La science au service de l’homme
L'homme auquel doivent tant la biologie et la médecine modernes est né d’une modeste famille de Dole, dans le Jura, en 1822. A 26 ans, il soutient une thèse remarquée qui démontre les rapports de la composition moléculaire avec la réfraction de la lumière, et qui établit les bases de la stéréochimie. Nommé à Lille en 1854, il étudie le phénomène de la fermentation et en établit l’origine à l’aide d’expériences aussi ingénieuses que rigoureuses; il détruit ainsi le mythe de la génération spontanée, hypothèse couramment admise. Mais Pasteur veut mettre ses découvertes au service du bien public. En 1862, étudiant la fermentation acétique, il établit qu’elle est due à un champignon microscopique, le Mycoderma acetv, du même coup, il
invente le procédé permettant de conserver les corps fermentescibles: la pasteurisation.
Il est alors nommé administrateur de l’Ecole normale supérieure; c’est dans le grenier-laboratoire de cette école, à l'aide d’un matériel dérisoire, qu’il fera ses trouvailles décisives. Il aborde la pathologie animale en étudiant la pébri- ne, maladie du ver à soie ravageant alors la sériciculture française; à l’aide d'un procédé original, le «grainage cellulaire», il démontre que la pébrine est héréditaire et contagieuse, et donne le moyen de la vaincre. Une autre maladie du ver à soie, la flacherie, lui permet de démontrer l’importance du terrain dans la prolifération des parasites. Les années 1870 à 1886 sont les plus fécondes de sa carrière; il découvre l’origine microbienne de la maladie charbonneuse du mouton; passant à la pathologie humaine, il isole le staphylocoque, agent du furoncle et de l’ostéomyélite, et le streptocoque, agent de l’infection puerpérale. Reçu à l’Académie de médecine (sans être médecin!), il doit lutter contre l’incompréhension de ses collègues. Abordant de plain-pied la pathologie humaine, il met au point, grâce à son étude du choléra des poules, la vaccination préventive. Il se heurte à d'innombrables difficultés pour mettre au point le vaccin contre la rage; y étant parvenu, il ose l’appliquer à l'homme pour sauver un jeune garçon mordu par un chien enragé. L’enfant est sauvé. Cette réussite consacre sa gloire; en 1888, il est placé à la tête de l’institut Pasteur. Ce grand savant, aussi modeste que brillant, est un des enfants les plus illustres de la France; ses découvertes ont tant apporté au monde qu’on peut parler d'une ère «avant» et «après» Pasteur