-
Marcel Cachin - 1869-1958
En 1891, Marcel Cachin, professeur de philosophie à Bordeaux, adhère au parti ouvrier français de Jules Guesde; il collabore aux journaux La Question et Le Socialiste de la Gironde. Pourtant, les milieux conservateurs et même monarchistes le font entrer au Conseil municipal de sa ville. En 1904, il abandonne son siège pour se faire déléguer au congrès socialiste international d'Amsterdam, qui décide l’unification de la gauche française. A cet effet, l’année suivante, il participe au congrès d’unité socialiste de Paris et figure parmi les fondateurs de la S.F.I.O. Celle-ci le nomme responsable de la propagande; à ce poste, il met à profit ses dons d'orateur et Son habileté manœuvrière. En 1914, il est élu député de Paris. Bien que farouchement antimilitariste, il finit, comme la plupart des guesdistes, par voter les crédits militaires et l’entrée en guerre, puis par adhérer à l’Union nationale. En 1916, à Milan, il rencontre Mussolini en vue d’inciter l'Italie à participer au conflit; en 1917, mandaté par la commission des Affaires étrangères, il va agir de même en URSS, cette fois pour retenir aux côtés des Alliés les bolcheviks qu’il accuse de faire le jeu de l’Allemagne. Mais, au congrès de Tours de 1920, il n’en soutient pas moins la IIIe Internationale. Dans le même temps, sa carrière politique se poursuit: président, depuis 1913, des Jeunesses socialistes, malgré les réticences de Jaurès, il devient directeur de L’Humanité en 1918 et conserve ce poste jusqu’à sa mort. Réélu député en 1919, 1924 et 1928, il est battu en 1932 par Louis Sellier, un ancien camarade de parti; mais en 1936. grâce au Front populaire, il est le premier communiste à entrer au Sénat. Membre de l’Assemblée consultative en 1944-1945, député aux deux Constituantes en 1945- 1946, il est élu à l’Assemblée nationale en 1946; il y reste, comme député de la Seine, jusqu’à sa mort, sans en obtenir, pourtant, la présidence. Il se voit décoré, enfin, de l’ordre de Lénine.
Dans les années vingt, Cachin s’est montré un des militants les plus fidèles à Moscou; en 1923, il a même été poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Ayant soutenu l’entrée en guerre en contrairement à beaucoup de membres du P.C.F., il est déchu de ses fonctions puis arrêté par les Allemands en 1941 ; mais, peu après, il est libéré, ce qui amène certains de ses camarades, comme Jacques Duclos, à semer le doute sur son attitude. A la fin du conflit cependant, Cachin retrouve son poste et toutes ses prérogatives. Au cours de sa longue vie, Marcel Cachin aura donc souvent cultivé le paradoxe: lorsqu’il proclame, en 1944, que les communistes sont «les fils les plus directs de la grande Révolution française», songe-t-il que celle-ci fut avant tout l’œuvre de la bourgeoisie?
-
Commentaires
Bonjour. L'indication selon laquelle c'est en 1916 que le vieux renard aurait rencontré Mussolini à Milan, est inexacte, comme permet de s'en douter l'indication selon laquelle il attendait de l'intéressé qu'il incite l'Italie à participer au conflit : c'était dès le 23 mai 1915 que l'Italie avait declaré la guerre à son ex-alliée au sein de la Triple Alliance, l'Autriche-Hongrie. Pour cette même raison de date je crois peu à l'image assez répandue, par facilité de langage, d'un Cachin ayant aidé l'Homme de la Providence à "fonder" le Popolo d'Italia... En effet le premier numéro du journal était paru dès le 15 novembre 1914 et ce grâce à Jules Guesde, autre socialiste rallié à l'Union Sacrée et qui avait la haute main sur les fonds secrets ; le bras armé de celui-ci fut clairement son Chef de Cabinet, Charles Dumas -et non Cachin. Cela dit on veut bien croire que le vieux renard, le jour de la mémorable visite, n'était pas venu tout à fait les mains vides.
PS. je viens d'afficher sur le site www.academia.edu, et sous le titre "La propagande de guerre", un article écrit par Cachin pour le 'Petit Parisien' à la veille des accords secrets de Londres (du 26 avril 1915) qui décidèrent de l'entrée en guerre italienne
(suite) j'ai vérifié, p. 746, dans les Carnets publiés de Cachin. C'est le 19 avril 1915 qu'eut lieu l'entretien, qui tient en un seul mot, au milieu d'une ligne :
Milan. Mme Turati. Mussolini. Le Duomo, Le Mariage de la Vierge.
Bref, pour le dire autrement : Marcel Cachin a vu la Vierge !