• Alfred de Musset - 1810-1857

    Alfred de Musset - 1810-1857

    Enfant prodige puis poète déchu

     

    D’heureux auspices président à la nais­sance d’Alfred de Musset (1810). Sa famille est aisée, elle a le goût et la pra­tique des belles-lettres. Après une enfan­ce heureuse, Musset est un brillant élève du lycée Henri-IV. Son adolescence est tumultueuse; il tâte du droit, de la méde­cine, de la musique, du dessin, et devient un véritable dandy qui s’étourdit dans les plaisirs de la capitale. Déjà il nourrit des ambitions littéraires. A 18 ans, il est introduit dans le cénacle de Nodier et chez Victor Hugo. Les romantiques sont séduits par ce dilettante cultivé et le reconnaissent comme un des leurs. Sainte-Beuve salue «l’enfant plein de génie». Mais Musset est trop fantaisiste et trop éclectique pour demeurer dans une éco­le. Il tient avant tout à son indépendan­ce. La préface de sa première œuvre importante, Contes d’Espagne et d’Ita­lie (1830), le situe déjà en lisière du romantisme dont il raille volontiers cer­taines outrances. Son attachement aux auteurs classiques se confirme au fil des années. Ses dehors désinvoltes et son aisance cachent mal une personnalité vulnérable, excessivement sensible, à l’équilibre fragile. L’âge mûr ne lui apporte pas la sérénité; il reste toujours le même adolescent. Miroir des contra­dictions de son temps, il éprouve des tourments et des drames intimes qui font la substance de son œuvre. Musset se sent une vocation d’auteur dramatique. Sa première pièce, La Quit­tance du diable, n’est pas jouée. La Nuit vénitienne est sifflée à l’Odéon. L’auteur renonce alors à la scène et destine ses pièces à la lecture. En 1832, la mort de son père, tout en l’éprouvant, l’oblige à vivre de sa plume. Il publie Un Specta­cle dans un fauteuil. Andréa del Sarto, Les Caprices de Marianne, puis Rolla paraissent l’année suivante. Il entame alors avec George Sand une liaison ora­geuse qui se termine par une rupture lors d’un séjour à Venise. Le poète sort meurtri de l’aventure, mais son inspiration est fécondée: il donne Fantasio, On ne badine pas avec l’amour, Lorenzaccio, son chef- d’œuvre, où l’on perçoit l’écho de la ré­volution de 1830; il analyse son malaise moral dans la Confession d’un enfant du siècle. Pendant quelques années encore, sa production est abondante et variée, puis, aux environs de 1840, elle com­mence à se tarir. Conséquence d’une vie dissolue et de l’abus d’alcool, la santé du poète se délabre; sa situation financière devient précaire; le découragement l’envahit. Il exprime ses états d’âme avec une simplicité qui le porte aux sommets de l’expression poétique; il n’a peut-être jamais été plus émouvant; La Nuit de décembre révèle son inquiétant déséquilibre psychique: le compagnon mystérieux qu’il évoque n’est pas une Muse symbolique, mais le produit d’une hallucination réelle. Le succès de ses pièces, enfin jouées, lui donne un regain d’énergie; mais il est usé et s’éteint le 2 mai 1857.

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