• L’assassinat du duc de Berry - 13 février 1820

    L’assassinat du duc de Berry - 13 février 1820

    Tournant décisif du régime vers la réaction

    Sous la Restauration, seul le duc de Ber­ry, fils du comte d’Artois — le futur Charles X —, peut assurer la continuité de la branche aînée des Bourbons. Il a épousé Marie-Caroline, fille du roi de Naples, qui ne lui a encore donné qu’une fille lorsque, le 13 février 1820, un fanatique le poignarde à la porte de l’Opéra. Pendant son agonie qui dure jusqu’au petit matin, il supplie le roi, accouru en hâte, d’accorder sa grâce au meurtrier. Celui-ci a été aussitôt appré­hendé; c’est un ouvrier sellier du nom de Louvel. Il a voulu éteindre la dynastie des Bourbons. En dépit des derniers souhaits de sa victime, il est condamné à mort et exécuté. Son acte a été vain: le septembre naît un fils posthume que l’on célèbre comme l’enfant du miracle. Ce dauphin, le duc de Bordeaux, ne ré­gnera jamais: on lui préférera le duc d’Orléans lorsque Charles X abdiquera en sa faveur en juillet 1830. Il n’y a aucune conspiration derrière l’assassin. Il a agi seul. Mais les ultra- royalistes profitent de ce drame imprévu pour éloigner du pouvoir Decazes, le président du Conseil, qui a su devenir le favori du roi. Ils ne lui pardonnent pas d’avoir été l’artisan de la dissolution de la Chambre introuvable en 1816. Ils s’inquiètent de sa politique qui aspire à «royaliser la nation et nationaliser la royauté», c’est-à-dire à concilier cer­tains acquis de la Révolution avec les traditions monarchiques. Ils le rendent responsable de la poussée libérale, plus sensible à chaque élection. En 1819, pour souligner les dangers qui, selon eux, menacent la dynastie, les ultras ont favorisé l’élection de Pévêque constitu­tionnel Grégoire, qui s’est autrefois associé à la condamnation de Louis XVI. Ce scandale a poussé Decazes à préparer une loi électorale plus favo­rable à la droite.

     

    Dès le 14 février, Clausel de Cousser- gues propose à la Chambre de «porter un acte d’accusation contre M. Decazes comme complice de l’assassinat du duc de Berry». Chateaubriand renchérit: «Les pieds lui ont glissé dans le sang.» Decazes propose aussitôt la nouvelle loi électorale et deux projets restreignant la liberté de la presse et la liberté indivi­duelle. Cela ne suffit pas à réduire l’ani- mosité de ses adversaires. Coalisées, la droite et la gauche font savoir qu’elles ne voteront pas ces lois, et, malgré le soutien du roi, Decazes doit se retirer. Le duc de Richelieu le remplace. L’assassinat du duc de Berry démontre que toute réconciliation entre ultraroya- listes et libéraux dans un parti centriste est illusoire. Il inaugure une période de réaction brutale qui dresse définitive­ment le pays contre les Bourbons.

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