-là, de temps en temps, comme nous le faisons; c’est le moyen de ne pas les oublier.»
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