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Le port de Saint-Malo
Située sur la côte nord de la Bretagne, non loin du Mont-Saint-Michel et de la presqu’île du Cotentin, projetée dans la mer, Saint-Malo est un rocher, une forteresse, un port aux activités multiples et à l’histoire prestigieuse. Un rocher: fondée au moment des invasions normandes par les transfuges d’Aleth (aujourd’hui Saint-Servan), dotée d’un évêché, la ville n’est rattachée à la terre que par un lien mince, le «sillon», alors recouvert par la mer à chaque marée. Une forteresse: dès le XIIe siècle, elle est entourée de remparts agrandis et modifiés jusqu’au XVIIIe siècle. La reine Anne de Bretagne y construit la tour Quiquengrogne, à l’angle du château. Ce dernier est doté, en 1395, d’un petit donjon et, en 1424, d’un grand donjon qui domine l’ensemble. Ces fortifications symbolisent l’esprit d’indépendance des habitants. «Ni Français ni Breton, Malouin suis.» En 1689, Vauban construit le fort Royal (appelé National depuis la Révolution). Un port: aux fonctions multiples, dont la pêche à la morue, d’abord faite à bord de grandes goélettes que remplacent d’énormes chalutiers congélateurs. Saint-Malo est aussi la cité des corsaires. Avec Jacques Cartier qui, ayant découvert les rives du Saint-Laurent, prend possession du Canada, on peut citer Duguay-Trouin (1673-1736) et Surcouf (1773-1827). Ceux-ci, ayant reçu des «lettres de course» leur ;vitant d’être traités en pirates, attaquent les navires ennemis, anglais et hollandais. La prise de Rio de Janeiro (1711), malgré la perte du Magnanime, de VAigle et du Fidèle, rapporte gloire et profit à Duguay-Trouin devenu chef d’escadre. Saint-Malo est enfin une pépinière spirituelle; au XVIIIe siècle, c’est elle qui aurait donné à la France, en proportion de sa grandeur, le plus de grands hommes: Maupertuis, La Mettrie, La Men- nais et, surtout, Chateaubriand qui, né près de la tour Quiquengrogne, va finir ses jours dans la solitude de l’île du Grand-Bé, qu’on ne peut gagner qu’à marée basse, et où il repose aujourd’hui sous une simple dalle sans nom, surmontée d’une croix de granite. Dévastée au cours de la dernière guerre mondiale, reconstruite avec sollicitude, Saint-Malo, qui possède quatre bassins à flot et un avant-port, forme aujourd’hui, avec Saint-Servan, Paramé et Rothéneuf, un actif complexe touristique, bardé d’histoire et de souvenirs.
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