• Fouché

     Un visage maigre, des lèvres minces, des paupières ourlées de rouge laissant fil­trer un regard froid, tel apparaissait à ses contemporains cet homme redou­table et redouté. Né au Pellerin, près de Nantes, le 29 mai 1759, cet ancien élève des oratoriens serait sans doute resté professeur dans son collège si la Révolu­tion n’avait éclaté. Elu député à la Con­vention, il vote la mort du roi «pour obéir aux vœux de mes électeurs», dira- t-il plus tard. Envoyé en mission en pro­vince, il signe des arrêtés violemment ré­volutionnaires et déclare la guerre au catholicisme; à Moulins, il fait brûler les objets du culte; à Lyon, avec Collot d'Herbois, il substitue le canon à la trop lente guillotine. Cependant, rappelé à Paris par Robespierre, il craint pour sa vie et participe au complot qui aboutit au 9-Thermidor.

     Mal vu de la Convention thermidorien­ne en dépit de ce retournement, il doit se cacher avec sa famille (août 1794). Bar­ras le fait rentrer en grâce; il va alors représenter la République à l'étranger, puis, en juillet 1799, est nommé ministre de la Police du Directoire. A cette date, l'étoile montante étant Bonaparte, l’ex- terroriste abandonne son protecteur pour aider de son mieux au coup d’Etat de Brumaire. En récompense, il retrouve son poste à la tête de la police et sait montrer sa compétence, après l'explosion de la machine infernale de la rue Saint-Nicaise (24 décembre 1800), en découvrant les auteurs de l’attentat, des royalistes. Fouché pousse alors l’art policier au plus haut degré de perfection avec son système de fiches et ses indicateurs. Inquiet de cette puissance, Bona­parte supprime le ministère (15 septem­bre 1802), mais Fouché reçoit la riche sénatorerie d'Aix.

     L'Empire proclamé. Napoléon lui rend pourtant ses anciennes fonctions. Le ministre est fait duc d’Otrante (1809), mais il complote avec Talleyrand et sur­tout, inquiet de la politique de conquête, il a l’audace d’entamer des pourparlers avec Londres par l'intermédiaire du banquier Ouvrard. Napoléon l’apprend et met à pied l'impudent personnage (juin 1810). Rentré en grâce en 1813, il est nommé gouverneur des Provinces illyriennes. Revenu à Paris à la chute de l’Empire, il échappe à la police du roi et retrouve pendant les Cent-Jours son ancien portefeuille. Mais il comprend vite que l’affaire tournera mal et il mène un double jeu qui lui permet, après Waterloo, de se faire imposer comme ministre à Louis XVIII (juillet 1815). Devenu veuf, il épouse une jeune fille de vieille noblesse provençale, Mlle de Castellane-Majastre, de vingt ans sa cadette: c’est l’apothéose. Mais les ultras qui le haïssent travaillent à sa per­te. Envoyé à Dresde pour y représenter le roi, le duc d'Otrante est ensuite exilé comme régicide (1816). Il meurt à Tries- te le 26 décembre 1820.

     

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