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Jean Bodin
Né à Angers en 1530, d’abord religieux profès dans l’ordre des Carmes, Jean Bodin a fait son droit à Toulouse avant de «monter» à Paris. Peu doué pour la plaidoirie, il excelle dans l’érudition. Il est conseiller du duc d’Alençon avant d’être député aux états généraux de 1576. Il est partisan de la paix et de l’ordre dans l’Etat. Son œuvre est celle d’un historien, d’un économiste et d’un politique. Elle est en rapport avec l’époque, celle des guerres de religion qui désolent le royaume, jettent l’inquiétude dans les esprits et provoquent des interrogations sur la nature des «bons gouvernements». Estimant qu’il appartient à l’historien de poser les problèmes de méthode, Bodin publie en 1566 Methodus ad facilem historiarum cognitionem-, il exalte le rôle que peut jouer la science historique, qu’il distingue de la chronique ou 'de la simple chronologie; il préconise la réforme du droit par celle de l’histoire. Comme économiste, il répond à une des questions majeures de la seconde moitié du XVIe siècle, siècle de l’inflation qui s’accélère après 1560. Dans sa Réponse aux paradoxes de M. de Malestroit touchant le faict des monnaies et renchérissement de toutes choses, Bodin pose les principes rationnels de l’économie politique. L’essentiel de son œuvre relève de la politique. Il s’assigne comme but de sauver l’Etat dans sa nature profonde, de définir les modalités d’exercice de l’autorité, d’apporter une réponse aux revendications de tous ordres des gouvernés par rapport aux institutions, et cela non seulement pour la France mais aussi pour l’Europe. Nourri de droit romain et de principes chrétiens, juriste pénétré de la doctrine du bien public, Bodin veut sauver le principe de l’Etat et, par l’étude et la comparaison, laisser un «modèle» capable de servir dans l’avenir. Son but immédiat est de restaurer le prestige de la monarchie en démontrant sa supériorité théorique et en la ramenant sur les voies de la justice. Il s’élève contre Machiavel qui a mis pour fondement à l’Etat l’impiété et l’injustice, sources empoisonnées des erreurs contemporaines. Il affirme l’importance des principes moraux et, surtout, de la justice. Cette affirmation est fondée sur l’expérience, celle des Anciens et celle des Modernes. Bodin réfute les polémiques contemporaines en discourant sur «chacun membre de la République»: le prince, le Sénat, les officiers et magistrats des corps et des collèges; il définit la souveraineté qui fonde la République et les modalités d’exercice de l’autorité. Par un contraste courant dans les esprits du temps, Bodin est, en même temps, l’auteur d’une Démonomanie des sorcières (1582). Il meurt en 1596, ayant ramené la ville ligueuse de Laon dans l’obéissance à Henri IV.
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