• Les «Arts décoratifs» de 1925

    Les «Arts décoratifs» de 1925

     

     

     

    En raison de la Première Guerre mon­diale, Paris doit attendre 1925 pour organiser une nouvelle Exposition uni­verselle après celle de 1900; on l’appelle celle des «Arts décoratifs», vu l’impor­tance qu’on y donne à l’architecture d’intérieur. Elle reflète le profond renou­vellement du goût en la matière: désor­mais, les jeunes ménages accordent au «cadre de vie» une importance mécon­nue pendant la Belle Epoque; on s’entiche de formes géométriques, de meubles clairs, de bois coloniaux rares, de panneaux de laque, de lampadaires en verre opalescent... Dans les intérieurs dominent les contrastes de couleurs: tentures orange, coussins verts et vio­lets... C’est la rupture avec le rococo 1900 et le modem style.

    L’architecture a aussi sa place dans cette Exposition; on y affirme avec har­diesse les ressources et l’avenir du béton armé. De nouveaux architectes se révè­lent au grand public: Perret, Tony Gar- nier, Mallet-Stevens et, surtout, Le Cor­busier, qui présente aux Parisiens aba­sourdis son plan de réaménagement radical de la capitale; seuls, quelques monuments glorieux seraient épargnés; la verdure et les voies de circulation occuperaient 95% de la surface du sol; des gratte-ciel en forme de croix et à façades de verre, les 5% restants: «Pari­siens, déclare-t-il, vous serez dans les arbres... D’immenses espaces ver­doyants seront autour de vous... A tra­vers la résille charmante des feuillages, vous apercevrez dans le ciel, à de très grandes distances les unes des autres, des masses de cristal gigantesques, plus hautes que n’importe quel édifice du monde...»

    L’Exposition est installée dans des pavil­lons lumineux et bariolés, dressés le long de la Seine ou sur des péniches restées célèbres, comme «Amour, délice et orgue», décorées de tentures imprimées par le peintre Raoul Dufy et le couturier Paul Poiret; de curieuses boutiques, au style dernier cri, animent le pont Alexandre-III; sur la tour Eiffel, des let­tres gigantesques, formées par 280000 lampes de toutes couleurs, inscrivent le nom CITROËN. On peut voir là divers symboles: continuité avec les exposi­tions d’avant-guerre, toute-puissance de la «fée Electricité», importance nouvelle de la publicité, dynamisme de l’industrie automobile. «Arts décos» reçoit 16 millions de visiteurs; mais ses innovations ne plai­sent pas à tout le monde: elles choquent les bourgeois conformistes, déconcertés par ce «capharnaüm aux couleurs criar­des», ce «tohu-bohu de styles dispara­tes». «Arts décos» annonce aussi le dé­clin des expositions universelles: seules la suivront celle de 1931, au bois de Vincennes, et celle de 1937, peu avant la guerre.

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