• Le rappel du parlement - 1774

    Le rappel du parlement - 1774

    La première erreur de Louis XVI

    La grande réforme judiciaire du chance­lier Maupeou le 23 février 1771 a sup­primé la vénalité des charges parlemen­taires et le droit de faire des remontran­ces avant l’enregistrement des édits royaux. Les parlements, à Paris et dans les provinces, ont été remplacés par des conseils supérieurs dont les membres sont nommés et payés par l’Etat. Les anciens magistrats récalcitrants ont été éloignés par lettres de cachet. A son avènement, le 11 mai 1774, Louis XVI trouve donc réglée la mauvaise affaire de l’opposition parlementaire qui, à par­tir de 1750, a empoisonné le règne de son grand-père. Mais, aux côtés du jeune souverain, lui soufflant sa condui­te, se trouve le mentor qu’il s’est lui- même choisi, le, vieux comte de Maure- pas. Par ses origines et ses amitiés, Maurepas tient à la caste parlementaire, entêtée dans ses privilèges. Avec lui, les princes et toute la cour souhaitent le retour des anciens parlements; le peuple également, car les parlementaires qui ont eu l’audace de tenir tête au roi repré­sentent, à ses yeux, le seul corps de l’Etat capable de contrebalancer le pou­voir absolu.

    Le lent travail de sape de Maurepas consiste d’abord à se débarrasser du chancelier Maupeou encore en place. C’est chose faite dès le 24 août et l’on peut supposer que la réforme du ministre tombera avec son auteur. Mais Louis XVI hésite: s’il a détesté Mau­peou, il apprécie la souplesse des con­seillers installés par l’ex-chancelier; dé­vot. il en veut aux parlements ennemis des jésuites. Mais il est soumis à l’influence des princes, au poids de l’opi­nion publique, au harcèlement des ministres qui le chambrent en comités secrets. Maurepas est soutenu par Miro- mesnil et par Sartine. Turgot, tout occu­pé par sa réforme sur la circulation des grains, laisse faire. Vers la mi-octobre, les fortes têtes parlementaires qui ont senti le vent tourner reviennent à Paris. Le 9 novembre, Louis XVI, pour répon­dre, pense-t-il, au vœu général et parce qu'il «veut être aimé», accepte le rappel des parlements. Une ordonnance, mise au point par Malesherbes, les rétablit, tout en gardant en réserve le Grand Conseil qui pourrait s’y substituer en cas de nouvelle crise.

     

    Le 12 novembre, le roi, entouré de ses frères et des princes, Orléans, Conti, Condé, tient un lit de justice en la Grand-Chambre du Palais de Justice; il rend les anciens parlementaires «à des fonctions qu’ils n’auraient jamais dû quitter». Le même jour, la Cour des aides est réinstallée. La capitale est en liesse. Dès le mois de décembre, le parle­ment a retrouvé son meneur, le prince de Conti; dès janvier, il adresse au roi des revendications qu’il appelle des «re­présentations». «Le parlement, écrit un contemporain, veut être le roi vis-à-vis de la nation, et la nation vis-à-vis du roi.» Louis XVI s’est laissé prendre au piège.

    « L’affaire du Collier de la reineLéon Gambetta - 1838/1882 »

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  • Commentaires

    1
    Morin
    Lundi 1er Janvier à 11:40

    Funeste erreur en effet que la faiblesse de Louis XVI ne fera qu’aggraver les années suivantes 

     

    Il était plein de bonnes volontés, mais pas fait pour être Roi de France et son refus de quelques actes de fermeté, voire d’autorité, a coûté très cher à son pays, et continue même aujourd’hui à beaucoup des maux qui nous accablent 

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