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La basilique de Vézelay - 1106-1160
Vézelay offre sur sa butte, aux confins du Nivernais et de la Bourgogne, l’un des chefs-d’œuvre de l’art roman.
C’est là que sont venus se réfugier, au temps de la menace normande, des moines qui, jusqu’alors, étaient installés dans la plaine. Ce monastère commence à devenir célèbre quand, au début du XIe siècle, se répand le bruit qu’on y conserve les reliques de Marie- Madeleine. Malgré les Provençaux qui affirment les détenir à Saint-Maximin, les pèlerins se pressent à Vézelay et, avec eux, affluent les offrandes. Aussi, les moines n’hésitent pas à entreprendre la construction d’un nouveau sanctuaire digne des reliques qu’il abrite. Les travaux, commencés sans doute dès 1106, ne sont guère contrariés par un incendie, mentionné en 1120. En effet, l’autel du chœur est consacré dès 1132. Saint Bernard y prêche la seconde croisade en 1146. Le narthex et le massif occidental sont vraisemblablement terminés avant 1160.
Dans l’édifice, la nef frappe par ses formes simples, équilibrées et robustes. Son harmonie ressort autant de ses dix travées régulières, soulignées par des doubleaux nettement saillants, que des piles cruciformes à demi-colonnes, engagées également sur les quatre faces. L’élévation se limite à deux étages: il n’y a ni tribunes ni triforium entre les grandes arcades et les fenêtres hautes. L’ensemble est puissamment original, même si l’apport de Cluny — l’abbaye y était affiliée — se manifeste par des pilastres aux angles des piles et même si l’on a cru devoir imputer à des pèlerins
venus d’Espagne l’idée d’alterner dans les arcs-doubleaux, en une élégante bichromie, des claveaux roses et blancs. Comme les bas-côtés, la nef est entièrement couverte de voûtes d’arêtes.
Cette nef se termine par un chœur gothique reconstruit dans les dernières années du XIIe siècle. Bien que son élévation soit à trois étages puisqu’une galerie de circulation sépare fenêtres hautes et grandes arcades, il conclut heureusement la nef en l’éclairant plus largement.
La sculpture apparaît sur une centaine de chapiteaux; la vive imagination des artistes est tempérée par leur main très sûre. La plupart d’entre eux s’inspirent de la Bible, mais certains, à une époque où l’on s’intéresse à nouveau à l’Anti- quité, se réfèrent à la mythologie païenne. Le Christ ne figure qu’au portail occidental, mais c’est un chef-d’œuvre de sensibilité et de maîtrise. Au-dessus de saint Jean-Baptiste et des Apôtres qui occupent les pieds-droits, le Christ, les mains largement ouvertes, semble inviter à la mission, pendant qu’au linteau défilent les peuples de la terre. Deux petits portails latéraux complètent l’enseignement: celui de droite reproduit des épisodes de l’enfance du Christ, alors que celui de gauche évoque des scènes postérieures à la Résurrection.
Tags : vezelay, basilique, xiième
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