• Le cardinal de Retz

     

    Le cardinal de Retz

    Un prélat manqué

    On oublie aujourd’hui le physique in­grat de ce petit homme noiraud, myo­pe, à la figure large et courte, lorsqu’on lit les éblouissantes pages de ses Mémoi­res. Fils de Philippe-Emmanuel de Gon- di, général des galères, Jean-François- Paul de Gondi, né au château de Mont- mirail le 20 septembre 1613, se voit con­traint d’embrasser la carrière ecclésias­tique dès l’âge de 10 ans, à la mort de son frère, de qui il hérite les abbayes. Par la même occasion, il est destiné à succéder à son oncle, l’archevêque de Paris. Après des études au collège de Clermont, puis à la Sorbonne, il est licencié en théologie. En dépit de son état — il est pourvu d’un canonicat à Notre-Dame —, il mène une existence facile, encombrée de duels et de galante­ries. Il reconnaît lui-même qu’il a P«âme la moins ecclésiastique de l’univers». Vers 1632, il écrit son premier ouvrage, La Conjuration du comte Jean-Louis de Fiesque. Il rêve de devenir un grand politique. Resté en dehors du pouvoir, il n’a pu donner la mesure de l’homme d’Etat que ses Mémoires révèlent. Il tourna son «ardeur remuante» (Talle- mant des Réaux) vers les luttes de par­tis. 11 apparaît surtout remarquablement doué pour l’intrigue, il complote contre Richelieu.

    A la mort de Louis XIII, Anne d’Autriche accepte néanmoins de le nommer coadjuteur de l’archevêque de Paris. Le jeune prélat se fait apprécier des foules grâce à ses aumônes et à son talent de prédicateur. Cette popularité l’incite à participer à la Fronde. Au dé­part, il veut jouer un rôle de médiateur. Il réussit à se faire nommer cardinal (il prend alors le nom de cardinal de Retz) et obtient le départ de Mazarin, mais son agitation, ses volte-face continuelles finissent par indisposer tout le monde. En 1652, le cardinal est arrêté, transféré à Vincennes, puis à Nantes, et obligé par Mazarin de renoncer à l’archevêché de Paris, devenu vacant. S’étant évadé, il se réfugie à Madrid, puis à Rome, erre ensuite aux Pays-Bas, se brouille avec le pape Alexandre VII, qu’il a contribué à élire, mais continue à s’occuper des affaires de «son» archevêché de Paris, dont il se considère toujours comme le titulaire.

    A la mort de Mazarin, Retz est autorisé à rentrer en France, à condition de renoncer à son évêché, mais il reçoit, en compensation, de gros bénéfices. Vivant à Commercy ou à Saint-Mihiel, il sera cependant chargé d’une mission à Rome en 1665, avant de jouer un rôle détermi­nant lors de divers conclaves. Dans ses dernières années, tout en rédigeant ses Mémoires, publiés en 1717, qui révèlent en lui un des grands écrivains français, Retz jouera à la perfection un dernier rôle, celui d’un homme renonçant au monde, jusqu’à sa mort, survenue à Paris le 24 août 1679. Avec lui disparaît un pur produit de l’âge féodal.

     

     

    « Le royaume d’EtrurieLe département du Léman »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :