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Le congrès socialiste de Tours - 1920
De l’unité à l'éclatement
Malgré la crise de 1899, le socialisme français est parvenu à s’unir en 1905, selon le principe: «Il ne doit y avoir qu’un parti socialiste comme il n’y a qu’un prolétariat.» La charte de 1905 reflète, il est vrai, les thèses de Guesde, plus marxistes que ne l’aurait souhaité Jaurès; du moins, la Section française de l’internationale ouvrière (S.F.I.O.) regroupe-t-elle toutes les forces de progrès. Jaurès, le rassembleur, domine le socialisme français de 1905 à 1914; il se heurte pourtant à l’extrême gauche, inspirée par Gustave Hervé; Jaurès approuve certaines idées d’Hervé (anticolonialisme, pacifisme et rejet de l’alliance franco-russe), mais se refuse à cautionner les partisans de l’action violente. .Cependant, il n’a pas le temps de prendre une position précise quant aux problèmes immédiats; son assassinat, le 31 juillet 1914, désempare le parti: la majorité adhère à l’union nationale, alors que Jaurès a tout fait pour éviter la guerre. Durant celle-ci pourtant, un courant, animé par Paul Faure et Jean Longuet, gendre de Marx, aspire à une paix rapide; il devient majoritaire au congrès d’octobre 1918, tandis que s’affrontent partisans et adversaires des nationalisations. En 1919, la vieille Internationale de 1889 vole en éclats: les Italiens la quittent en mars, suivis peu après des Suisses et des Allemands. Léon Blum, Albert Thomas et Pierre Renaudel songent à la reconstituer, mais l’extrême gauche lui préfère la IIIe Internationale qui vient de naître à Moscou. Paul Faure et Jean Longuet défendent une position intermédiaire: ils souhaitent créer une Internationale nouvelle qui siégerait à Vienne. Ludovic Frossard, secrétaire général, et Marcel Cachin, directeur de L’Humanité, après un voyage à Moscou, se déclarent partisans de la IIIe Internationale; leur tendance l’emporte sur les «Reconstructeurs» de Longuet-Faure et sur le «Comité de résistance», abstentionniste, de Léon Blum. Après l’exclusion de tous ces minoritaires naît un nouveau parti, la Section française de l’internationale communiste; il compte 100000 adhérents contre 130000 à la S.F.I.O. Cet éclatement est dû aux conditions très strictes posées par Lénine pour l’adhésion à la IIIe Internationale: nécessité de la dictature du prolétariat, exclusion des réformistes, guerre civile et agitation illégales, propagande dans les campagnes, hostilité à la SDN, lutte contre l’«impérialisme colonial», noyautage des syndicats, soumission des parlementaires du parti aux décisions du comité central, adoption obligatoire des décisions de l’internationale communiste, etc. La condition 14 précise en outre: soutien sans réserve aux républiques soviétiques dans leurs luttes contre la contre-révolution.
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