-
Le 13 Vendémiaire - 05/10/1795
Les Conventionnels s’inquiètent: conscients de leur impopularité grandissante, ils redoutent un coup de force royaliste. Sur le point de se séparer pour laisser la place au Directoire, l’Assemblée vient de décréter que les deux tiers des futurs membres du Corps législatif seraient obligatoirement choisis parmi les députés sortants, ruinant ainsi les espoirs de la droite. Les opposants, qui comptent dans leurs rangs les gardes nationaux d’un grand nombre de sections modérées — 32 sur 48 —, se sont donc préparés à l’attaque. Les rues de Paris sont couvertes de placards menaçants et les tambours battent le rappel. L’insurrection va éclater. Devant le danger, la Convention a fait sortir de prison d’anciens sans-culottes, tape-dur ou lécheurs de guillotine, qui vont renforcer les troupes fidèles. Mais Barras, nouvellement nommé commandant en chef de la force armée de Paris à la place de Menou, destitué pour sa mollesse, se sent de médiocres dons de stratège. Qui donc l’aidera à sauver la légalité? L’idée lui vient d’appeler à son aide un jeune artilleur qu’il a vu à l’œuvre deux ans plus tôt au siège de Toulon et qui semble teinté de jacobinisme: le 12 vendémiaire an IV (4 octobre 1795), le général Bonaparte reçoit la mission d’écraser dans l’œuf la rébellion. Sans perdre un instant, il envoie le chef d’escadron Joachim Murât au camp des Sablons, près de Chaillot, avec ordre de s’emparer des pièces d’artillerie, en grand danger d’être saisies par l’adversaire, et de les amener aux Tuileries. Le lendemain à l’aube, les canons sont dressés en batterie autour du château. Quelques heures plus tard, les insurgés attaquent à la fois sur les deux rives de la Seine. Le général Carteaux, posté au bas du Louvre, a reçu l’ordre d’arrêter une colonne, tandis que Bonaparte, rue Saint-Honoré, va mitrailler les royalistes massés sur les marches de l’église Saint- Roch. Aux Tuileries, les députés entendent les coups de feu et n’en mènent pas large. Pourtant, ils courent peu de risques et Bonaparte n’a pas grand-peine à balayer les assaillants. Mal dirigés par le général Danican, les rebelles se replient: il n’y a plus qu’à nettoyer les rues des quartiers. La Convention est sauvée! Elle se montrera généreuse dans sa répression, car elle redoute presque plus ses défenseurs sans-culottes que ses adversaires réactionnaires. Paris manifeste peu d’émotion et, le soir, les salles de théâtre sont pleines. Quant à Barras, il va, le 17 vendémiaire, présenter à PAssemblée les officiers qui l’ont aidé à triompher: «Bonaparte, annonce-t-il, a foudroyé l’hydre royaliste.»
Le futur directeur ne soupçonne guère la façon dont il se fera jouer, quelques années plus tard, par le petit Corse dont il est en train de faire la fortune.
Tags : 13 vendemiaire, royaliste, bonaparte, grand, sans
-
Commentaires