• La duchesse d'Aiguillon

    Tiré du Livre des femmes : Les dames françaises, écrit en 1870

    La duchesse d'Aiguillon

    Le cardinal de Richelieu, aussitôt qu'il fut arrivé au pouvoir par le crédit qu'il avait su s'ouvrir et par la faveur de la reine Marie de Médicis, s'occupa de placer à la cour plusieurs membres de sa famille. Sa soeur Françoise Du Plessis fut d'abord appelée par lui et installée au Louvre.

    A la mort de Françoise Du Plessis, le cardinal produisit dans le grand monde sa nièce Marie-Madeleine de Vignerod, et obtint pour elle la place de dame d'atours de Marie de Médicis. En 1620, Madeleine de Vignerod épousa un riche seigneur nommé du Roure de Combalet. Veuve trois ans après, elle sut conserver son emploi à la cour. Cependant elle eut beaucoup à souffrir pendant la lutte qui advint entre la reine et le cardinal.

    Les liens de la famille et aussi la reconnaissance l'attachaient fortement à son oncle; mais, d'un autre côté, la reine avait été très-bonne pour elle; sa position devint donc très-difficile. Marie de Médicis voulut la faire enlever; mais Louis XIII la prit sous sa protection, et son oncle voulut la remarier d'abord au comte de Soissons, puis à un proche parent du cardinal de Lorraine; mais aucun de ces deux projets ne réussit. Le cardinal acheta en 1638, pour Mme de Combalet, le duché d'Aiguillon, et la combla de bienfaits. Après la mort de son oncle et tout-puissant protecteur, la duchesse d' Aiguillon, qui ne trouvait probablement plus dans le monde de la cour ce qu'elle avait rêvé, s'abandonna toute à la dévotion.

    Elle avait été, comme son oncle, très diplomate, et sa conduite envers Marie de Médicis ne fut pas toujours sans reproches : aussi dut-elle éprouver des remords lorsqu'elle apprit que cette malheureuse reine, après avoir vécu à Cologne dans la maison hospitalière de Rubens, était morte à Bruxelles, au sein du déntîment le plus complet. Ce qui est certain, c'est qu'en perdant l'appui de son oncle la duchesse d'Aiguillon ne conserva plus la moindre influence. Elle se plaça sous la direction de Vincent de Paul, qui avait déjà fondé son célèbre institut, et prêta son concours à cet apôtre sincère de la charité chrétienne; elle employa son immense fortune à doter plusieurs hôpitaux, où elle introduisit de grandes améliorations pour les soins des malades. Elle fit racheter à ses frais les captifs chrétiens devenus esclaves des pirates d'Alger. 

    Elle fonda l'Hôtel-Dieu de Québec, au Canada, déployant partout une immense activité et une générosité secondée par sa fortune princière. La duchesse d'Aiguillon mourut en 1675, laissant après elle, disent les mémoires du temps, une haute idée de son esprit et de ses vertus. Fléchier prononça son oraison funèbre.

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