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Zola et l’affaire Dreyfus - 1898-1902
«Il n'y a pas d'affaire Dreyfus» (Jules Méline)
Le 13 janvier 1898, Zola publie dans L’Aurore une lettre ouverte au président Félix Faure: «J’accuse.» Il y dénonce un véritable complot contre le capitaine Alfred Dreyfus. Cette prise de position vaut à Zola une double condamnation: la perte de sa Légion d’honneur et l’exil en Angleterre.
Emile Zola (1840-1902) est alors au faîte de la gloire. La série des Rougon- Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire, inaugure ses recherches littéraires à prétentions scientifiques. C’est à la fois une étude de mœurs et un pamphlet dirigé contre le pouvoir. Zola en esquisse le plan dès 1869, et le premier volume, La Fortune des Rougon, paraît en 1871. En 1877, c’est L’Assommoir, consacré à la misère physique et morale du prolétariat.
L’affaire Dreyfus remontait à 1894. La découverte d’un bordereau annonçant l’envoi de secrets militaires aux Allemands avait abouti à la condamnation du capitaine Alfred Dreyfus, en raison d’une ressemblance d’écriture; il avait été déporté à vie sur l’île du Diable. Sa famille avait mis tout en œuvre pour obtenir la révision du procès; elle s’était assuré le concours de journalistes et de divers hommes politiques. C’est alors que le commandant Picquart, chef du 2e bureau, reçoit un «petit bleu» adressé par le commandant Esterhâzy à l’attaché militaire allemand Schwartzkoppen. L’écriture était identique à celle du bordereau.
Désormais commence «l’affaire sans Dreyfus». L’accusé passe au second plan: à la gauche, anticléricale et dreyfusarde, s’oppose la droite, militariste, catholique et antisémite. Dreyfus dénonce Esterhâzy comme le coupable; Auguste Scheurer-Kestner, président du Sénat, et le député Joseph Reinach réclament la révision du procès et obtiennent l’appui de Georges Clemenceau. Le président du Conseil, Jules Méline, s’y oppose (7 décembre 1897). Esterhâzy, traduit sur sa demande en conseil de guerre, est acquitté un mois plus tard; Picquart est arrêté.
Mais l’appel de Zola est tout de même entendu; une pétition est signée par 3000 personnes, dont Anatole France et Proust. Le colonel Henry se suicide en août 1898, après avoir avoué être l’auteur de faux dirigés contre Dreyfus. Le chef d’état-major, le général Le Mouton de Boisdeffre, démissionne. Esterhâzy s’enfuit. Un nouveau conseil de guerre réaffirme la culpabilité de Dreyfus, mais réduit sa condamnation (9 septembre 1899); dix jours plus tard, un décret lui accorde une remise de peine... interdisant par là toute révision. Pourtant, en 1906, la Cour de cassation annule le jugement; Dreyfus est alors réintégré dans l’armée comme chef d’escadron.
Tags : dreyfus, zola, 1899, esterhazy, 1906
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